19 avril 2024
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Réforme des retraites : les syndicats prêts à « mettre la France à l’arrêt »

Grève contre la réforme des retraites

Pour « mettre la France à l’arrêt » le 7 mars, objectif de la grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites, l’intersyndicale compte sur des mouvements de grèves massives et même reconductibles de nombreux secteurs.

Face à un gouvernement autiste, les syndicats  français restent déterminés à le faire plier. L’intersyndicale promet un mouvement « massif, inédit et inoubliable ». Alors que le projet de réforme des retraites continue à être débattu au Sénat, la CGT entend faire du 7 mars une véritable journée morte. Une manière de durcir le ton face à un exécutif qui fait la sourde oreille. La CGT et Solidaires ont déjà appelé à des grèves reconductibles se basant sur l’impopularité croissante du texte parmi la population. Selon un sondage réalisé au début du mois, 72 % des Français sont opposés au projet de loi, contre 66% en janvier.

Dans le secteur des transports, la circulation des trains en France sera « très fortement perturbée » mardi, pour les TGV comme pour les TER, et « très perturbée » dans le métro et le RER en Ile-de-France, à l’occasion de la sixième journée de grève nationale contre le projet de réforme des retraites, selon la SNCF et la RATP. Du côté du Thalys, « le trafic sera perturbé et tous les clients ont été prévenus », a indiqué samedi soir une porte-parole.

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols le mardi et le mercredi, de 20% à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30% à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse.

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Les routiers comptent aussi de se joindre au mouvement, certains syndicats comme Force Ouvrière-UNCP appelant à une mobilisation dès dimanche soir, avec des blocages de plateformes logistiques, de zones industrielles et des opérations-escargots autour des grandes métropoles dès lundi matin. « Il y aura des actions sur les ronds-points, sur les autoroutes et routes. Mais le but n’est pas de bloquer les véhicules du Français lambda, mais de bloquer les stocks, explique à RFI Patrice Clos, de la Fédération nationale des transports et de la logistique – Force Ouvrière. Si vous bloquez les camions, vous bloquez l’économie. »

Coupures ciblées, raffineries bloquées

La CGT a également appelé à la grève reconductible dans les raffineries, avec pour objectif de « bloquer l’ensemble de l’économie », au niveau de la production, de la distribution et de l’importation de carburant, selon la CGT-Chimie. Autre maillon, les avitailleurs ou « pompistes du ciel », chargés d’approvisionner les avions, sont également appelés à la grève dans les aéroports de la France entière. Toute la branche pétrole et chimie est appelée à faire grève, y compris dans le secteur pharmaceutique.

Dans ce secteur de l’énergie, le mouvement a démarré dès vendredi après-midi à l’appel de la CGT. Dimanche, en début d’après-midi, les réductions de production atteignaient près de 5 000 mégawatts, soit l’équivalent de cinq réacteurs nucléaires. Le mouvement « a vocation à s’étendre […] a minima jusqu’au 7 et a maxima jusqu’à la gagne », avait averti samedi Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la CGT Énergie. Il a promis « une semaine noire dans l’énergie », avec coupures ciblées, blocages, occupations, et toujours « des opérations Robin des Bois » à destination de la population (comme la coupure des radars routiers).

Dans l’industrie, l’appel à la grève dans l’ensemble de la métallurgie et notamment chez les géants du secteur : aéronautique, automobile et sidérurgie sont toutes concernées par une grève que le syndicat de branche espère voir reconduite. Les syndicats CGT de Thales, Valeo, Stellantis, ArcelorMittal, Forvia, Airbus, Safran et Renault ont notamment appelé à se mobiliser. Les différentes industries de la métallurgie emploient quelque 1,5 million de salariés. Dans le secteur de l’agroalimentaire, la CGT appelle les grands sucriers français à se mettre à l’arrêt à partir de mardi.

Blocages attendus dans les lycées et facultés

Pour ce qui est de l’éducation, le Snuipp-FSU, premier syndicat du premier degré, ne donnera pas ses prévisions de grévistes pour les écoles maternelles et élémentaires avant lundi. À l’inverse, pas de chiffres attendus pour les collèges-lycées, les enseignants du second degré n’étant pas tenus de se déclarer grévistes 48 heures avant. Toutefois, les perturbations dans l’ensemble des établissements s’annoncent fortes. Les sept principaux syndicats enseignants ont en effet appelé à « fermer totalement les écoles, collèges, lycées et services » le 7 mars.

Des blocages sporadiques par des lycéens sont également attendus. Idem dans les facs, où la mobilisation peine à décoller. Les organisations étudiantes et lycéennes ont appelé à « durcir le mouvement » contre la réforme avec une journée de mobilisation de la jeunesse le 9 mars.

Ces blocages et grèves arrivent après des mois et de travail de propositions des syndicats qui ne se sentent pas écouter par le gouvernement d’Elisabeth Borne. « On a fait énormément de propositions, aucune n’a été écoutée par le gouvernement et de toute manière tant que le gouvernement n’entendra pas, affirme Patricia Drevon, secrétaire confédérale Force ouvrière. Donc aujourd’hui, on durcit le mouvement, on monte clairement d’un cran […] parce qu’il semble que le gouvernement, il n’y a que ça qu’il va finir par comprendre. »

« Puisqu’ils restent sourds et aveugles à 2 millions de personnes dans la rue à un moment donné, il faut passer à autre chose, rajoute le syndicaliste Patrice Clos. Parce que le 26 mars, ce sera trop tard comme la réforme sera définitivement adoptée. »

Passe d’armes médiatique entre Philippe Martinez (CGT) et le ministre du Travail

« On passe à la vitesse supérieure », annonce le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez dans le Journal du Dimanche, et il n’est pas question de laisser tomber après cinq journées de mobilisation et plusieurs millions de manifestants. Philippe Martinez explique que non seulement il n’y a pas d’ouverture du côté du gouvernement, mais que sa position devient beaucoup plus musclée. Pour le ministre du Travail, bien au contraire, le texte a déjà évolué et le gouvernement et à l’écoute des inquiétudes.

Au Sénat, où le texte est débattu ces jours-ci, c’est la situation des femmes et en particulier des mères de famille qui devrait faire l’objet d’améliorations, poursuit-il dans le Parisien. Olivier Dussopt dit aussi réfléchir à d’autres mesures pour l’emploi des seniors.  Ce à quoi Philippe Martinez répond qu’il attend le retrait de cette réforme. « Les ministres vont devenir champions d’aviron tellement ils rament », ajoute-t-il en évoquant notamment l’imbroglio autour des 1 200 euros de minimum retraite. « Il y a une forme d’amateurisme et de dissimulation ». « La balle, conclut-il, est désormais dans le camp du président Emmanuel Macron, une loi même votée n’est pas forcément appliquée. ». Avec RFI

 

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