29 mars 2024
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Réformes des retraites en France : manifestations et répression

Manifestations en France.

En France, la colère contre la réforme des retraites ne retombe pas. Ce samedi après-midi 18 mars, de nouveaux rassemblements ont eu lieu à Paris et dans plusieurs grandes villes du pays. La mobilisation était au rendez-vous malgré la répression dans certaines villes..

La rue française s’embrase contre le gouvernement qui entend faire passer la loi de réforme de la retraite. Partout rassemblements et manifestations ont été organisés contre ce projet de loi.

Dans la capitale, un rassemblement a débuté Place d’Italie à partir de 18 heures. Les rangs du cortège s’étaient considérablement grossis depuis le départ. Il a été stoppé net par les forces de l’ordre qui sont arrivées en grand nombre, rapporte l’envoyée spéciale de Rfi. Des poubelles ont été incendiées, il y a eu un peu de casse aussi dans le mobilier urbain. Les rassemblements place de la Concorde, ainsi que sur les Champs-Élysées, avaient été interdits par la préfecture de police de Paris.

Partout en France, des rassemblements ont eu lieu dans les grandes villes et dans les villes moyennes. Il y a eu des gestes symboliques, à l’image du Mans. Entre 1 800 et 5 000 manifestants ont jeté des rouleaux de papier toilette sur la préfecture.  À Besançon, dans l’est de la France, un grand feu a été allumé avec un but : brûler sa carte électorale.

Manifestations contre la réforme des retraites.

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Le passage en force de la réforme des retraites à l’Assemblée par l’article 49.3 ne passe pas. Dans certaines villes, les manifestants ont appelé à se rassembler devant les permanences parlementaires de députés. C’est le cas notamment à Brest, où le local de l’élu Horizons, Jean-Charles Larsonneur, membre de la majorité, a dû être protégé par les forces de l’ordre.

À Nantes, les manifestants veulent une radicalisation 

« Macron et les patrons, touchez pas à nos pensions ! », pouvait-on entendre dans le cortège nantais. Pour beaucoup d’opposants rencontrés dans la ville par notre envoyé spécial Léo Hélaine, le 49.3 a été un électrochoc et la manifestation traditionnelle ne suffit plus. « Aujourd’hui, si on veut se faire entendre, on n’a plus le choix, il faut passer une vitesse supérieure, estime Kévin, paysan, qui était présent à un blocage routier avant la manifestation. Des actions de blocage comme ça, on voit que c’est ce qui peut être beaucoup plus efficace que des grandes manifestations syndicales, donc aujourd’hui, il y a la 2e mi-temps qui commence. Il y a comme le spectre des Gilets jaunes. Toute la société est d’accord pour dire qu’aujourd’hui, si on ne radicalise pas le mouvement, le gouvernement ne bougera pas. »

Ce sentiment est partagé par Adrien et Nelly. Bâillon sur la bouche et masque 49.3 sur la tête, ils veulent aussi des blocages, mais pas de violences. « Est-ce que ça a un sens d’aller casser une boutique ? Je n’en suis pas sûre. Par contre, ça a peut-être plus de sens d’aller faire des blocages devant des centres de pouvoir », estime Nelly. « Il faut commencer à attaquer plus concrètement l’économie et donc bloquer les flux, les entrepôts, les carburants », reprend Adrien. C’est bien ce que compte faire la CGT.

« On n’est pas favorable à ce que les manifestations dégénèrent. Ce à quoi on appelle par contre, c’est une radicalité sur les lieux de travail et avec des blocages de l’économie d’une manière ou d’une autre », dit Fabrice David, secrétaire général de la CGT en Loire-Atlantique. Ce qui notamment par la grève dans la 2e raffinerie totale énergie du pays, non loin d’ici.  À la Nantes, la manifestation a été émaillée de quelques violences entre des manifestants et les forces de l’ordre :  des gaz lacrymogènes d’un côté, des jets de bouteilles de l’autre.

Des heurts entre la police et les manifestants

Si les rassemblements se sont principalement déroulés dans le calme, ils ont parfois dégénéré. Des face-à-face entre policiers et manifestants se sont déroulés à Caen, à Dijon, mais aussi à Bordeaux. Les rues commerçantes ont été envahies par quelques centaines de personnes.

Parmi les manifestations spontanées, à Marseille, dans le sud de la France, la gare Saint-Charles a été brièvement occupée. Partout en France, les manifestants promettent de continuer le mouvement ce dimanche.

Côté grèves, la mise à l’arrêt de la plus importante raffinerie du pays, la raffinerie de Normandie de TotalEnergies, a débuté vendredi soir. Cette opération prendra plusieurs jours et ne devrait pas provoquer de pénuries de carburant immédiates dans les stations-service du pays. La raffinerie de PetroIneos à Lavéra, dans les Bouches-du-Rhône, pourrait selon la CGT être mise à l’arrêt.

Rassemblements, blocages, barricades… La colère ne retombe décidément pas contre le gouvernement. À l’Assemblée nationale, les motions de censure – déposées par le groupe indépendant Liot et par des élus du Rassemblement national (RN) – seront débattues et mises au vote lundi à partir de 16 heures.

Des manifestations, mais aussi des grèves dans tout le pays. Notamment chez les éboueurs. Depuis plusieurs semaines, les déchets s’accumulent dans les rues de Paris. Les incinérateurs sont bloqués par les grévistes, comme c’est le cas à Issy-les-Moulineaux, en banlieue parisienne. Devant l’usine, les travailleurs font le piquet de grève, et comptent bien faire durer le mouvement. Reportage d’Arthur Ponchelet.

Avec RFI