Comme le mythomane désigne une personne atteinte d’un trouble pathologique caractérisé par la tendance au mensonge et la fabulation ou un cleptomane, une personne dont la pathologie est l’obsession à voler des objets, le « waliman » se dit de quelqu’un obsédé par la fonction de wali : Nomination de wali, permutation de walis, éviction de walis, création de nouveaux walis, walis délégués, chefs de daïras.
Tebboune est le plus grand « waliman » de l’Algérie indépendante. Il se réveille le matin, après une nuit tourmentée de rêves et de cauchemars les plus invraisemblables, tel un chirurgien muni d’un scalpel, ou à l’aide de son stylo, il coupe, il enlève, il remplace, il greffe dans le corps malade des walis ; dans ce corps qui lui est tant familier.
Mais en ce qui concerne la nomination en Premiers ministres et ministres, il semble perdu. Kafka ne peut faire mieux que lui.
Sur trois premiers ministres nommés sous sa présidence aucun n’a fait montre d’une once de pragmatisme et d’efficacité. Le point commun des trois exercices de ces personnages : immobilisme quasi-total. Bien sûr, la palme d’or de l’inaction revient au dernier d’entre eux qui a été, à la surprise générale, reconduit. C’est ce qu’on appelle reconduire l’échec.
De deux choses l’une. Soit Abdelmadjid Tebboune est seul maître de la décision ou il ne l’est pas. Dans les deux cas, il en porte l’entière responsabilité puisqu’il est le « président élu », comme on nous le dit. Quoi qu’il en soit, le ou les « désigneurs » de premiers ministres choisissent des « pieds de vache » ! Dans le langage populaire, se dit d’une personne inactive, non productive qui ne sert à rien.
Cette métaphore trouve son origine par rapport au quatrième pied de la vache qui reste plié quand l’animal broute, ou debout immobile, celui qu’elle n’utilise jamais.
Le premier, Abdelaziz Djerrad, qui s’est efforcé de rester digne, a eu l’intelligence de réaliser son impuissance à engranger quoi que ce soit et s’est éclipsé en Suède comme ambassadeur après 18 mois. Belle promotion !
Le deuxième, Benabdarhmane, ce « Badissi novembri » aux ambitions présidentielles démesurées n’a cessé de faire de l’obstruction en restant le plus immobile possible et a terminé presque chassé.
Quant au champion de handball des années d’or, cet avocat reconverti en diplomate, il est resté dans le box des remplaçants depuis son arrivée. Il n’agit pas, ne parle pas, ne discute pas, il est assis sagement à côté du coach, impassible. Il n’a pas demandé à être là colporte-t-on.
Mais est-ce possible ? Pourquoi affubler tout un pays de la taille d’un continent et toute une action gouvernementale de tant de passivité et d’immobilisme ? Pour quelle raison, au nom de quoi la paralyser d’avance, la rendre caduque avant même qu’elle ne débute ?
Là sont les questions qui viennent à l’esprit de tout observateur averti. La confiance semble le seul critère des décideurs dans leurs choix. Mais hélas c’est prendre trop de risque dans ces périodes incertaines. L’immobilisme en politique a montré ses limites de par le monde. C’est même source de gros périls.
Pour ce qui est des choix des personnes s’agissant des portefeuilles ministériels : la confiance, le clientélisme, la cooptation, l’obéissance et la soumission aveugles sont les critères essentiels. Sans compter l’innovation du siècle initiée probablement par le plus grand bouffon conseiller du roi en charge du commerce : couper le ministère du Commerce en deux comme les mamans coupent une tarte au citron considérée trop grande.
En résumé, il n’y a pas eu de changement majeur, dans ce gouvernement.
Et pour cause ! Il ne semble pas qu’un consensus ait été trouvé en haut lieu entre les différents clans qui ont de plus en plus l’air de factions.
Comme quand les associés ou les héritiers ne s’entendent pas ils gardent la situation telle quelle. Sans changement afin d’éviter le conflit à laquelle la situation actuelle ne se prête pas. Dans l’attente d’éléments nouveaux.
Mis à part le grand gagnant, la grande victoire de l’inusable Saïd Chanegriha qui atteint en fin de compte son but. Il fait son entrée au gouvernement en préférant le titre de ministre délégué à la Défense à celui de vice-ministre de la Défense qui a des relents de subalterne.
Pour ce qui est des autres portefeuilles ministériels, point de grands changements pour les ministres régaliens. Pour les autres ministres, ils n’ont pas eu leur mot à dire lors du premier quinquennat de Tebboune durant lequel ils sont restés silencieux et peu actifs , pour la plupart d’entre eux
En conclusion le second mandat de Tebboune et de son équipe n’augure rien de bon. L’intérêt de l’Algérie et des Algériens étant renvoyé aux calendes grecques.
Le rejet de la proposition faite par certains députés d’autoriser l’importation des véhicules de moins de cinq ans pour une majorité de citoyens pour lesquelles l’achat d’une voiture neuve est quasiment impossible ou les dernières mesures coercitives prises à l’encontre des commerçants par le CNRC n’augurent rien de bien reluisant.
Cinq années se sont écoulées lors du premier mandat de Tebboune durant lesquelles rien n’a été réalisé, aucune politique sérieuse n’a été mise en œuvre dans quelque domaine que ce soit. Cinq années de non développement ou d’anti développement.
Cinq années d’immobilisme total que ce soit sur le plan économique, diplomatique, social ou politique. Cinq années d’effondrement du dinar et de pouvoir d’achat. Cinq années de disparition de milliers d’entreprises et de centaines de milliers d’emplois.
Cinq années de répression et d’interpellations. Cinq années de quasi disparition de l’activité politique. Cinq années perdues pour l’Algérie. Dans la rue le citoyen Lambda ne cesse de regretter les années Bouteflika.
Les cinq années à venir ne se présentent guère mieux. Elles ne sont guère plus prometteuses. Les responsables de cette situation sont les tenants d’un pouvoir vieilli et malade. Le « waliman » est responsable devant l’histoire. Mais il n’est pas le seul responsable de cette débâcle. Ceux qui l’ont coopté et qui ne cessent de le soutenir sont encore plus coupables. Les générations futures s’en souviendront.
Que Dieu sauve l’Algérie !
Sofiane Ayache