2 décembre 2024
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Saïd Chanegriha, un président bis ?

La présence médiatique du général-major Saïd Chanegriha est devenue un sujet de débat en Algérie, soulevant des questions sur l’équilibre des pouvoirs dans le pays. Depuis la mort d’Ahmed Gaïd Salah, l’ancien chef d’État-major, Chanegriha a rapidement consolidé son influence au sein des institutions militaires et politiques, devenant une figure de premier plan.

Il est impossible rater ses nombreuses sorties. Le général-major chaperonne Tebboune dans les messes officielles et tient seul ses réceptions, n’hésitant pas à s’afficher accueillant des diplomates, ministres….

Passer sous silence le rôle prépondérant que joue Chanegriha aux côtés du président Abdelmadjid Tebboune, c’est avoir un regard de borgne sur le pouvoir en place. À chaque apparition publique du président, Chanegriha semble toujours présent, agissant comme une ombre protectrice. Ce phénomène suscite des interrogations quant à la réelle dynamique du pouvoir en Algérie.

 Malgré le statut constitutionnel de Tebboune en tant que chef des armées, la prééminence de Chanegriha semble indiquer une sorte de présidence bis, où le général exerce une influence considérable sur les décisions politiques. Mieux, certains le disent au milieu de toutes les décisions capitales. Ainsi, le guerre froide avec le Maroc serait son oeuvre. Comme celle d’avoir permis aux mercenaires russes de Wagner de s’implanter au Sahel

La relation entre Tebboune et Chanegriha est marquée par une ambivalence. D’un côté, le chef de l’Etat, lesté d’une impopularité sans pareil, apparaît souvent en position de faiblesse, tandis que le général, fort de son expérience et de ses liens au sein de l’appareil militaire, semble dicter le tempo. Cela pose la question : qui, en réalité, dirige l’Algérie ? Le verdict des manifestants du Hirak est clair : pouvoir civil pas militaire. La rue algérienne n’est pas dupe, elle sait l’importance de l’institution militaire dans l’écosystème de gouvernance en Algérie.  Et en l’espèce, Saïd Chanegriha n’est que la pointe de l’iceberg.

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Une longue mainmise sur les leviers de décision

En Algérie, l’armée n’est pas seulement un acteur de la défense ; elle est un pilier fondamental sur lequel repose l’édifice de l’État. Ce phénomène trouve ses racines dans l’histoire tumultueuse du pays, marquée par la guerre d’indépendance et les luttes internes qu’elle

Depuis l’indépendance en 1962, l’armée algérienne a joué un rôle central dans la définition de la politique nationale. Les dirigeants militaires ont souvent été les véritables détenteurs du pouvoir, influençant non seulement les décisions stratégiques, mais également les orientations économiques et sociales du pays. Cette influence se manifeste à travers les institutions qui, bien que civiles, sont souvent perméables aux pressions militaires. La situation actuelle, où Saïd Chanegriha, bien que chef d’État-major, semble avoir un poids décisionnel supérieur à celui d’État-major.

En vrai, l’importance de l’armée se révèle également dans le contexte des crises politiques. Lors des manifestations du Hirak en 2019, l’armée sous le commandement de Gaïd Salah a poussé Bouteflika à la démission et conduit le premier cercle du clan Bouteflika en prison. Son rôle a été ambivalent, la preuve ? Les déclarations contradictons d’Ahmed Gaïd Salah. Elle a d’abord soutenu le mouvement populaire (pour ses intérêts), mais a rapidement repris les rêves du pouvoir pour assurer la continuité du système.

Ahmed Gaïd Salah mort, Saïd Chanegriha a émergé comme un acteur clé dans ce processus, renforçant son image dans une période d’incertitudes où la boite noire du système a montré encore une fois une puissance malgré les secousses qui le touchent cycliquement. Le dernier en date est l’arrestation de Bencheikh, ex-patron de la police algérienne, pour «trahison».

Le poids pris par Saïd Chanegriha est inédit. La moindre de ses visites ordinaires est largement relayée par tous les médias. Même Ahmed Gaïd Salah n’a pas eu le temps d’avoir autant de lumière médiatique, lui qui a viré Bouteflika et mis une partie de son clan en prison. Gaïd Salah n’a pas eu le temps de jouir du pouvoir absolu.

Les médias lourds peuvent toujours lester Abdelmadjid Tebboune de tous les titres de président et de ministre de la Défense, Saïd Chanegriha apparait inévitablement – et jusqu’à preuve du contraire, autrement dit un limogeage pour départ à la retraite par exemple pour sauver les apparences – comme le véritable maître des horloges en Algérie.

Yacine K.

3 Commentaires

  1. Parfois, je me demande quel genre de bordel ce pays deviendrait sans l’arme’e, et c’est peut-etre que cette surveillance rapproche’e est une necessite’, tout compte fait.

  2. « … tandis que le général, fort de son expérience et de ses liens au sein de l’appareil militaire … ». N’est-ce pas un peu exagéré? Avant le décès de son prédécesseur qui entendait parler de ce général monté en grade à une vitesse jamais réalisée auparavant? Choisi sur des critères pour le moins spécieux, « il s’est fait les dents » sur l’impopularité et le peu, très peu, d’envergure du plus mal élu président algérien de tous les temps dont il a fait une véritable marionnette. Autrement dit, ce n’est pas tant Changriha qui est fort mais c’est Tebboune qui est faible. D’où sa percée fulgurante lui permettant de s’imposer, avec une facilité déconcertante, en VÉRITABLE maître des horloges.

  3. C’est un DEY! Saïd DEY comme son prédécesseur Hussein…celui qui, à l’arrivée des français en 1830, est monté dans un bateau avec son harem et a mis les voiles en direction de Gênes et non pas en direction de…. la sublime porte.
    Sacrée régence !!!

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