Khiredin Kati est universitaire, musicien virtuose, chanteur. Sa technique du jeu du mandole est impressionnante. Il émerveille les yeux, il enchante l’oreille qui reste attentive pour saisir la fluidité du jeu et toutes les sonorités. Khiredin ne fait qu’un avec son mandole, une symbiose quasi magique qui fait le bonheur des passionnés et autres mélomanes.
Khiredin Kati dit Didine Kati faisait déjà parler de lui avant la création du groupe AMZIK. Didine Kati surprend par sa simplicité, toujours souriant, attachant, quand il prend son instrument les modes chaâbi défilent avec une facilité déconcertante, on a l’impression que ces préludes savants sont imprégnés dans ses doigts. Ces modes chaâbi s’exécutent avec une dextérité rare. Sa maîtrise du chaâbi et sa connaissance de la musque kabyle l’amènent vers d’autres influences musicales, comme le jazz.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes universitaire, musicien, chanteur, qui est Didine Kati ?
Didine Kati : Bonjour, et merci de m’accueillir. Je suis effectivement un universitaire diplômé en musicologie. En tant que musicien et chanteur, je m’efforce de fusionner les différentes facettes de ma vie pour créer une harmonie entre ma carrière académique et ma passion pour la musique. Je suis également arrangeur et la composition musicale me fascine et me porte dans mes projets.
Le Matin d’Algérie : On l’a compris, la musique est pour vous plus qu’une passion, elle fait partie de vous, on a l’impression qu’elle a toujours été là, qu’est-ce qui rend possible cette symbiose ?
Didine Kati : La musique a toujours été une partie intégrante de ma vie, symbole de l’éducation et de la transmission me permettant de m’exprimer d’une manière unique avec pour socle primordial la connexion profonde avec mon public. Ma pratique assidue et ma curiosité pour différentes influences musicales enrichissent continuellement mon expression artistique, voici le tableau de cette symbiose.
Le Matin d’Algérie : Quelles sont vos influences musicales ?
Didine Kati : Mes influences musicales sont diverses et riches. Bien sûr, mes racines sont kabyles et, avec la musique chaâbi, elles sont mes premières sources d’inspiration. Cependant, mon appétence à aller vers l’autre m’a conduit à explorer de multiples horizons musicaux, notamment le jazz, qui a profondément marqué mon style et mon histoire artistique. Cette diversité d’influences se reflète dans ma musique au sein de mes groupes AMZIK et AZAWAN.
Le Matin d’Algérie : Un proverbe africain dit, lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens. Le groupe AMZIK est un peu cette union entre les origines, le passé, le présent et le futur, il y a comme une intemporalité dans votre musique, parlez-nous de la genèse de « AMZIK » ?
Didine Kati : AMZIK est effectivement le fruit de cette exploration des racines et de la fusion des traditions avec la modernité : le lien continue entre les générations. Nous avons voulu créer une musique qui transcende le temps, en incorporant des éléments du passé tout en embrassant avec beaucoup de finesse et d’amour les défis du présent. La genèse d’AMZIK réside dans cette quête d’intemporalité, de voyage musical qui unit les générations et les cultures.
Amzik et Tanina en osmose avec le public du théâtre Kateb-Yacine
Le Matin d’Algérie : Un mot sur Nonor et Karim Belkadi qui vous accompagnent
Didine Kati : Mes compagnons de route au sein d’AMZIK, Nonor et Karim, sont des artistes exceptionnels, chacun apportant sa propre touche unique à notre musique. Nonor par ses textes et sa poésie pointilleuse, Karim par la hauteur et la puissance de sa voix. Leur talent et leur dévouement sont essentiels à la création de notre son distinctif. C’est un honneur de partager cette aventure musicale avec des musiciens aussi talentueux et passionnés qu’eux.
Le Matin d’Algérie : Comment voyez-vous la chanson kabyle d’aujourd’hui ?
Didine Kati : Quelques jeunes artistes émergents font preuve d’une créativité remarquable ! C’est une période excitante pour la musique kabyle, qui est en pleine innovation.
Le Matin d’Algérie : L’Algérie peine à se démocratiser, la musique peut aider à cette émancipation, qu’en pensez-vous ?
Didine Kati : La musique a le pouvoir de transcender les barrières et de créer des ponts entre les individus. Elle peut jouer un rôle crucial dans l’émancipation, à l’image du jazz qui a été un facteur important de l’histoire sociale des États-Unis, non seulement comme art formel, mais pour avoir favorisé l’essor social des Afro-Américains.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours et à venir ?
Didine Kati : Absolument, nous sommes actuellement en train de finaliser notre nouvel EP, un projet qui représente une étape importante pour AMZIK. D’ailleurs, l’un des nouveaux titres « Yennad w-ul » vient de sortir et son clip est maintenant disponible. Cette nouvelle production explore des territoires musicaux inédits tout en restant fidèle à notre identité. Nous sommes impatients de partager les autres créations de ce nouvel EP avec nos fans et de les emmener dans un voyage musical captivant.
Aussi, je suis ravi d’annoncer que nous avons également prévu une série de cartes blanches au Point Fort d’Aubervilliers. Ces événements seront l’occasion de célébrer la diversité musicale et de créer des rencontres artistiques atypiques. Nous sommes reconnaissants de pouvoir contribuer à la scène musicale locale et de créer des moments uniques de partage avec le public.
En résumé, entre la sortie imminente de notre EP, les concerts et les soirées carte blanche au Point Fort d’Aubervilliers, les prochains mois s’annoncent riches en découvertes et en émotions musicales. Nous avons hâte de partager ces moments avec notre public fidèle et de rencontrer de nouveaux amateurs de musique. Restez à l’écoute pour plus de détails et de surprises à venir !
Entretien réalisé par Brahim Saci