17 décembre 2024
spot_img
AccueilIdéeRépondre aux attaques contre Boualem Sansal et choisir la solidarité efficace

Répondre aux attaques contre Boualem Sansal et choisir la solidarité efficace

« Il est des lieux qui font du temps un chemin de calvaire sans retour. (…) La nuit est une prison dans la prison ».  Boualem Sansal, incipit, L’enfant fou de l’arbre creux

Au tout début de cet ouvrage on est déjà dans l’univers de la prison, au moment, fin du jour où l’ombre avance et où brusquement le cri du muezzin étreint la ville… Ces pages sont révélatrices du lieu et de ce qui dépasse aussi ce lieu, métaphoriquement, dans la force de l’écriture de l’auteur. De même, autre métaphore, l’enfant fou qui donne son titre à l’ouvrage, habitant d’un arbre creux (qu’un hibou maléfique a quitté). Mystère, l’inexplicable, qui est en soi un rejet de la raison.

Relisant ce passage, et pensant à Boualem Sansal prisonnier, c’est comme la représentation symbolique de la solitude des consciences libres que j’y vois aujourd’hui, quand la raison ne permet plus de saisir le sens de faits irrationnels, comme l’arrestation de l’écrivain. Et, dans l’anxiété de penser à cette situation si injuste, pour celui qui est entouré des murs qui enferment et des murs des mensonges projetés par ceux qui veulent faire de lui un portrait destructeur, j’ai une phrase (de 2084. La fin du monde) qui revient et tourne en moi, comme une question sourde : Pour des gens qui ne sont jamais sortis de leur peur, l’ailleurs est un abîme.

Or celui qui pense en lucidité et amour mêlés, comme il fait, est un ailleurs et un abîme à la fois pour ces gens dont la peur, le ressentiment, l’idéologie, mettent des masques qui voilent le sens des paroles, des pages, des livres de Boualem Sansal. Lui dont toute l’œuvre est une lettre d’amitié envoyée à l’Algérie (d’amour alors plutôt), et au monde (de désir de paix, donc). Comme le dit un de ses titres… Le soutenir c’est aussi le faire lire. Que tous puissent reconnaître la puissance de l’œuvre d’un humaniste à dimension universelle.

Mais il est critiqué, et on retrouve les mêmes attaques qui circulent, avec les mêmes mots, dans des articles, des posts Facebook, ou des commentaires sous des pages de journaux. Le soutenir c’est aussi répondre à cela, en tentant de poser des informations à opposer à des projections qui trompent. En lisant des pages sur Facebook j’ai trouvé que les sujets qui revenaient concernaient six thématiques principales. J’ai donc élaboré ma réflexion en six parties (comprenant des citations d’auteurs, soutiens). En conclusion, le point sur la solidarité, et un questionnement…

- Advertisement -

.1. L’amour du pays, nié par des contradicteurs…

Contre l’accusation (qui fait de Boualem Sansal un traître à son pays, qu’il n’aimerait pas…) opposer ce qu’est (l’immense) amour de son pays, pour l’écrivain.

Certains s’expriment sur les réseaux sociaux en reprenant cette accusation jusqu’à mettre en doute, parfois, sa nationalité et son lieu de naissance. Soupçons effarants. Croient-ils que celui qui formule des critiques le fait contre le pays, le peuple ?  Croient-ils que celui qui combat l’islamisme (qui a fait 200 000 morts pendant la décennie noire) le fait contre la culture algérienne authentique ? C’est le contraire, justement.

Aimer son pays, pour un être conscient, pour l’intellectuel qu’il est, c’est vouloir pour lui le meilleur des conditions de la liberté, c’est désirer aider à l’affranchir des pièges de l’idéologie et de l’obscurantisme, qui sert l’oppression. Son amour du pays, ses lecteurs le constatent dans ses livres. Comme Camus il en a la rage amoureuse. Et comme Camus, cet amour lui donne le courage de se mettre en danger, plutôt que trahir la vérité de cet amour.

C’est une écrivaine tunisienne, Hélé Béji, qui l’affirme avec force dans une tribune de soutien, dans le Nouvel Obs (La patrie perdue de Boualem Sansal, 23-11-2024) définissant son « étoffe », comme celle de « l’exquise lumière d’un cœur conscient », elle qui voit dans son arrestation l’arrêt du « cœur pensant et souffrant de sa patrie ». Ce qu’elle a compris de lui, et de son « amour infini pour l’Algérie » est une réponse au terrible contresens de ceux qui pensent de Boualem Sansal l’exact contraire de ce qu’il est, confondant critique du régime et regard sur le peuple.

Elle écrit ceci : « Il suffit de lire n’importe quel texte de Boualem pour éprouver au fond de notre gorge cet amour infini pour l’Algérie, qui traverse sa prose où frémit le passé, le présent, le futur d’une vie, la sienne, dans une fêlure bouleversante entre son être et son pays natal ». De même, Bernadette Rey Mimoso-Ruiz, recensant Poste restante : Alger (sous-titré Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes), dans Horizons maghrébins, notait ceci, en 2006 : « Boualem Sansal délaisse les chemins de la fiction et prend sa plume pour une longue lettre à ses compatriotes où il crie sa colère mais aussi son amour infini de l’Algérie ».

.2. Sa liberté d’expression serait excessive, selon ceux qu’elle dérange…

Boualem Sansal affronte ce qui provoque la peur, ce qui fait se museler les esprits. Il dérange en refusant les injonctions contraires à la liberté de conscience et d’expression. Il ne peut renoncer à l’intelligence de la pensée, et penser est incompatible avec l’autoritarisme qui définit les cadres d’une normalité conforme. Anne Rosencher, dans un article de L’Express, du 21-11-2024 (qui fait l’éloge de ceux qui disent « non ») dit de Boualem Sansal qu’il est de ceux « qui défendent avec un courage inouï la liberté ».

Elle cite André Malraux qui en 1970 mettait au-dessus de tout le fait d’être parmi ceux « capables de dire ‘non’ ». Et elle ajoute : « Depuis des années Boualem Sansal est de ceux qui disent non. ». (Non à ce qui opprime, limite). Dans le même sens Libération, le 21-11-2024, renvoie à un article de Virginie Bloch-Lainé, du 6 juillet 2023, Le portrait, titré Boualem Sansal, esprit de lumière. Christophe Ono-dit-Biot, dans l’éditorial du Point culture, du 27-11-2024, écrit ceci : « Il n’y aura pas trop de voix pour se lever contre le fait qu’on réduise celle-ci au silence ». Et Éric Fottorino, dans le numéro du 1 hebdo du 4 décembre 2024, titré Qui veut faire taire les écrivains, insiste, enévoquant l’arrestation de Boualem Sansal, sur l’aberration de cette arrestation et du contenu des accusations : « Une décision arbitraire et hors de proportion ». L’emprisonnement d’un écrivain connu ne peut que provoquer la peur chez les consciences dissidentes…

.3. L’affaire des frontières…

L’accusation, au sujet de déclarations de Boualem Sansal sur les frontières algéro-marocaines, justifierait donc, selon Algérie Presse Service, la mention d‘« atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays »etde « complot contre la sûreté de l’État ». Or constater des faits historiques, des réalités du passé, ne signifie pas vouloir modifier le présent. Dans le constat que fait l’écrivain (qui a sans doute consulté des cartographies et textes) il y a parallèlement une critique de la France coloniale (ce qui échappe à ses accusateurs, qui ne voient pas non plus que son regard de lucidité critique porte aussi sur la société française actuelle et ses failles, dans divers textes ou entretiens).

Or l’atteinte constituée (par cette histoire de frontières) ne l’est par rien d’autre que l’expression d’idées et le rappel de faits anciens, très antérieurs à la convention signée à Rabat en 1972. Et l’utilisation de l’article 87 bis semble bien être un contresens. Qui transforme l’écrivain en otage de conflits qui ne sont pas les siens.

Enfin le média dans lequel il s’est exprimé diffuse des entretiens de personnalités qui ne correspondent pas à ses orientations. Boualem Sansal, qui parle avec tout le monde, ne se compromet pas pour autant, trop indépendant pour cela. Il donne plutôt là, à tous, une leçon d’éthique et de démocratie.

Au pire, on pourra regretter l’imprudence qui lui fait oublier la perversité de ceux qui instrumentalisent tout. Comme ils le font en repérant des soutiens autoproclamés qui ne font, à l’extrême droite, que récupérer une cause qui n’est pas la leur, le soutien d’un écrivain que le plus souvent ils n’ont même pas lu. Leurs motivations n’ont rien à voir avec lui.

.4. Religion, islam, islamisme…

D’où viennent certains refus de soutenir Boualem Sansal, autour de ce qui concerne la religion (droit d’être croyant et laïque, agnostique ou athée, et critique de l’islamisme) ? Pourquoi l’extrême gauche et ses alliés, en France, ne soutiennent-ils pas Boualem Sansal, et pourquoi une partie d’un public de culture musulmane les suit-elle, en France, comme certains Algériens, adoptant la croyance en un auteur qui serait l’ennemi des siens, reniant son pays et son peuple. (Pour critiquer l’islamisme et ce qui, dans l’islam, peut le légitimer ?).

La réponse est dans ce qu’analyse Sylvain Cypel (Orient XXI, 12-02-2018), dans sa note de lecture du livre de l’écrivaine libanaise Dominique Eddé, Edward Saïd, Le roman de sa pensée. Il reprend, la citant, la critique personnelle qu’elle fait, en conclusion, prolongeant celle de Saïd, d’une « forme néfaste d’orientalisme ». « Celle », écrit-elle, « qui consiste non seulement à renvoyer les musulmans en masse à l’identité d’un islam intangible et figé, mais, plus méprisant encore, à baisser le niveau d’exigence morale dès lors qu’il s’agit de cette religion.

Autrement dit : accordons-leur d’être différents, en leur accordant une part de barbarie qui répond à leur héritage culturel ».En fait, la faillite de l’extrême gauche française, et de certains intellectuels voulant faire preuve d’esprit solidaire (et se croyant ainsi opposés à l’ostracisme qui viserait les musulmans), est due à ce qui cause la complicité de ces courants idéologiques avec l’islamisme et leur dénonciation de ceux qui le critiquent, jusqu’à cibler les intellectuels critiques des pays du monde dit arabe.

Cette faillite est une sorte de racisme qui ne sait pas l’être. Ils ne croient pas les êtres de culture musulmane capables d’être laïques tout en restant musulmans, ou capables, comme des êtres nés chrétiens ou juifs, de décider d’être agnostiques ou même athées, et de s’engager contre toutes les rigidités des dogmes, comme l’ont fait les penseurs des Lumières. L’extrême gauche qui se tait pour refuser de soutenir Boualem Sansal est fondamentalement archaïque, et elle fait de son archaïsme un fanatisme obscurantiste.

En plus de la mener à la lâcheté. Ces idéologues ne sont pas capables d’entendre les voix qui se dressent, de ceux qui refusent d’être assignés à la soumission. Pourtant il y en a. Boualem Sansal est une de ces voix, majeure.

Omar Youssef Souleimane, auteur d’origine syrienne, rend compte, dans une tribune (Le Figaro, 27-11-2024) d’une conversation avec Boualem Sansal sur ces sujets. Il confirme ainsi la réflexion de Dominique Eddé sur les réticences et ignorances de certains courants, par erreur idéologique, en résumant ce que disait l’écrivain : « Il m’a confirmé que l’incompréhension que nous ressentons de la part de la gauche est due soit à leur peur d’affronter l’islam, soit à leur méconnaissance du danger que représentent les islamistes en Europe. » Et il insiste sur l’importance du soutien : « Aujourd’hui, Boualem Sansal, rassemblant les exilés, est derrière les barreaux. C’est notre voix qui est emprisonnée.

Cette voix, qui appartient à la démocratie, fatiguée d’une mémoire blessée, ne doit pas être écrasée à nouveau, mais bien écoutée. Pas seulement pour la soutenir, mais parce qu’elle nous alerte sur le risque que le danger qui étouffe notre pays natal envahisse aussi notre pays d’adoption. »

Autre éclairage, concernant la position de Boualem Sansal sur l’islamisme, le texte de Youssef Jebri, auteur franco-marocain. Il a réagi à l’arrestation en publiant sur son site une adresse au pouvoir algérien, pour demander la libération de l’écrivain emprisonné : Tonton Boualem. Voici ce qu’il écrit : « Selon certains, Boualem Sansal flirterait avec l’extrême-droite et serait islamophobe. Si dire que l’islam politique, donc l’islamisme, est incompatible avec la démocratie fait de vous un islamophobe ; alors à la suite de Boualem Sansal, je suis islamophobe.  Boualem Sansal (…) c’est un libre-penseur. Point. »

Et Maïssa Bey, qui, comme Boualem Sansal, est une lectrice d’Albert Camus, aborde cette question dans son livre sur Camus (L’ombre d’un homme qui marche au soleil). Après avoir mentionné L’Étranger et la question du « refus du mensonge », elle note un constat : « Qui pourra s’étonner que l’on retrouve parfois dans la société algérienne, encore intactes aujourd’hui, les mêmes sentences, encore plus définitives si cela était possible, puisqu’à présent elles s’appuient sur d’irréfutables certitudes érigées en dogmes, celles de la religion, avec les mêmes intransigeances et les mêmes obsessions de pureté dangereuse ?  / Car il y a loin de la Vérité collective des fanatiques de tous bords au désir d’authenticité et de fidélité à des convictions d’un individu. ». Cela situe le contexte des questionnements et analyses de Boualem Sansal.

.5. Israël, et le conflit israélo-palestinien…

Un autre reproche est fait à Boualem Sansal, qui concerne le conflit israélo-palestinien et le supposé rapport de l’écrivain avec Israël. Et c’est encore un contresens, par méconnaissance de la complexité lucide de sa pensée. (Contresens que peuvent faire, dans un sens ou un autre, ceux qui veulent l’assigner à un choix qui leur convient). Il n’est pas de ceux qui sont d’un ‘camp’ contre l’autre. Il avait accepté une invitation à une rencontre littéraire en Israël, refusant d’obéir à l’injonction d’interdit du pouvoir algérien (qui mêle ainsi peuple et pouvoir, droite et gauche, extrémistes favorables aux colonisations illégales et militants acteurs de paix partageant des initiatives avec des Palestiniens).

D’abord, rejetant l’antisémitisme, accepter l’invitation d’auteurs juifs était une affirmation en acte. Et les auteurs qu’il allait rencontrer n’étaient pas de ceux qui pouvaient justifier un refus. (D’ailleurs il parle avec toutes sortes de gens, en France aussi, aimant écouter des voix plurielles, trop intelligent pour que cela l’empêche de penser par lui-même : il est irrécupérable.) Croire que sa sympathie pour des écrivains d’un autre pays, d’une autre langue, et peut-être son intérêt pour ce pays ‘interdit’, cela puisse se confondre avec une absence de possibilité critique, c’est une erreur regrettable.

Mais son regard critique, contrairement aux soutiens français des Palestiniens les plus médiatiques (sur la ligne des LFI…), il le porte aussi sur le Hamas et le Hezbollah, mouvements terroristes islamistes, sachant bien ce que leur idéologie porte de malheur, pour les Palestiniens aussi. Mais ceux qui voient en lui un soutien de Netanyahu, et une position contre les Palestiniens, feraient bien de lire sa tribune du 16-10-2023, publiée dans Marianne. (Mes quatre questions après l’attaque du Hamas contre Israël). Son regard critique sur Israël est sans indulgence, malgré la sidération devant les horreurs du 7 octobre et leur suite. Il regrette qu’Israël se dirige, selon lui,« àvive allure en une république théocratique ultraorthodoxe, sur le modèle iranien ou saoudien ».

Des Israéliens expriment aussi de vives critiques inquiètes, similaires, au sujet de leur pays, sans être considérés comme des citoyens méritant d’être poursuivis pour « atteinte à la sécurité de l’État »…

Dans sa tribune du Figaro, le 27-11-2024, Omar Youssef Souleimane évoquait aussi les débats au sujet du rapport avec Israël et du voyage de Boualem Sansal en 2012, qui y fut invité pour un festival littéraire, voici ce qu’il écrit : « Le courage de Boualem Sansal ne se résume pas seulement à ce qu’il dit mais aussi à ce qu’il fait. ». Et relevant les accusations que cela provoqua (« agent du sionisme », « Arabe de service », etc.) il regrette « qu’aujourd’hui, en France, les mêmes accusations se répètent, cette fois venant de l’extrême gauche française, contre les Français d’origine arabe ». (…) (…) « À travers cette mentalité totalitaire, et au nom de la défense de la décolonisation, ils pratiquent en réalité un pur colonialisme. »

Dans un entretien du Point, le 22-11-2024 Boris Cyrulnik (qui a co-écrit deux livres avec Boualem Sansal) dit que leur collaboration pour ces livres correspondait à leur opposition à la « radicalisation du monde, radicalisation qui empêche de penser ». Volonté de « penser ensemble », et refus de « choisir son camp ». Car « choisir son camp, c’est entrer dans un monde de guerre ». Et de Boualem Sansal il note qu’il est « toujours prêt à mettre en doute ses propres croyances. Or notre monde meurt de ces croyances, de ces guerres qui ne sont que des guerres de croyances, Poutine, le Hamas, le Hezbollah, Netanyahou ».

.6. L’idéologie supposée de Boualem Sansal…

Le reproche de flirt avec l’extrême droite, noté ici ou là (pour justifier méfiance et silence) doit être analysé, et il faut y répondre. L’écarte l’auteur franco-marocain Youssef Jebri, en quelques mots, dans son adresse au gouvernement algérien titrée Tonton Boualem, et demandant en conclusion la libération de l’écrivain. Et ne le mentionnent même pas d’autres auteurs réagissant à l’arrestation, comme l’écrivain d’origine syrienne Omar Youssef Souleimane ou l’écrivaine tunisienne Hélé Béji, ou les rédacteurs du Matin d’Algérie dans leurs chroniques de soutien… Car les lecteurs vraiment connaisseurs de l’œuvre de Boualem Sansal savent que rien de ce qu’il écrit ne peut correspondre ou nourrir une quelconque parenté avec les idéologies d’extrême droite.

Alors d’où vient ce soupçon ? Du fait qu’il ait accepté de s’exprimer sur des supports qui sont parfois qualifiés ainsi. Mais ont accepté de s’y exprimer des personnes qui ne sont pas sur ces lignes. Pourquoi ? Parce que sur le sujet de l’islamisme ils trouvent là un espace où c’est possible de le dénoncer. Choix de lassitude, de désespoir.

Comme pour l’anthropologue Florence Bergeaud Blackler qui a rencontré bien des obstacles dans son travail sur le frérisme, et a été menacée gravement. Ou l’ancien ambassadeur en Algérie, Xavier Driencourt, désolé de parler dans le désert quand il tente de faire passer des messages de lucidité que, semble-t-il, les autorités, en France, n’entendent guère.

Ceux qui sont à blâmer ce sont ceux qui laissent à l’extrême droite des combats qu’ils refusent de mener, faisant même des choix inverses, en collaborant avec l’extrême droite qu’ils ne qualifient pas ainsi, celle des islamistes. Boualem Sansal, lui, se comporte comme un être libre de toute appartenance, qui parle avec tous, sans que cela soit compromission, car gardant sa liberté de conscience critique.

Pour Boualem Sansal, le seul problème, là, est que son désir de communiquer et transmettre, de dire (son éthique, en fait), l’a mis en danger, pour ne pas s’être assez protégé des instrumentalisations haineuses prêtes à tout utiliser pour nuire. L’imprudence n’est pas un crime. Et la haine aurait utilisé n’importe quoi.

La solidarité…

Les soutiens sont nombreux. Pétitions diverses… Communiqués : Gallimard, Pen Club, CLR (Comité Laïcité République), Académie française… Appels, celui de Kamel Daoud, soutenu par des auteurs et Prix Nobel, et ceux des associations internationales d’écrivains : Le CPE (Conseil Permanent des Écrivains) et l’EWC (European Writers’ Council). Tribunes de collectifs d’auteurs… Création d’un Comité de soutien présidé par Catherine Camus (initiative de la Revue politique et parlementaire). Articles dans la presse, dont les chroniques du Matin d’Algérie… Etc.

Gêne, pour la solidarité authentique, ce qui procède de récupérations par des soutiens autoproclamés, qui ne semblent pas être des lecteurs de l’écrivain. Et, autre bord, l’agressivité haineuse d’ignorants sûrs de leur mépris, comme la honteuse charge de la députée S. Rousseau, au sommet de l’abjection idéologique.

Mais des points de vue s’opposent. Faut-il beaucoup intervenir, ou l’excès de « bruit » en France nuirait-il (selon « un proche du dossier », comme c’est mentionné dans certains journaux) ? Faut-il critiquer durement le pouvoir algérien qui a arrêté Boualem Sansal, ou certaines critiques ne risquent-elles pas d’attiser les tensions ? L’avocat français de l’écrivain vient de faire un appel aux intellectuels du monde entier dans la conférence de presse organisée par Gallimard, car il considère qu’il faut un soutien universel qui ne soit pas limité à la France (et à ses difficultés relationnelles avec l’Algérie). Il a dit penser à saisir le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Mais ce Conseil est-il fiable ? Question légitime quand on voit comment certains de ses membres ne respectent pas les droits humains dans leur pays…

Marie-Claude San Juan

3 Commentaires

  1. Enfin un article tout en nuances, documenté, sourcé, qui donne envie de le partager. L’argumentation appuyée sur les apports d’Edward Saïd et sa critique de la pensée orientalisme est limpide: pourquoi les Musulmans et les Arabes seraient assignés à un dogme immuable et figé, n’ont-il pas droit eux aussi à une critique de leur religion. Cette posture est pire que le racisme: ils ne sont pas capables d’accéder aux Lumières qui a permis aux Juifs et aux Chrétiens de se déclarer Athées ou agnostiques.

  2. Hé ! hé ! hé ! Un peu de respect s’il vous plait pour le vieil abruti que je suis, ce n’est pas sur ce ton qu’on me cause !

    C’est toute une armada de témoins de moralité qui est appelée à la barre. L’auteur de cet article ne sait pas que trop d’encens nuit à l’encens.

    Moi ,si j’étais juge, je me demanderais si tout ce foin ne cache pas une anguille.
    Est-ce ma susceptibilité crade qui me fait croire que cette avalanche de plaidoirie est quelque peu méprisante à l’égard de ceux qui se sont fait une autre opinion ou la surdicécité de l’auteur qui veut ignorer que c’est en Algérie que Sansal sera jugé et non à la Sorbonne ou l’académie française ?

    Ainsi donc en France, quand les nouveaux amis de Sansal qui lui ont valu son arrestation, et ne me dites pas que c’est parce qu’il a été à la fête de l’Huma qu’il a été arrêté, s’apprêtaient à prendre le pouvoir, la majorité des français toutes classes confondues a fait front pour l’en empêcher sous le regard d’un gotha encourageant. Qu’est-ce qu’il y avait de si terrifiant chez cette extrême droite à laquelle on avait préféré l’extrême gauche pour faire ainsi front ?

    Pourquoi, Non de Dieu ! Certains connaisseurs me forcent souvent à donner raison à ceux contre qui je me suis opposé sur cette question du lien au pays ? Je vais finir par croire sans aucune velléité d’excommunication que Sansal est effectivement un écrivain de l’extérieur et pas seulement : c’est aussi un écrivain pour l’extérieur.

    Même si son arrestation facilite trop la tâche à ses défenseurs je ne dirais pas que la lecture de cette plaidoirie m’a fait changer de position quant au sentiment que Sansal l’homme pas l’écrivain m’a inspiré ces derniers temps.

    • Je vais vous dire quoi. Franhement, je ne pense pas que BS pense ou croit ce qu’il dit. Il vend des livres et dit ce que la question qui lui est pose’e lui suggere de dire, ni plus ni moins. Il le dit bien « Avant la conquete Frnacaise, le monde etait plat et triangulaire, etcc. ou du moins il confirme quand on le lui suggere… Et eux ils rackent. Ou est le probleme ! De toute facon, la seule chose qui compte c’est 1962 ! Quelle elegance a se faire payer et applaudir par des gens a qui il dit « Avant, il y avait rien du tout, et ce rien du tout vous a enleve’ a vous la fransa et le marook, un pays continent, ou qu’une bande de paysans vous ont roule’ dan l farine ! C’est l’essence de ce qu’il dit confirme.Et vous trouvez que c’est justife’ de l’emmerder d’encourager des cons a dire des conneries, dont je suis sur qu’il en rit !
      N’est-ce pas boukharouba le rasul de cette mafia qui disait que les palestiniens ont raison meme quand ils ont tort? Mais c’est vrai que BS n’est pas un Palestinien et ne s’attaque pas aux civils ou innocents, juste les plus betes des cons, c.a.d. zemmour et Co. De veritables francais de papiers. AVant, quand ca ramassait la pitie’ et chafrite’ Algerienne, ils etaient Algeriens, et maintenant francais avec des noms nordics « Eric », pour vous dire a quel point le ridicule ne tue pas. La moitie’ d’entre-eux se sont tire’s aux USA, Canada… partout ou il y a quelque chose a grater gratos… Les Francais-Francais ne sont ni cons aveugles !!! Leur chaine et antennes, les exposent continuellement, et les imbeciles d’alger ne font que confirmer – quels incapbles ! Moi, je les aurais inviter faire caca a Alger-meme !!! Leur donner suffisemment de mou pour se pondre ! Mais quand on est illegitime, on est a peur de son ombre… la triste realite’. Faire du mal a un intellectuel faible de 75 ans ne fait que les mettre du cote’ diabolique de la carte. Daoud et Sansal eux mettent l’Algerie du cote’ de ceux qui comptent . . .

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles

Commentaires récents