21 novembre 2024
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Résolution du Conseil de sécurité relative à Gaza : ce que l’APS et la presse nationale ne disent pas

Dans une dépêche datée du 26 mars 2024, l’agence de presse officielle, APS, affichait en exergue : «L’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution exigeant un cessez-le-feu à Gaza, initiée par l’Algérie et appuyée par les autres membres élus, est le fruit de grands efforts déployés par la diplomatie algérienne et s’inscrit aussi dans le cadre des initiatives de la communauté internationale visant à faire cesser l’agression sioniste contre le peuple palestinien ».

Cela résume bien l’activité diplomatique de la représentation de l’Algérie à New York. Présenté dans un premier temps en février 2024, le projet de résolution algérien s’est heurté au véto des États-Unis.

Présenté une nouvelle fois en mars 2024 avec le parrainage des 10 membres non permanents du Conseil de sécurité, le projet de résolution amendé qui prend en compte les préoccupations de tous les membres du conseil de sécurité, est cette fois-ci adopté. Il récolte le soutien des membres permanents du Conseil de sécurité. A l’exception des États-Unis qui s’abstiennent. Cette abstention rend possible l’adoption du projet de résolution.

La mission d’information de l’APS s’arrête à cet exergue. La suite relève de la propagande officielle. Ainsi, c’est le sempiternel « Conformément aux directives du président de la République » qui vient expliquer que « l’Algérie, par le biais de sa représentation permanente auprès de l’ONU, n’a ménagé aucun effort ».

Qu’en est-il de la tradition et des compétences diplomatique algériennes forgées pendant la guerre de libération et raffermies au cours des 60 ans de présence au Nations unies ?

Pour l’APS, le contenu de la résolution consiste en « un cessez-le-feu immédiat conduisant à un cessez-le-feu permanent, la libération de tous les détenus et la garantie de l’acheminement de l’aide humanitaire et des besoins médicaux ». Ce qui ne correspond pas complètement au contenu de la résolution. Faisant état « d’instructions fermes du président Abdelmadjid Tebboune », l’APS laisse à penser que l’action diplomatique algérienne doit être conduite au pas de charge pour ramener à la raison les membres permanents occidentaux et principalement des États-Unis. Qu’en est-il dans la réalité ?

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Le premier projet de résolution algérien de février 2024 insistait, cela se comprend, sur l’urgence d’un « cessez-le feu immédiat et durable » et « la levée inconditionnelle du blocus de Gaza ».

La représentation algérienne marque principalement son intérêt pour « les mesures nécessaires pour protéger les civils, en particulier les enfants et les femmes ». «Au nom du droit humanitaire international et des droits de l’homme ». Dans ce projet de résolution, l’Algérie propose dans son point 4, une mention qui clarifie nettement sa position sur la question palestinienne et qu’il convient d’apprécier positivement.

En effet, cette mention « souligne l’importance de la reprise des négociations de paix entre Israël et la Palestine en vue d’une solution à deux États, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité ». Tout est dit. Cette prise de position lève les équivoques sur le droit à l’existence de l’État d’Israël entretenues par la surenchère à destination de l’opinion publique nationale et par les relations ostensibles avec le Hamas. Elle ouvre ainsi un champ plus large à son action en faveur de la reconnaissance internationale de l’État palestinien. Cela aurait mérité d’être relevé par l’APS et l’ensemble de la presse nationale. Il est vrai que cela constituerait une fausse note dans la campagne de communication déployée par les médias nationaux et l’opposition.

Cette première résolution rencontre le véto des États-Unis. Le représentant américain se prononce pour un cessez-le-feu temporaire adossé à la libération de tous les otages. Il demande que le conseil de sécurité condamne le Hamas.

Les États-Unis présenteront un projet de résolution dans ce sens. Le Conseil de sécurité rejette ce projet. L’Algérie vote contre ce projet américain. C’est à partir de ce double rejet que s’amorce la rédaction d’un nouveau projet de résolution présenté en mars 2024. La représentation diplomatique algérienne révèlera une nouvelle fois des propensions à la négociation, aux compromis et à la modération. Ce qui contraste évidemment avec les discours enflammés qui sont servis aux téléspectateurs, auditeurs et lecteurs des médias nationaux.

L’Algérie en phase avec l’Autorité palestinienne

Les facteurs de succès de l’action diplomatique algérienne résident dans les points suivants:

– Malgré le rôle premier de la représentation algérienne dans la rédaction de la résolution, le projet est parrainé par les 10 membres non permanents du Conseil de sécurité. Cet effort de rassemblement est un premier atout.

– Le rapprochement avec les pays occidentaux est un deuxième atout dans la mesure où la solution de la question palestinienne dépend en grande partie de l’évolution de ces pays qui ont jusqu’à présent constitué un soutien de poids à Israël. Ce rapprochement se trouve favorisé par l’adhésion de l’Algérie au consensus qui a prévalu au sein du Conseil de sécurité. Ce consensus qui a permis l’adoption de la résolution est rendu par le considérant suivant : « déplorant toutes les attaques perpétrées contre des civils et des biens de caractère civil ainsi que tous les actes de violence et d’hostilité contre des civils et tous les actes de terrorisme, et rappelant que les prises d’otages sont prohibées par le droit international ».

L’Algérie se trouve en phase avec les positions de l’Autorité palestinienne, considérée internationalement comme le représentant légitime du peuple palestinien. L’Autorité palestinienne s’était démarquée dès les premiers jours des actions violentes du Hamas contre les civils.

D’autre part, en « prenant note de l’action diplomatique en cours menée par l’Égypte, les États-Unis d’Amérique et le Qatar, visant à parvenir à la cessation des hostilités, à obtenir la libération des otages et à accroître la fourniture et la distribution de l’aide humanitaire », la résolution rend compte de la convergence des initiatives prises par ces pays avec l’action du conseil de sécurité de l’ONU. La diplomatie algérienne s’associe à cette reconnaissance. Ce qui élargit son champ d’action en vue de rapprocher la solution immédiate aux problèmes urgents des Palestiniens.

Il reste, bien sûr, à mettre en œuvre la résolution du conseil de sécurité pour établir un cessez-le-feu et lever le blocus de Gaza. La diplomatie algérienne n’a pas d’autre choix que de maintenir vivant le consensus construit pour l’adoption de la résolution. Des voix peuvent prétendre que les positions affichées par l’Algérie seraient de circonstance, qu’elles seraient tactiques et relèveraient du double langage.

En tant que membre non permanent du conseil de sécurité, l’Algérie a besoin de renforcer sa crédibilité. Elle doit consolider sa position au sein du Conseil de sécurité pour relancer le processus de paix comme elle en a manifesté l’intention dans son premier projet de résolution.

Tous ces développements intéressants n’ont pas été portés à la connaissance de l’opinion publique nationale. Le contenu complet des projets de résolution est tu. Pourtant, le rôle premier de l’APS et de la presse nationale est d’informer correctement les Algériens. Cette responsabilité s’assume en ne s’abandonnant pas à la surenchère qui anime la communication autour de la solidarité avec les Palestiniens.

Les populations palestiniennes paient trop chèrement les attaques violentes du 7 octobre 2024. Le bilan est trop lourd. Plus de 30.000 morts, plus de 70.000 blessés, des centaines de veuves et d’orphelins, 220.000 palestiniens déplacés, 290.000 logements sont détruits. Ce bilan dont Israël porte l’entière responsabilité s’aggrave quotidiennement. La communauté internationale se doit « de dire qu’il est temps que le malheur succombe ».

Saïd Aït Ali Slimane

Cette tribune a publiée par l’auteur sur le réseau social

Les intertitres sont de la rédaction

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