L’ONG Riposte internationale a présenté ce samedi à Paris son rapport sur les violations des droits humains en Algérie en 2023. Ce rapport est une démonstration cinglante de la réalité crue des violations des droits les plus élémentaires.
Le rapport sur les violations des droits humains que vient de rendre public Riposte Internationale se veut un exercice inédit pour les militants algériens. Il est appelé désormais à se renouveler, si l’on en croit ses initiateurs. Pour ceux qui suivent l’actualité algérienne, ce rapport est un rappel nécessaire sur les incalculables actes de violation des droits. Des plus élémentaires, comme celui de pouvoir s’exprimer librement à la liberté de constituer une association, voire de voyager. C’est Nacéra Dutour, présidente de SOS Disparus et soutien averti de Riposte Internationale qui a ouvert la présentation. Elle a souligné les nombreuses exactions dont sont victimes les activistes et mis notamment l’accent sur certains noms emblématiques, comme Kamera Nait Sid, Mohand Berrache et Mustapha Bendjama.
«Notre organisation s’inscrit désormais sur un long mais utile travail de documentation et de mémoire de ce que subit le peuple algérien, annonce Ali Aït Djoudi, président de Riposte internationale dans son intervention devant une trentaine de participants. Il y a urgence de ne pas oublier ce que fait subir le pouvoir au pays».
Intervenant pour faire une synthèse des intervenants, Idir Iouanoughène a analysé la situation des droits de l’homme à l’aune des développements internationaux et rappelé la pertinence du travail de vigilance à maintenir pour éclairer l’opinion sur les angles morts de l’arbitraire.
Ce rapport, selon les organisateurs, sera transmis aux institutions internationales spécialisées dans la défense des droits humains. «Nous continuerons à organiser des rencontres, des débats et à participer à toute initiative oeuvrant pour le respect des droits humains en Algérie, mais aussi en Tunisie et au Maroc pays où nous comptons aussi des adhérents», relève Boukhalfa Ben Mamar, membre fondateur de Riposte Internationale et membre de bureau. Plusieurs cadres de l’ONG se sont exprimés bien entendu sur le nécessaire travail de production de documents, mais aussi sur l’interpellation des instances internationales et organisations non-gouvernementales au sujet, entre autres sur les détenus d’opinion, les 49 condamnés à mort de ce qui est appelé «l’affaire Bensmaïl».
«Quatre ans après le début du Hirak pacifique, le pouvoir persiste dans l’intimidation et la répression, remettant en cause tous les acquis démocratiques obtenus après de durs et longs combats par plusieurs générations de militants. En ce début de l’année 2024, tous les leviers du balbutiant système démocratique algérien sont démantelés. Si les textes fondamentaux du pays assurent l’essentiel du fonctionnement d’un Etat démocratique, la réalité est tout autre. Un constat partagé par tous les militants des droits humains: la situation des droits de l’homme en Algérie est dégradée. Les sévères restrictions des libertés d’association et d’expression sont particulièrement préoccupantes», lit-on dans la présentation de ce rapport.
Plus loin, on peut lire : «L’emprisonnement arbitraire en Algérie est une inquiétude majeure soulevée à maintes reprises par les défenseurs des droits humains et les organisations internationales. Cela fait référence à la détention de personnes sans fondement juridique valable, sans procédure régulière ou sans respect des droits de l’homme et des normes internationales. Les motifs d’arrestation invoqués peuvent être politiques, liés à l’expression d’opinions dissidentes ou à la participation à des manifestations pacifiques, entre autres. Plusieurs citoyen.ne.s, militant.e.s et journalistes sont poursuivis en justice et emprisonnés pour le simple fait de partager sur les réseaux sociaux une opinion contraire à celle du régime. Ces citoyen.ne.s, manifestant.e.s et militant.e.s des droits humains sont souvent victimes de brutales arrestations, de placement sous contrôle judiciaires, voire de lourdes condamnations.»
Plusieurs cas de violations des droits de citoyens et militants sont relatés par ce rapport. La mise au pas de la presse, la criminalisation de l’opinion politique, les dissolutions d’associations,… Riposte Internationale a sérié avec concision tous ces tristes faits d’armes des autorités algériennes.
En clôture, Ali Aït Djoudi a appelé les autres ONG et collectifs de militants algériens à prendre part à ce travail de documentation de la répression en Algérie. Il a assuré aussi que l’ONG continuera à interpeler toutes les instances internationales au sujet des exactions que subissent les Algériens.
Samia Naït Iqbal