Au cœur des montagnes chaouies, là où le vent transporte les récits anciens et les mélodies du passé, une toute petite poupée tisse une grande histoire. Elle s’appelle R’mila. Huit centimètres de délicatesse, un vêtement ancestral, et surtout un message puissant : la mémoire d’un peuple ne meurt pas tant qu’on la porte, la coud et la raconte.
À l’origine de ce projet vibrant d’authenticité, une femme : enseignante retraitée, militante culturelle dans l’âme, fière de ses racines chaouies. À travers R’mila, elle continue de transmettre, d’éveiller, de résister. Rencontre avec Bouali Messouda Hayet, artisane de la mémoire.
Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous nous raconter comment est née l’idée de créer la poupée R’mila ?
Bouali Messouda Hayet : L’idée est née très naturellement. J’ai toujours porté le Lhaf chaoui au quotidien — à l’école, dans la rue, même en voyage. Mes élèves ne m’ont jamais vue autrement. Certaines filles ont commencé à m’imiter et à me demander de leur en coudre un.En prenant ma retraite, j’ai eu peur que cette passion s’éteigne. Que deviendrait cette flamme sans la présence quotidienne d’une « prof militante » ? Alors j’ai imaginé une façon de continuer ce chemin. R’mila est née dans les tout premiers jours de ma retraite. Une manière de garder ce souffle vivant, de ne pas le laisser se briser.
Le Matin d’Algérie : Pourquoi avoir choisi une poupée pour transmettre le patrimoine vestimentaire chaoui ?
Bouali Messouda Hayet : Parce qu’une poupée incarne l’enfance. Et l’enfance, c’est un terrain fertile, une page blanche.
Quand une fillette voit une poupée habillée avec une tenue chaouie authentique, elle s’imprègne de cette image. Elle l’adopte, la garde en mémoire, et un jour peut-être, elle la portera sans complexe. C’est un moyen doux, affectif et profond de transmission culturelle.
Le Matin d’Algérie : Quel lien personnel entretenez-vous avec la région des Aurès et son costume traditionnel ?
Bouali Messouda Hayet : Les Aurès, c’est mon monde, mon oxygène. Je suis native de R’mila, un douar de Khenchela, et j’ai vécu toute ma vie à Batna.
Cela fait plus de vingt ans que je porte la tenue traditionnelle chaouie, la Thimlḥafth, chaque jour. Elle existe depuis plus de 3000 ans et a résisté à toutes les vagues de modernisation.La porter, pour moi, c’est un honneur. C’est affirmer : « Je suis une femme chaouie, j’ai un univers, une histoire, une identité. » Mon Lhaf est un acte de reconnaissance envers mes Aurès.
Le Matin d’Algérie : Combien de temps vous faut-il pour réaliser une poupée R’mila ?
Bouali Messouda Hayet : Pour une miniature de 8 cm, il me faut environ trois heures, parfois plus, car certains éléments sont cousus à la main. Une poupée de taille classique prend entre deux et trois heures selon les détails.
Le Matin d’Algérie : D’où proviennent les tissus et les accessoires utilisés dans vos créations ?
Bouali Messouda Hayet : Je me fournis principalement en merceries, mais j’utilise aussi les restes de tissus de mes propres coutures. Parfois, j’achète spécifiquement ce dont j’ai besoin pour les poupées.
Le Matin d’Algérie : Travaillez-vous seule ou collaborez-vous avec d’autres artisanes ou associations ?
Bouali Messouda Hayet : Je travaille seule. Tout est fait à la maison, à la main, sans aucune aide extérieure. C’est un travail profondément personnel et passionné.
Le Matin d’Algérie : Que représente pour vous la melhfa chaouie ?
Bouali Messouda Hayet : La melhfa chaouie, c’est ma peau, mon histoire, mon identité. C ’est mes montagnes, mes ancêtres, mes combats, mes Aurès. C’est ma fierté.
Le Matin d’Algérie : Quel message espérez-vous transmettre à travers chaque poupée ?
Bouali Messouda Hayet : Chaque poupée est un rappel : « Reviens à toi. »C’est un appel à toutes les femmes chaouies pour qu’elles renouent avec leur tenue, avec leur histoire.C’est aussi un message pour tous les Algériens : notre patrimoine est immense, unique, et incomparable. Il mérite d’être connu, protégé et transmis.
Le Matin d’Algérie : Est-ce que R’mila est destinée aux enfants, aux collectionneurs, ou aux amoureux du patrimoine ?
Bouali Messouda Hayet : Elle est destinée à tous ceux qui aiment leur culture.Enfants, collectionneurs, passionnés : R’mila est un pont entre le passé et le présent, entre l’intime et l’universel.
Le Matin d’Algérie : Comment le public réagit-il à vos poupées, en Algérie et à l’étranger ?
Bouali Messouda Hayet : Avec beaucoup d’admiration et de curiosité. Les gens sont impressionnés de voir une poupée habillée avec tant de fidélité — ceintures, manches, accessoires, rien n’est laissé au hasard.J’ai reçu des demandes de plusieurs villes d’Algérie : Alger, Oran, Batna, Tlemcen… mais aussi de l’étranger : France, Mexique, Canada.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous reçu des témoignages marquants de personnes touchées par votre travail ?
Bouali Messouda Hayet : Oui, beaucoup. Des messages très sincères, touchants. Des journalistes, des chaînes TV, des influenceurs, mais aussi des femmes, des mères, des jeunes filles qui se sont reconnues dans R’mila. C’est ce qui me pousse à continuer.
Le Matin d’Algérie : Que ressentez-vous en voyant vos poupées voyager hors d’Algérie, comme au Mexique ou au Canada ?
Bouali Messouda Hayet : C’est une fierté immense, difficile à décrire.R’mila est le nom de mon douar natal. Je n’y ai pas vécu, mais je l’ai toujours porté dans mon cœur.
Alors voir cette poupée — ma création — voyager avec sa tenue à travers le monde, c’est comme voir mon village se déplacer, exister, rayonner.
Le Matin d’Algérie : Envisagez-vous de développer R’mila dans d’autres formats (livres, vidéos, expositions…) ?

Bouali Messouda Hayet : Oui. Des expositions ont déjà eu lieu à Batna pendant le mois du patrimoine. Des vidéos et peut-être même un livre sont en réflexion. Cela dépendra des moyens, mais je suis motivée.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets pour transmettre ce savoir-faire à d’autres générations ?
Bouali Messouda Hayet : Oui, c’est fondamental. Mais il faut du temps, de la préparation, et un encadrement solide. J’espère mettre cela en place bientôt.
Le Matin d’Algérie : Que signifie, pour vous, le mot “transmission” dans un monde en constante évolution ?
Bouali Messouda Hayet : La transmission, c’est la clé de la survie culturelle. C’est refuser de disparaître dans l’uniformité mondiale. C’est un acte de résistance, un lien vivant entre le passé et l’avenir.Transmettre, c’est dire aux générations futures : “Voici d’où tu viens. Ne l’oublie jamais.
Entretien réalisé par Djamal Guettala
la mémoire, une réalité à désaliéner le présent pour un retour au future pour savoir d’où l’on vient pour savoir ou l’on va. Dihya trouvera la paix et le juste sommeil éternel de voir ses enfants rehabiliter son combat et sa grandeur. Petit à petit l’oiseau fait son nid et le retour aux sources est certain avec la volonté et la ténacité de la volonté de se réaffirmer. Petites rigoles pour donner petits ruisseaux, petits ravins puis rivières qui châtieront sur leurs passages à retrouver leurs lits d’antan pour se jeter paisiblement dans la mer après avoir détravesti l’histoire. Chapeau bas Madame, que d’espoirs avec votre initiative si fertile à décomplexer pour s’assumer et assumer sa réalité existantielle. Bon courage et que les Aurès et l’Afrique du Nord entière renouent avec sa propre identité. On ne peut se construire avec l’identité d’un autre!
Le nord africain est le plus perturbé de l’espece humaine. La cause, c’est la perte de ses repères historique, et l’invention de personnages fictifs tels que Dihya/ Kahina., Kocila et Oqba. Une perte de repères voulue par le Vatican et ses saints franco-anglais.
Je te donne un million d’euro si tu cites le nom d’une seule personne qui a vu cette Dyhia/ Kahina.
Affidé igerrzen. Bonne continuation
Affud igerrzen. Bonne continuatio.
C’est ridicule ! Sous couvert de mémoire, on propage et glorifie le signe esclavagiste que représente le foulard islamique, instrument de soumission de la femme !
On te parle de poupée. Elles portent le voile si elles veulent, personne ne les obligent. Que ça te plaise ou non. Ton commentaire n’a aucun sens
Quand on confond l’habit traditionel avec l’habit de tous les jours, on n’avance pas. Je suggeste a cette femme de ne jamais voyager en train, voiturte ou meme avion si elle a de la chance de le faire mais plutoit utiliser son bourricot, au non de cette tradition perpetuelle dont elle parle.