Les forces spéciales britanniques sont-elles impliquées dans des crimes de guerre en Irak et en Afghanistan ? C’est la question soulevée par un documentaire explosif que la BBC s’apprête à diffuser ce lundi 12 mai. Réalisée dans le cadre de l’émission d’investigation Panorama, l’enquête s’appuie sur les témoignages d’anciens soldats et la consultation de documents internes de l’armée britannique.
Déployées aux côtés des forces américaines dans les années 2000 pour combattre les talibans et al-Qaïda, les unités d’élite britanniques – en particulier les SAS et SBS – auraient été impliquées dans des exécutions extrajudiciaires, y compris de civils, d’enfants et de prisonniers, en violation flagrante des conventions internationales encadrant les conflits armés.
Certains témoignages recueillis par les journalistes sont accablants. Un ancien militaire évoque une opération durant laquelle un homme non armé aurait été abattu à bout portant, sans représenter la moindre menace. Un autre décrit l’exécution d’un jeune garçon menotté, affirmant que ce type d’actes se serait produit à plusieurs reprises.
Selon les révélations de la BBC, ces agissements n’auraient rien d’isolé. Les escadrons des forces spéciales tenaient des « kill counts », des comptes rendus du nombre de personnes tuées, parfois présentés sous forme de vidéos inspirées de jeux vidéo. Cette pratique aurait même alimenté une compétition entre unités.
Le documentaire révèle également l’existence d’un maquillage systématique des opérations. Des armes auraient été placées auprès des corps pour simuler une menace, et des rapports post-mission auraient été falsifiés pour dissimuler des bavures. Une analyste en charge de la vidéosurveillance durant les opérations affirme avoir été sommée de garder le silence après une attaque ayant coûté la vie à une famille civile, victime d’une erreur d’identification.
Plusieurs vétérans affirment que ces pratiques étaient connues jusqu’au plus haut niveau de l’appareil militaire et politique britannique, y compris par l’ancien Premier ministre David Cameron. Des documents internes indiquent que la police militaire aurait sciemment interrompu certaines enquêtes sur ces allégations.
Si une enquête publique est actuellement en cours au Royaume-Uni, elle ne concerne que les opérations en Afghanistan, sur une période restreinte de mi-2010 à mi-2013. Or, les éléments présentés par la BBC étendent les faits présumés à l’Irak et à une période allant jusqu’à 2006, voire au-delà.
Ces révélations éclaboussent les forces spéciales britanniques et viennent alimenter un sentiment d’impunité face à des violations graves du droit international, alors qu’aucune sanction n’a, à ce jour, été prise à l’encontre des soldats mis en cause.
La rédaction/AFP/RFI