19 février 2025
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Rupture fatale entre Algériens d’ici et de là-bas ?

Jamais la formule « diviser pour régner » n’aura pris un sens aussi proche de la réalité que depuis l’arrestation et l’incarcération de Boualem Sansal dans les geôles d’Alger.

En effet, on assiste à des positions et des prises de bec diamétralement opposées entre binationaux engagés et intellectuels restés au pays. Il suffit de lire un article dédié à notre écrivain où les commentaires sont permis pour y déceler une fracture béante entre les camps protagonistes.

Il faut dire que c’est toute la fibre sensible patriotique qui est éveillée par un pouvoir qui fait des déclarations de Boualem Sansal une ligne rouge largement dépassée. On ne badine pas avec les interactions entre les frères ennemis que sont le Maroc et l’Algérie…toute déclaration qui s’écarte de la langue de bois officielle est considérée comme de la traîtrise, voire de la haute trahison.

Traître, harki, collabo, etc. Les qualificatifs ne manquent pas pour jeter l’opprobre sur tous ceux qui pensent autrement et osent l’affirmer.

Dire que les frontières sur Terre ont été tracées par les hommes pour s’octroyer plus de terres est une évidence qui ne nécessite aucune démonstration. Qu’on le veuille ou non, le Maroc et l’Algérie n’échappent pas à cette règle historique, mais d’ici à emprisonner ceux qui osent dire telle vérité est une dérive grave.

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De toute façon, cette histoire de frontières, invoquée à tout va, est un prétexte à travers lequel on cherche à cacher des problèmes hautement plus dangereux pour le régime. À titre d’exemple, quand le FFS avait pris les armes contre la dictature de Ben Bella et Boumediene, le pouvoir avait vite fait de taxer ce parti de sécessionniste. Et le tour est joué pour déclencher des réactions anti-kabyle primaires.

Je me souviens, comme si c’était hier, du regard de mépris de certains de mes camarades en cours de récréation au collège Sarrouy d’Alger. J’avais beau essayer de comprendre, à l’époque, cela me dépassait … je crois même que j’en avais voulu à Hocine Aït Ahmed.

Au-delà du cas Boualem Sansal qui a été décortiqué dans ses moindres détails, quid des Algériens frappés d’ISTN et qui ne le découvrent qu’à l’Aéroport, au moment de rentrer chez eux, dans cet ailleurs où s’exprimer est loin de constituer un délit ?

Qui ne connaît pas une ou plusieurs personnes refoulées du port ou de l’aéroport ces dernières années ? Il suffit de discuter avec l’Algérien lambda pour réaliser que des cas d’ISTN se comptent désormais par dizaines de milliers, les uns pour quelques phrases anti-pouvoir écrites sur Facebook et d’autres pour avoir été pris en photo dans des marches qui dénoncent la dictature du régime. Cas typique celui de cet étudiant aux USA qui a été retenu au pays pendant un an.

Le régime a tissé des toiles de répression, dans tous les pays, qui ne mettent personne à l’abri. Il n’est pas exagéré de dire que la peur de rentrer au pays gagne de plus en plus de compatriotes.

Rentrer, c’est se suicider m’a récemment confié un ami.

Corollaire : restons chez nous et profitons du confort que nous offrent nos pays d’accueil, la France en premier, en attendant que Tebboune ne soit ramené à la raison par quelque responsable doté d’un tant soit peu de raison. On peut toujours rêver !

Kacem Madani

21 Commentaires

  1. Salut, Kacem Madani !…
    Si Sansal avait été refoulé d’Alger, j’aurais pu comprendre. Bon, il a dit des choses qu’on lui reproche, et il ’est pas le bienvenu chez eux. Je dis bien chez « eux » parce qu’ils se comportent comme les propriétaires du pays. Ça n’aurait pas été honorable et noble de leur part, mais ç’aurait de bonne guerre: tu ne reconnais même pas les frontières du pays où tu es né, alors tu n’y es pas le bienvenu, va-t-en !
    Mais de là à arrêter un homme pour avoir dit ce qu’il pense, il y a un abîme.
    Moi je n’ai pas attendu Tebboune pour me demander si serai retenu à l’aéoroprt en sortant d’Alger. Chaque fois que je m’y rends depuis le temps de Boumediène, même avec « l’aurorisation de sortie » dans la poche, au retour ce n’est qu’après le décollage de l’avion que je me sens « libéré. »

      • Si seulement « ils » avaient un plan bien arrêté, bien clair pour l’avenir du pays, comme le fait la Chine depuis 50 o 60 ans, on pourrait se dire que bon, on ne se sent pas libres, mais enfin la prospérité – même seulement matérielle – est à ce prix. Un jour, peut-être lointain, peut-être proche, ce sera le tour de la liberté d’être au menu. Après tout, il y a 60-75 ans, les pauvres chinois, habitués aux famines et catastrophes de toutes sortes, n’osaient pas prendre au sérieux le parti communiste quand il promettait un bol de riz chaque jour pour chacun. Ça semblait trop beau, des promesses creuses, impossibles à réaliser. Le niveau de vie atteint aujourd’hui justifie au moins en partie le musellement de la « gueule » du peuple.
        Mais rien de tel au bled. Juste la hogra pour la hogra.

        • Bien vu. En 62, l’Algérie était au même niveau que l’Espagne. Si nos gouvernants s’étaient occupés de l’Algérie au lieu de s’agiter sur la scéne internationale, nous serions au même niveau que l’Espagne. Mais depuis 62, nous sommes sou la botte de colonels et de généraux qui ne veulent t pas d’une Algérie prospère, ils ne peuvent pas d’une économie d’abondance. Ils veulent une économie de pénurie. Ils veulent un peuple empêtré en permanence dans des questions de survie. C’est le seul modèle économique qui permet à des généraux illégitimes de garder le contrôle sur l’Algérie.

          • Ils ne veulent pas que le pays se developpe du tout parce que le peuple se portera mieux, se sentira a l’aise et pourra avoir des idées grandioses. Ainsi ils seront inutiles, ce qui monterea leur incompétence sauf dans la ruse et le mal.
            Donc leur seul objectf est de rendre le peuple pauvre et pshychologiquement et physiquement malade. Ainsi il ne pourra jamais lever la tête pour dire montrer sa souffrance.

            • Azul à thargazthe
              Bonjour Madame
              C’est vraiment le cas
              Au début c’était oulach zalamith
              Oulach loubia
              Interdit la construction d une maison même sur son propre terrain

              Très bonne analyse
              Chapeau bas

    • AZUL KICHI
      Avec un passeport AMERICAIN tu n’auras aucun problème.
      Quand tu rentres en ANEGERIE à l’atterrissage avant de sortir de l’avion il faut envoyer un message à un ami (celui par exemple qui est supposé venir t’accueillir) tu lui donne le signale que tu es en Anegérie.
      Avant de passer la police des frontières tu le signale à ton Ami en lui disant que tu es sur le point de franchir le poste de police et si tu ne lui donnes pas des nouvelles dans les 30 prochaines minutes il doit t’envoyer un message si tu ne réponds pas tu es IRTN ‘interdit de rentrer dans le territoire national) il doit alors avertir THE US EMBASSY.
      Ca c’est en rentrant
      En sortant c’est la même procedure.

      Le problème avec la France c’est qu’elle ne défend pas ses citoyens (sauf s’il sont d’extrême droite)

      • Salut, El Hassi. Merci pour ce tuyau. J’espère que tu as raison, mais ça ne m’empêchera pas de me faire du souci quand-même. Je dois te dire que j’ai été bloqué une fois pendant quatre mois. Ça fait bien longtemps, plus de 40 ans, mais le souvenir plane toujours sur ma tête.

        • Faut s’enregistrer avec l’Ambassade US a Alger et State Department, DC.
          A ta place j’attendrais que l’Ambassadrice actuelle « Lefty » soit remplace’e.

          Voici la list des gens Senateurs dont il faut te trouver les numeros et emails. Les laisser a quelqu’un in the US, avec qui tu prends contact every other day. Si tu as des pinpins, averti que se soit mentionne’ sur ce site. That’s all.

        • Nighak a Kichi , je t’assure que s’ils t’ont dans leur collimateur même God Embassy ne te sauvera pas.
          Quant à Sansal je ne suis pas du tout d’accord avec la présentation qui est faite ici. Il faut être naïf pour laisser croire qu’ils l’ont arrêté à cause de ses déblatérations ici où là. D’autres non moins méritant ont été arrêtés pour moins que ça. Entre nous je préfère que ce soit lui qui soit arrêté que toi ou Madani.

          • Soussem kan a Dda Hend. Le plus grand problème pour moi personnellement est l’imprévisibilité de ce « système. » On ne sait jamais à quoi s’en tenir avec eux. S’ils avaient clairement, officiellement, et durablement affiché leurs intentions et les règles de conduite qu’ils attendent du ghachis, au moins on y verrait clair et on prendrait une décision appropriée. Soit on avale sa dignité et on se soumet à leurs règles, soit on avale sa nostalgie et on reste où on est.

            • Tout à fait en phase ! tezrit la morfondeur enni igh d’isentaqen a yamdakul

              La peur est un sentiment irrationnel a yamdakul. Moi ça fait près de vingt ans que je n’y ai pas mis les pieds, je n’ai aucune intention d’y aller, mais rien que l’idée de m’y rendre me fait peur .

              Moi ça fait 50 ans que j’ai rompu avec les « Algériens de là-bas » sans faire partie des Algériens de quelque part. Je n’ai pas de proximité. Je n’ai plus aucun lien avec le piyé sans que ça soit la faute du pouvoir ou de qui que ce soit. Mais je crois que ce n’est pas là que se place la dichotomie. Si Sansal avait été compris il ne lui resterait que moi pour le soutenir ici. Sansal lui ne s’est occupé que de son propre fonds, il n’a jamais défendu personne. Sansal est une star , il a des fans mais pas d’amis. De toute façon même s’il devait le leur braire ils ne le comprendraient pas ainsi.
              Ce que je voulais dire, c’est que si je voulais défendre la liberté d’expression je ne prendrais pas ce train-là. Car ni le pouvoir ni Sansal ne sont des analyseurs pertinents. D’un côté tu n’as presque que des critiques systématiques et une meute ivarhache conditionnés qui sortent leurs crocs à la moindre occasion et de l’autre un pouvoir qui embastille loups, agneaux, ou lions sans prendre de gants.
              Quand tu as en face de toi des gens qui t’accusent d’être un suppôt du pouvoir dès que tu te singularise, si ce n’est toi c’est ton frère, qui eux aussi font feu de tout bois, lorsqu’il s’agit de s’attaquer au pouvoir, il te faut prendre mille précautions pour ne pas toucher l’ambulance ou le corbillard, le chat perché ou je ne sais quoi, malgré ta position hors de la controverse qui oppose soutiens et accusateurs de Sansal, tout le mode se retourne contre toi.

          • Comme le sens commun, le sens de la nuance n’a rien de commun sur terre. Le crétin George Bush fils l’a d’ailleurs déclaré ouvertement: Celui qui n’est pas avec nous est contre nous. Point barre.

        • Oui, si cet arabe a les poches pleines de fric et lui dit qu’il l’admire. Si tu es riche et que tu te prosternes à ses pieds comme un paillasson admiratif, il se contrefiche totalement de ta race, de ta religion ou de ton origine ethnique.
          La seule autre chose qui compte avec lui est d’être une belle femme, mais avec son âge maintenant je n’en suis plus sûr.

  2. Doué de raison ? Il faut regarder les choses en face : il n’y a plus personne de raisonnable, de réaliste, de responsable à la tête de l’Etat et de l’armée. Il n’y a plus que des gros cons psycho rigides. Il suffit de lire le projet de loi sur les partis politiques pour réalise que ce régime est à la dérive (mandat de 5 ans unique pour le chef d’un Parti… C’est Kelboune qui choisit ses « opposants », c’est Kelboune qui décide à la place des militants et des adhérents N’importe quoi !). Cela fait 63 ans que l’on vit comme en Corée du nord sans s’en rendre compte…. Petit à petit, les algériens et les algériennes ont été isolé du reste du monde, petit à petit ils ont fermé l’Algérie, petit à petit, ils ont invisibilisé les algériens et les algériennes… Petit à petit, aux yeux des autres peuples, l’Algérie est devenue un trou noir. Doucement, à petite dose… Aujourd’hui, je me sens comme cette personne dans une pièce dans laquelle la température baisse doucement, progressivement et qui, au moment où elle découvre qu’elle est frigorifiée, réalise qu’il est trop tard.
    Et pourtant, tous ceux qui ont plus de 40, 50 ans le savent : à l’indépendance, nous étions un pays et un peuple avec un immense capital de sympathie de la part des autres peuples, y compris avec le peuple français. Nous étions enfin en paix et nous n’aspirions qu’à une seule chose : être en paix avec nous mêmes et avec les autres peuples de la terre. Nous étions un peuple qui aimait tout et tout le monde : la France, les Etats Unis, l’Europe, l’Australie, la nouvelle Zélande, les pays de l’Est, le Maroc bien sûr. Tout le monde ne nous voulait que du bien, y compris la France, y compris le Maroc, y compris les Etats unis, l’Europe. Mais voilà, ces salopards de Colonels et de généraux nous ont interdit d’aimer les autres et on a interdit aux autres de nous aimer. Ces salopards qui dirigent l’armée ne nous ont pas seulement confisqué l’indépendance, ils nous ont confisqué la paix elle même, la réconciliation elle même. Ils nous ont confisqué le droit de tout peuple à la paix, l’amitié et la fraternité avec les autres peuples. C’est la pire chose qui nous ait été imposé : l’interdiction d’aimer et d’apprécier les autres, l’interdiction d’être aimé et d’être apprécié des autres. L’obligation de voir les autres pays comme de potentiels prédateurs qui en veulent à nos maigres richesses (nous ne sommes pas dupes : la seule armée au monde qui pille depuis 62 les richesses algériennes, c’est l’armée algérienne). Nous avons affaire à des pervers narcissiques : pour garder le contrôle sur nous et sur le pays, ils ne peuvent pas faire autrement que de nous isoler et de nous faire détester partout où on va. Mais ils ont été trop loin dans la stratégie d’isolement puisque désormais eux aussi ils sont isolés. Ils ont été trop loin dans leur démarche belliqueuse : les algériens ont accepté de tout subir mais ils n’accepteront pas l’embargo et la guerre vers lesquels Kelboune et ses chiens de généraux sont en train de nous mener. Les algériens veulent la paix avec nos frères marocains, les algériens veulent la réconciliation définitive et sans conditions avec la France, les algériens veulent que le gouvernement qui leur est imposé s’occupe des affaires de l’Algérie et cesse de s’agiter sur des terrains en Afrique, au moyen Orient sur lesquels nous n’avons aucun poids.

    • AZUL BLEK (j’en garde un bon souvenir de mes lectures juvéniles)
      Tout le monde ne nous voulait que du bien, y compris la France, y compris le Maroc, y compris les Etats unis, l’Europe. Mais voilà, ces salopards de Colonels et de généraux nous ont interdit d’aimer les autres et on a interdit aux autres de nous aimer.

      Tu as sans doute RAISON sauf le MAROC il ne faut pas oublier la guerre des sables c’est grace à cuba, et d’autres pays frères idéologiques que la guerre a été stoppée.

      Bien à toi

  3. « restons chez nous et profitons du confort que nous offrent nos pays d’accueil, la France en premier »
    C’est ce que disaient les rescapés Harkis désarmés arrivés en France à partir de 1962 après avoir échappé aux massacres perpétrés par les « combattants » de la dernière heure du FLN et des foules excitées et hystériques surtout dans les campagnes.

  4. Entre les deux, il y a des Kabyles Apatrides
    » Ils m’ont enlevé chez moi, dénudé. »

    Slimane Bouhafs raconte qu’il a été enlevé par 4 individus armés de nationalité algérienne, chez lui en Tunisie. » J’étais dans ma douche lorsque 4 individus se sont introduits chez moi. Ils m’ont ligoté et ont mis un sac noir sur ma tête. Tout nu, ils m’ont fait sortir de chez moi et ils m’ont jeté dans une camionnette. Après plusieurs heures de route, ils m’ont fait descendre dans une forêts, toujours nu. Ils m’ont tabassé et l’un d’eux a même uriné sur mon visage », raconte Slimane Bouhafs qui nous a même montré les cicatrices de ses agresseurs. Il dit qu’il a été transféré vers l’Algérie par la voie des contrebandiers.

    Une fois en Algérie, il a subi les pires méthodes de torture. La passivité des autorités tunisiennes dans l’enlèvement de Slimane par les services secrets algériens, le 25 août 2022 n’est plus à démontrer. Il était pourtant réfugié politique et bénéficiait d’une protection internationale, appelée la convention de Genève que la Tunisie a signé, mais n’a pas respecté.

    Aujourd’hui, Slimane Bouhafs vit la peur au ventre jour et nuit. Aucune organisation n’est venue à son aide en Algérie. Il n’a même pas le droit à une carte d’identité ni passeport. Ses jours sont en danger réel. Il ne sait pas quoi faire. Il lance un énième appel de détresse dans l’espoir de trouver quelque part une oreille attentive.

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