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 Russie : bravade ou realpolitik de la part de Tebboune ?


Abdelmadjid Tebboune, a déclaré que les relations bilatérales entre l’Algérie et la Russie sont historiques et s’étendent sur 60 ans. « Les relations avec la Russie se poursuivent et ne changeront pas », a-t-il ajouté.

Selon ce qui a été rapporté par l’agence de presse algérienne, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que les relations bilatérales entre les deux pays poursuivent leur trajectoire et ne changeront pas, quelles que soient les circonstances internationales, expliquant que l’Algérie a aujourd’hui retrouvé sa force politique et économique et aspire à figurer parmi les puissances économiques et industrielles d’Afrique. Il a même appelé à accélérer l’adhésion de l’Algérie aux BRICS pour « faire partie d’un autre système que le dollar et le l’euro » ! Incroyable !

Le chef de l’Etat a indiqué que cette visite est la première, car elle intervient dans des circonstances politiques particulières et confirme la pure amitié entre les deux pays, exprimant son regret que les relations économiques entre les deux pays soient encore faibles.

Abdelmadjid Tebboune a souligné que les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Russie en dehors du domaine de la défense nationale avoisinent les 40 millions de dollars, exprimant son espoir de voir les relations économiques entre les deux pays se renforcer dans tous les domaines.

Les propos du chef de l’Etat algérien sont à analyser à l’aune des bouleversements géopolitiques actuelles sur fond du choc frontal entre la Russie et les USA d’un côté et ses alliés occidentaux de l’autre qui soutiennent militairement et politiquement l’Ukraine dans sa riposte à la guerre que lui a déclarée Vladimir Poutine.

Une  guerre que les Américains et tous les pays du clan occidental et de l’OTAN considèrent comme une agression contre leurs intérêts stratégiques sur le plan géopolitique, économique et financiers.

On notera le ton ferme et sans nuances du chef de l’Etat qui s’affranchit dans son propos  de la prudence et de la retenue diplomatique qu’imposent les enjeux et les défis qui caractérisent la scène géopolitique et les intérêts des États dans un contexte international trouble et chargé d’incertitude. Tout porte à croire que sa rencontre avec Vladimir Poutine lui a fait perdre son sang-froid.

L’attitude d’Abdelmadjid Tebboune dérogeant aux positions du juste milieu, à la politique de non-alignement prônée depuis toujours par les dirigeants algériens et réitérée récemment encore par le chef de l’Etat prend l’allure d’une bravade, d’un défi aux adversaires de la Russie, aux conséquences imprévisibles pour notre pays.

Il y a donc lieu de s’interroger sur les réelles motivations de cette volonté de s’afficher aux côtés de Vladimir Poutine qui reste sous le coup de poursuites de la Cour pénale internationale, (CPI).

Abdelmadjid Tebboune a-t-il été convaincu, au cours de son séjour moscovite qui se poursuit jusqu’à vendredi, de l’imminence de l’aboutissement du projet engagé par  Vladimir Poutine pour imposer un nouvel ordre dans les relations internationales. Ou bien a-t-il cédé devant quelque pression des Russes en contrepartie du coup de pouce de ces derniers pour l’adhésion de l’Algérie aux BRICS ?

Attendons devoir si la démarche du chef de l’Etat n’est que pure bravade ou un acte dicté par la realpolitik.

Samia Naït Iqbal

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