Chaque année, l’événement Vivacité à Marseille met en lumière les associations actives dans la ville. Lors de ma visite, mon attention a été attirée par Tous Réfugiés, une organisation particulièrement engagée dans l’accompagnement et l’intégration des personnes réfugiées.
Après ce passage, j’ai recontacté Madame Safa Ben Salem Gatri, Secrétaire Générale, pour un entretien. Elle revient au Matin d’Algérie sur la mission, les défis et les ambitions de Tous Réfugiés, tout en rappelant combien l’accueil des réfugiés constitue une richesse pour Marseille.
Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous nous présenter la mission centrale de Tous Réfugiés à Marseille et sa traduction concrète au quotidien ?
Safa Ben Salem Gatri : Notre mission est de favoriser l’accueil, l’accompagnement et l’intégration des réfugiés. Concrètement, cela se traduit par un soutien administratif, des cours de français, mais aussi par des moments conviviaux qui recréent du lien social avec les bénéficiaires.
Le Matin d’Algérie : À quoi ressemble une journée type au sein de l’association ?
Safa Ben Salem Gatri : Une journée commence souvent par l’accueil des personnes réfugiées dans nos locaux, où elles peuvent rencontrer un bénévole pour être orientées selon leurs besoins. Des groupes se forment par niveau. On a différents groupes A1, A2, …
Le Matin d’Algérie : Quels sont les services ou programmes ayant le plus d’impact ?
Safa Ben Salem Gatri : Les cours de français et l’aide à l’insertion professionnelle ont un impact déterminant. Pouvoir communiquer et travailler, c’est retrouver dignité et autonomie. Nos programmes de mise en relation avec des familles marseillaises jouent aussi un rôle fort en créant des ponts culturels et amicaux.
Le Matin d’Algérie : Comment mesurez-vous l’efficacité de vos actions ?
Safa Ben Salem Gatri : Nous mesurons notre efficacité à travers des indicateurs concrets (nombre de personnes inscrites, nombre d’adhérents, les personnes sur la liste d’attente…), mais aussi via des témoignages et des retours qualitatifs des bénéficiaires. Nous organisons régulièrement des bilans pour ajuster nos méthodes.
Le Matin d’Algérie : Quelles sont les principales difficultés organisationnelles et logistiques auxquelles vous faites face ?
Safa Ben Salem Gatri : Nous faisons face à un manque récurrent de moyens financiers et de locaux adaptés. Les démarches administratives complexes ralentissent aussi nos actions. Enfin, la demande est souvent supérieure à nos capacités d’accueil, ce qui nécessite des choix difficiles.
Le Matin d’Algérie : Comment mobilisez-vous et formez-vous vos bénévoles ?
Safa Ben Salem Gatri : Nous organisons des sessions d’accueil et de formation régulières. L’accompagnement par binôme permet aux nouveaux bénévoles d’apprendre en situation, sans être seuls face à des cas complexes.
Le Matin d’Algérie : Quels sont vos partenariats locaux ou institutionnels essentiels ?
Safa Ben Salem Gatri : Nous collaborons avec la mairie, les centres sociaux, les associations de quartier, les universités. Les partenariats avec les organismes de formation et Pôle emploi sont également essentiels pour accompagner les réfugiés vers l’autonomie.
Le Matin d’Algérie : Vos campagnes de sensibilisation permettent-elles de déconstruire certains stéréotypes ?
Safa Ben Salem Gatri : Nous combattons l’idée que les réfugiés “prennent” quelque chose aux habitants. Au contraire, ils apportent des compétences, une richesse culturelle et une énergie à notre ville. Nous déconstruisons aussi le stéréotype du “profiteur” en rappelant que la majorité des réfugiés souhaitent travailler, apprendre et contribuer.
Le Matin d’Algérie : Pouvez-vous nous donner un exemple concret d’intervention réussie ?
Safa Ben Salem Gatri : Nous avons récemment accompagné une famille syrienne dans leur démarche administrative. On a aussi réussi à aider et à sauver un Algérien qui était venu avec son enfant malade, mais qui n’avait pas trouvé d’aide. Grâce à Tous Réfugiés, le monsieur et son enfant ont pu obtenir un logement, l’enfant a reçu les soins nécessaires et ils ont été régularisés.
Le Matin d’Algérie : Quels sont vos projets et ambitions à venir ?
Safa Ben Salem Gatri : Nous souhaitons développer un centre d’accueil plus vaste et ouvert, où se côtoieraient accompagnement administratif, apprentissage du français, formation professionnelle et espace de convivialité. Nous travaillons aussi à renforcer nos liens avec les entreprises marseillaises pour favoriser l’embauche des réfugiés.
Le Matin d’Algérie : Quel message souhaitez-vous adresser aux citoyens de Marseille ?
Safa Ben Salem Gatri : Nous aimerions dire aux Marseillaises et aux Marseillais : l’accueil des réfugiés n’est pas seulement un geste humanitaire, c’est une richesse pour notre ville. Chacun peut contribuer, par un peu de temps, un sourire, une aide matérielle ou professionnelle. Ensemble, nous pouvons construire une cité solidaire et ouverte, fidèle à l’esprit d’hospitalité méditerranéenne.
Entretien réalisé par Djamal Guettala