Trois jours après l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies d’une nouvelle résolution sur le Sahara occidental, l’Algérie a réagi officiellement par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.
Dans un entretien accordé dimanche soir à la chaîne internationale AL24 News, le chef de la diplomatie algérienne a livré une lecture résolument optimiste du texte, à rebours des analyses qui y voient un revers pour la diplomatie algérienne.
Alors que plusieurs observateurs estiment qu’Alger n’a pas réussi à contrer le texte américain — jugé favorable au Maroc et à son projet d’autonomie pour les territoires sahraouis — M. Attaf affirme, au contraire, que la résolution “préserve le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui” et “met en échec les tentatives marocaines d’imposer un règlement unilatéral”.
Le ministre a expliqué que “le Maroc a voulu profiter de cette échéance pour faire disparaître la MINURSO, imposer son projet d’autonomie et éliminer définitivement le principe de l’autodétermination”. Ces objectifs, selon lui, apparaissaient clairement dans la première version du texte — le Draft Zero — “biaisé en faveur d’un seul camp”.
Face à cela, “huit États, dont l’Algérie, ont proposé des amendements afin de rééquilibrer la résolution”, a-t-il précisé. À l’issue des discussions, le mandat de la MINURSO a été renouvelé pour une année complète — “et non pour trois mois comme prévu initialement” —, tandis que la référence à l’autonomie n’a pas été érigée en solution unique. “Le texte final maintient ouvertes plusieurs pistes de règlement”, a insisté M. Attaf.
Le ministre a souligné que “le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination demeure reconnu” et que “le lien que Rabat voulait établir entre autonomie et autodétermination a été rompu”. Il a également salué la clarté du texte onusien, qui identifie explicitement les deux parties au conflit — le Maroc et le Front Polisario —, sans inclure l’Algérie. “L’ambiguïté entretenue par Rabat pour présenter ce différend comme un conflit maroco-algérien n’a plus lieu d’être”, a-t-il affirmé.
M. Attaf a rappelé les trois principes fondamentaux de la position algérienne : le cadre onusien comme seul cadre légitime de traitement du dossier, la reconnaissance du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, et la nécessité de négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario.
Le chef de la diplomatie algérienne a également évoqué “une évolution notable” de la position américaine. Citant le conseiller du président Joe Biden, Massad Boulos, il a relevé que Washington “ne considère plus l’autonomie comme unique cadre de règlement” et admet “la nécessité de consulter le peuple sahraoui, notamment par voie de référendum”.
Selon M. Attaf, les États-Unis “distinguent désormais leur position nationale de leur rôle de médiateur” et “manifestent leur volonté de travailler sous l’égide des Nations unies, conformément au droit international et aux pratiques onusiennes en matière de décolonisation”.
En conclusion, le ministre a rappelé que “dix-sept territoires figurent encore à l’agenda de l’ONU comme entités non autonomes”, estimant “inconcevable que le Sahara occidental soit le seul à être privé du droit à l’autodétermination”.
“Ce droit reste la pierre angulaire de toute solution”, a-t-il insisté, avant de considérer que la résolution adoptée “reflète les principes défendus par l’Algérie et les huit États ayant contribué à son rééquilibrage”.
Ainsi, pour Alger, loin d’un échec diplomatique, le dernier vote du Conseil de sécurité constitue un signal encourageant : celui du maintien du Sahara occidental dans le cadre onusien et du rejet de toute tentative d’imposer un fait accompli.
Samia Naït Iqbal

