Samedi 2 mars 2019
Saïd Bouteflika, arrête, tant qu’il est encore temps !
Des journalistes ont été arrêtés et embarqués jeudi, cela me fait toujours frémir d’horreur. Saïd, tu aurais pu t’enfuir comme tous les monstres laissant derrière eux, désolation et ruines.
Tu as préféré rester, tu en assumeras les conséquences jusqu’au bout. Tu perdras tout, dans la déchéance et le déshonneur carcéral. Mon abjection pour la peine de mort me protège d’une mauvaise pensée à ton égard. Saïd, arrête, tant qu’il est encore temps !
Je suis toujours outré jusqu’aux hurlements de voir un journaliste incarcéré comme tout autre citoyen pour le simple fait d’avoir relaté une réalité pour l’un et exprimé son sentiment pour l’autre. Une vingtaine de journalistes viennent encore de connaître l’horreur de ton monde, Saïd, par une arrestation honteuse.
C’est un crime qui justifie que les peines soient alourdies lors de la sentence finale car les démocrates ne pensent jamais au lynchage dans les rues mais à la justice républicaine.
Elle ne saurait avoir la main qui tremble pour juger et condamner des plus lourdes peines possibles ceux qui sont allés jusqu’au bout de leur cynisme. Cet assassinat dure depuis un demi-siècle et les barbares sont acharnés dans leur conviction à rester éternellement pour terroriser les foules et les piller jusqu’aux dernières guenilles sur le dos. Tu es à leur tête, Saïd, t’en rends-tu compte ?
Tu ne peux échapper au jugement final car tu es, de fait, le porteur de la marionnette, celui qui a maintenu un dictateur jusqu’aux limites du dernier souffle. C’est toi qui dirige, au moins pour la folle décision du maintien de la candidature, tu ne saurais t’exempter de ta très lourde responsabilité, comme ta fratrie ne le pourrait.
Lorsqu’on a un frère grabataire, qui bave et ne s’exprime que par tremblements, c’est une abomination de vouloir le prolonger comme Président de la république au mépris des règles de la démocratie et de l’humanité. Ce jeu sordide à faire jouer à un vieillard un rôle dont il n’est même plus au courant n’est pas de l’ordre de l’humain mais de celui d’une bestialité sans nom.
Tu es celui de la fratrie qui a assumé, le plus ouvertement, un pouvoir occulte et sans partage, hors de tout texte constitutionnel, ce mot qui n’a jamais eu de sens pour toi.
Saïd, avant d’être assoiffé de pouvoir, tu as fréquenté, malgré tout, le lycée et tu es au courant de ce qui arrive aux despotes qui quittent le Palais trop tard.
Arrête, Saïd, déclare ton frère impotent et renonce à cette candidature épouvantable qui te coûtera encore plus cher si des jeunes de ce pays venaient à perdre la vie pour t’empêcher de vouloir, encore et encore, voler leurs biens les plus précieux, soit leur avenir, leurs choix et leurs rêves.
Renonce tant qu’il est encore temps, tant qu’il te reste un peu d’humanité, tant qu’il te reste l’once d’une intelligence. Il est déjà tard pour t’en sortir à bon compte, ne vas pas jusqu’au suicide car ton acharnement serait au prix d’une abomination dans les rues.
Laisse les suicides héroïques aux grands hommes de l’histoire, contente-toi de préparer ta défense et celle de tes frères ainsi que d’éviter un chaos au pays. Le reste est l’affaire de la justice des hommes.
Les juges, c’est vrai que tu les as tellement terrorisés qu’ils voudront faire oublier leur flagornerie et leur égarement. Ils auront la main lourde à ton égard car tu représentes la preuve encore vivante de leur compromission. Ils tenteront de l’éliminer, de la faire oublier. C’est ton choix, Saïd, c’est ton monde, il faut lui faire face aujourd’hui.
Arrête, Saïd, tu n’as aucun autre choix plus sage, tant qu’il est encore temps !