Par décret présidentiel cette semaine et ce depuis Paris, deux militaires lieutenant colonel (chargés d’études et de synthèse) ont été nommés par Saïd Bouteflika. Les cinq autres ont été nommés chefs d’étude alors que, selon notre source certains de fonctionnaires ont été recrutés depuis 2011 seulement.
La proposition de nomination a été faite par le directeur de l’informatique, Bouabana, un très proche de Saïd Bouteflika, et ce juste avant que le président ne tombe malade. Pendant ce temps, notre source proche de la présidence confie que Saïd Bouteflika bloque toutes les autres propositions qui viennent des autres structures, à savoir la direction de l’administration (DAG), la direction de l’information, la direction des télécommunications, la direction des relations publiques etc.
La raison ? Une vengeance du frère du président contre les anciens fonctionnaires qui sont pour quelques-uns à la présidence depuis l’ère de Chadli Bendjedid et d’autres du temps du mandat de Liamine Zeroual. Seuls ceux de l’informatique ou travaillant avec Rougab Sobt sont de fait promus. Les autres fonctionnaires sont bloqués dans leur avancement de carrière sans explication. L’exclusion de ces cadres a créé un malaise profond au sein des services concernés, ajoute notre source.
Pas seulement puisque cet acte est un précédent très grave. Car cette signature à la place du président contrevient fortement à la loi et constituerait une manigance frauduleuse inacceptable puisque l’article 87 de la constitution algérien énonce clairement que le Président de la République ne peut, en aucun cas déléguer son pouvoir dans la mise en œuvre des dispositions prévues aux articles 77, 78, 91, 93 à 95, 97, 124, 126, 127, et 128 de la Constitution. Or l’article 77 cite clairement parmi les pouvoirs et prérogatives qui ne peuvent faire l’objet d’aucune délégation, la signature du décret présidentiel qui, au même titre que le droit de grâce, le commandement de toutes les forces armées de la république ou la nomination du premier ministre, relève strictement de la seule autorité du président de la république.
En se livrant à un si grave subterfuge qui consisterait à faire croire que le président serait toujours en état de signer des décrets, Saïd Bouteflika agit au nom de la stratégie de « stérilisation » e l’article 88 qui précise bien que « lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil Constitutionnel, se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement. »