Mercredi 24 janvier 2018
Said Djebelkhir, l’empêcheur de prêcher en rond
L’un des facteurs sociaux qui empêche l’émergence d’une révolution intellectuelle en Algérie est la culture de l’ignorance entretenue par les « gardiens du temple » avec la promotion de « faux musulmans » qu’on voit prêcher à longueur de journée la haine et le mépris sur les plateaux télé, dans les journaux ou dans les mosquées.
La remise en cause de l’authenticité de hadiths est un péché capital qui provoque un tsunami d’indignation parmi ces individus bigots qui n’admettent pas que des compagnons du prophète ou des exégètes musulmans qui avaient rapporté ses dires des siècles après sa mort, aient pu se tromper, oublier… Toute conscience qui oserait leur apporter la contradiction est jetée en pâture à la vindicte islamiste. Des sectes très actives sur les réseaux sociaux qui guettent la moindre critique pour faire bloc et attaquer sans merci en employant leurs armes préférées : insultes, invectives et menaces de mort.
Dans le tas, un homme émerge par son courage : Said Djebelkhir. Après son passage à « l’Emission impossible » de BeurTV où il a démonté certains hadiths de Boukhari et Muslim – deux références qu’on dit être des justes pour les musulmans – les tenants de l’ignorance sacrée ont lâché contre lui la meute et l’attaquent sans pitié. Certains ont même demandé d’arrêter la diffusion de cette émission. Le comble, c’est un islamiste du nom d’Oussama Wahid, qui anime une émission dans la même chaîne qui enfonce le clou et crie au scandale et compare les déclarations du spécialiste du soufisme aux guerres de croisades contre l’islam.
Et comme d’habitude, c’est en Kabylie que son discours trouve auditeurs. Invité au café littéraire d’Aokas, Said Djebelkhir, a eu à s’exprimer en toute liberté devant une foule nombreuse venue l’écouter, le débat qui s’en est suivi était d’autant plus intéressant.
Cette région qui respire la tolérance est le seul rempart sur lequel se brise les vents intégristes du wahhabisme. Toutes les questions qu’on ne peut même penser dans les milieux conservateurs islamistes ont été posées sans détour et le conférencier a répondu en toute objectivité.
Said Djebelkhir s’est retrouvé dans son milieu naturel, dans une région qui a toujours cultivé une spiritualité apaisée, un islam traditionnel respectueux des autres croyances. La liberté de conscience est vécue en Kabylie, ce n’est pas un mythe, c’est une question tranchée depuis des années.