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Saïd Sadi : le Boumediénisme est de retour

Boumediene

Dans une contribution publiée sur ADN-Med à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance, l’ancien président du RCD, Saïd Sadi, soutient que « le boumediénisme est de retour » en Algérie (*).

Sans verser dans des analyses de hauts vols, petits rappels historiques pour comprendre qui est Boumediene et sa dérivée « le boumediénisme », à travers une analyse de Leïla Benmansour reprise du journal El-Watan daté du 30 décembre 2007 (**) :

Houari Boumediene était inconnu au bataillon jusqu’au coup d’État du 19 juin 1965.

Et comme si l’injure de ce coup d’État ne suffisait pas à ce peuple qui pleurait encore ses morts de la guerre de libération, il avait fallu qu’il marquât son règne en mettant en résidence surveillée celui qui avait donné sa vie pour que le peuple algérien puisse vivre dans la liberté et la dignité dans son propre pays, et ici nous nommons Ferhat Abbas.

Comme si un homme âgé alors de 77 ans, et qui sortit malade des prisons de Ben Bella, allait rendre les armes et déchoir Houari Boumediene du piédestal où il s’était placé sans demander l’avis du peuple !

Ferhat Abbas raconte dans son livre laissé pour la postérité L’indépendance confisquée : « Le 10 mars 1976, à 7h30, la police frappa de nouveau à ma porte. C’était le commissaire de police de Kouba, accompagné de deux policiers en civil. Il venait me signifier que j’étais placé en résidence surveillée dans ma propre villa. Il m’informa que mon téléphone allait être coupé et que toute visite était interdite. Ma pharmacie était confisquée et mon compte en banque bloqué.

Cette situation dura jusqu’au 13 juin 1977. Ce jour-là, à 22h, un inspecteur de police vint m’informer que la surveillance policière autour de ma demeure était levée et que je pouvais circuler librement. Mon passeport ne me fut rendu qu’après la mort de Boumediene, survenue le 28 décembre 1978. Quant à ma pharmacie, elle ne me sera restituée qu’en janvier 1982.

J’ai supporté cet arbitraire sans me plaindre. Je le considérais, dans le régime sous lequel nous vivions, comme étant dans la nature des choses. L’Algérie tout entière n’était-elle pas soumise au bon plaisir du pouvoir personnel et prisonnière de l’autoritarisme ? Lorsque le pouvoir ne repose sur aucune légalité et encore moins sur la légitimité, ces excès sont prévisibles » (pp 13-14).

Par le coup d’Etat du 19 juin 1965, Houari Boumediene a administré un coup de massue à la démocratie, et il a fait entrer Algérie d’un million et demi de chahid dans le chaos dont notre peuple aujourd’hui encore paye le prix fort.

Ceux qui vécurent la période boumediéniste, s’ils pouvaient parler, ils parleraient tous de dictature. Les prisonniers politiques à la suite du coup d’Etat se comptaient par milliers. Et le seul fait que personne ne pouvait élever la voix, que même en famille, ou entre amis, on chuchotait, et on avait peur les uns des autres, démontre du climat qui régnait à l’époque.

La fronde contre les francophones, contre la jeunesse estudiantine, contre les jeunes filles, contre les couples… C’était bien à l’époque de Boumediene. Ces années boumediénistes — marquées par la peur du gendarme, où tout un chacun avait peur de sortir, tant le risque de ne pas revenir chez soi était omniprésent.

Ces années boumediénistes où le peuple était confronté quotidiennement aux pénuries, même la pomme de terre algérienne que l’on trouvait sur les marchés de Paris était introuvable sur le marché algérien.

L’autorisation de sortie du territoire national instaurée sous l’ère Boumediene et qui était plus avilissante que le visa d’aujourd’hui, laissant le peuple prisonnier dans ses frontières.

Ce tableau sombre ressemble à s’y méprendre à cette Algérie nouvelle qui ne cesse de se renouveler en termes de désarroi collectif, de prisonniers politiques et de lendemains incertains.

Kacem Madani

(*)https://www.adn-med.com/2022/07/05/algerie-boumediene-hante-le-soixantieme-anniversaire-de-lindependance-par-said-sadi/

(**)https://www.elwatan.com/archives/idees-debats/les-points-noirs-du-boumedienisme-30-12-2007

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