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Sheikh Hasina : la fin d’un cycle autoritaire au Bangladesh

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Le Bangladesh retient son souffle. À Dacca, les rues sont quadrillées par la police et l’armée, les universités fermées et les médias sous surveillance. Dans les prochains jours, un tribunal spécial doit rendre son verdict contre l’ancienne Première ministre Sheikh Hasina, accusée de crimes contre l’humanité pour la répression meurtrière du soulèvement de 2024.

Le procureur général, Tajul Islam, a requis la peine de mort, affirmant que l’ex-dirigeante était la « cerveau et instigatrice principale » de la répression. Le procès, mené en son absence, accuse Hasina d’avoir ordonné personnellement les exécutions de manifestants étudiants et militants politiques.

Exilée en Inde depuis le 5 août 2024, Sheikh Hasina dénonce une « farce judiciaire ». Aucun avocat choisi par elle n’a été autorisé à la représenter ; un conseil commis d’office assure une défense minimale. Les avocats britanniques de l’ancienne dirigeante ont saisi les Nations unies, dénonçant un procès « bâti sur la vengeance politique » et privé de toute garantie d’équité.

Une transition sous contrôle militaire

Depuis sa chute, le Bangladesh est dirigé par un gouvernement intérimaire mené par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus. Trois jours après la fuite d’Hasina, Yunus a pris les rênes du pays en promettant une transition démocratique. Les élections sont annoncées pour février 2026, mais le principal parti d’opposition, l’Awami League, reste interdit.

Des dizaines d’anciens responsables politiques et militaires ont été arrêtés. Vingt-cinq ex-officiers, dont des chefs des services de renseignement, sont inculpés pour disparitions forcées commises sous le règne d’Hasina. Quinze d’entre eux sont détenus dans la prison militaire du cantonment de Dacca.

Entre justice et règlement de comptes

Pour nombre d’observateurs, le procès Hasina illustre la dérive d’un pays où la justice est l’instrument du pouvoir. Les chefs d’accusation – meurtres, tortures, usage d’armes létales contre des civils – renvoient à des faits avérés ; mais la procédure expéditive et l’absence de défense crédible ternissent toute prétention à l’impartialité.

Un rapport de l’ONU a recensé jusqu’à 1 400 morts lors des manifestations de l’été 2024. Le gouvernement intérimaire avance le chiffre de 800 morts et 14 000 blessés. Hasina et ses partisans, de leur côté, dénoncent des bilans gonflés pour justifier la répression post-coup d’Etat.

L’ombre de l’Inde

Sur le plan régional, la présence d’Hasina en exil en Inde embarrasse New Delhi. Longtemps alliée privilégiée du pouvoir d’Hasina, l’Inde se retrouve aujourd’hui accusée d’héberger une criminelle d’État. Dacca a convoqué le vice-haut-commissaire indien après des entretiens télévisés accordés par Hasina à des médias indiens, perçus comme une ingérence.

Une ère qui s’achève

Qu’on la déteste ou qu’on la regrette, Sheikh Hasina aura marqué le Bangladesh moderne. Fille du père fondateur Mujibur Rahman, elle a consolidé la croissance économique, mais aussi verrouillé l’espace politique et muselé la presse.

Son procès scelle la fin d’un cycle autoritaire, mais non encore l’avènement d’une véritable démocratie. Entre justice et règlement de comptes, le Bangladesh joue aujourd’hui son avenir politique, suspendu entre le désir de rupture et la tentation de la revanche.

Mourad Benyahia 

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