19 février 2025
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Simulacre de dialogue : le MEN persiste dans le mépris des revendications enseignantes

Le dernier communiqué du ministère de l’Éducation nationale (MEN) publié jeudi dernier se veut un appel au dialogue avec les syndicats enseignants, mais il s’apparente en réalité à une tentative maladroite de masquer la répression et l’intransigeance du gouvernement. 

Au lendemain d’une vague de protestations massives, d’une grève largement suivie et réprimée, et de l’arrestation de plusieurs enseignants et syndicalistes, le ton condescendant du ministère illustre une fois de plus le caractère autoritaire du pouvoir.

Un dialogue de façade, un ultimatum déguisé

Le MEN affirme dans son communiqué « réaffirmer son engagement à maintenir un dialogue ouvert et constructif avec les partenaires sociaux », mais cette déclaration sonne creux face aux événements récents. La grève des syndicats autonomes, notamment le Cnapest et le CLA, a été violemment réprimée, les enseignants grévistes ont été intimidés et  arrêtés. Conduits aux commissariats, ils seront relâchés après plusieurs heures de garde-à-vue et leur soumission à un examen de situation.

Dns ce contexte, parler d’« ouverture au dialogue » relève de la pure hypocrisie.

Pire encore, au lieu de reconnaître la gravité de la situation et de répondre aux revendications légitimes des enseignants, le ministère adopte une posture paternaliste, félicitant les syndicats qui ont « assuré le bon déroulement des cours » et invitant ceux qui contestent la loi controversée à soumettre leurs propositions « avant la date limite » fixée au 20 du mois en cours.

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 Loin d’un véritable appel au débat, ce communiqué ressemble davantage à un ultimatum imposé à des syndicats réprimés et criminalisés.

Un mépris flagrant des revendications syndicales

Les syndicats autonomes ne contestent pas seulement le contenu de la loi sur le statut particulier et le regime indemnitaire, mais dénoncent également un manque total de concertation en amont de son adoption. Au lieu d’intégrer les revendications des enseignants dans un cadre de négociation transparent, le gouvernement a imposé un texte rejeté en bloc par la profession. La réaction du MEN, en ignorant sciemment la contestation et en minimisant les conséquences de la répression, illustre une gouvernance autoritaire où la force prime sur l’écoute.

Le refus du ministère de reconnaître la grève et la vague de répression qui l’a accompagnée traduit une volonté de délégitimer les mouvements syndicaux opposés à la loi. Il ne s’agit pas ici d’un simple débat sur un texte de loi, mais d’une remise en cause plus large des libertés syndicales et du droit de grève dans le secteur de l’éducation.

Une fuite en avant du pouvoir

Comme le souligne l’universitaire et opposant politique Fodil Boumala dans un post publiésur sa page Facebook, « Face à la faillite de ses politiques sectorielles, à l’absence de débat public et à la suppression des libertés constitutionnelles, le pouvoir n’a d’autre solution que la répression ». Cette analyse reflète parfaitement la stratégie du gouvernement, qui, incapable de répondre aux revendications des enseignants, choisit la voie de l’intimidation et de la répression au lieu de la concertation.

Ce communiqué du MEN, loin d’apaiser les tensions, risque d’exacerber encore plus la colère des enseignants et des syndicats. En fermant la porte à une véritable négociation et en persistant dans le mépris des revendications, le gouvernement se dirige vers une confrontation prolongée qui pourrait gravement impacter le système éducatif.

Si le ministère veut réellement prouver sa volonté de dialogue, il devra commencer par cesser la répression et ouvrir de véritables négociations avec l’ensemble des syndicats. À défaut, ce simulacre de concertation ne sera perçu que comme une énième manœuvre pour imposer une loi rejetée par ceux qui font vivre l’école au quotidien.

Quatre syndicats vent debout

Quatre syndicats de l’éducation nationale, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (CNAPESTE), le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (SNAPEST), le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) et l’Organisation des enseignants du moyen, ont émis des réserves concernant certains aspects contenus dans le nouveau statut particulier des fonctionnaires du secteur.

Au  lendemain de l’approbation en Conseil des ministres du statut particulier des fonctionnaires du secteur de l’éducation nationale, le ministre Mohamed Seghir Saâdaoui a réuni les représentants des syndicats du secteur auxquels il a exposé les grandes lignes du projet. Cependant, certains aspects de ce nouveau statut n’ont pas encore convaincu tous les partenaires sociaux. Ils ont exigé le brouillon de cette loi avant sa promulgation par le gouvernement.  Ce que le ministre de tutelle a refusé. 

Ce statut, qui régit les conditions de travail, les salaires, les promotions et les droits des enseignants et autres employés, a suscité moult interrogations et même un mécontentement chez les quatre syndicats en question, qui ont qualifié certains de ces aspects de « contradictoires » par rapport aux instructions et engagements du président de la République.

Dans un communiqué rendu public, la coalition syndicale a relevé plusieurs réserves. Ainsi, ces syndicats dénoncent le non-respect des directives du président de la République, qui avait demandé l’élaboration d’un statut visant à valoriser et renforcer la place des enseignants dans le secteur de l’éducation.  

Cependant, s’en remettre à l’arbitrage du chef de l’Etat soulève un flagrant manque de discernement politique de la part de ces syndicalistes. Ces militants ignorent ou font mine d’ignorer que le contenu de la loi portant statut particulier et régime indemnitaire qu’ils ont bruyamment rejetté a été promulgué par le Conseil des ministres. Donc validé de facto par un  chef de l’État dont la répression et le deni des libertés publiques constitue l’ADN de sa gouvernance.

Cette confession est d’un responsable d’un syndicat autonome de l’éducation joint au téléphone qui avoue n’avoir jamais perçu chez les pouvoirs publics une réelle volonté de promouvoir un statut particulier des travailleurs de l’éducation conforme à leurs  aspirations.  

Samia Naït Iqbal

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