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Six ONG algériennes de défense des droits humains interpellent l’ONU

CDH
Conseil des droits humains de l’ONU

Six organisations de défense des droits humains (LADDH, SOS Disparus, Riposte internationale, SNAPAP, CGATA et ACDA) ont publié ce jeudi une déclaration pour interpeler le Conseil des droits humains de l’ONU sur les violations des droits de l’homme, les emprisonnements et le harcèlement judiciaire en Algérie.

La situation des droits humains en Algérie sera examinée la matinée de demain le  11 novembre 2022 devant le conseil des droits humains CDH de l’ONU à l’occasion de sa 41e session à Genève siège de l’ONU.

Cet examen qui est déjà à son 4e cycle sera l’occasion d’examiner d’une part le refus de la mise en œuvre des recommandations qui ont été faites au gouvernement lors du dernier cycle en 2017, d’autre part de lui rappeler ses engagements quant à l’ensemble des instruments et mécanismes relatifs aux droits humains.

En réponse à cet engagement, le  gouvernement a adressé au conseil CDH en mars 2022 un rapport couvrant la période de 2017 à 2022. De même des rapports alternatifs des ONGs, notamment de la coalition dont fait partie la LADDH, ont été adressés au même conseil CDH.

Dans son rapport qui d’ailleurs n’a rien de national du fait qu’il est élaboré par le gouvernement et ses officines des organisations gouvernementales, le pouvoir continue de nier les réalités après avoir dénié au peuple algérien ses droits fondamentaux et constitutionnels. Ce rapport est très loin des réalités notamment de la répression qui se poursuit toujours, y compris à la veille de cet examen. Ce rapport ne fait aucune allusion au Hirak pacifique pro-démocratie qui a débuté en 2019 et qui reste pourtant un tournant capital dans l’histoire contemporaine du pays.

Nous, organisations signataires du présent communiqué, saisissons cette occasion pour alerter l’opinion publique, particulièrement internationale, sur la situation de la répression intenable en Algérie.

Nous souhaitons que cet exercice à l’ONU soit une bonne opportunité pour mettre l’Algérie sous les feux de la rampe, après un silence assourdissant imposé par la répression et  l’étouffement de toutes les voix autonomes et discordantes dont des journalistes, des défenseurs des droits humains, des avocats, des activistes de tous bords et des organisations de la société civile et politique.

Aidé par le contexte international et la crise énergétique et sanitaire, le pouvoir a accéléré la cadence de la répression jusqu’à la veille de cet examen.

Pendant des années, le pouvoir a exercé une vraie guerre d’usure contre les libertés y compris les acquis démocratiques, arrachés depuis plus de 30 ans au prix de sacrifices suprêmes pour un Etat de droit, démocratique, civil,  social et authentique tant attendu par des générations depuis la libération du pays qui a célébré son 60eme anniversaire cette année.

En 2019, alors que le peuple pacifique est sorti dans la rue pour revendiquer une vraie démocratie et une rupture avec le système autoritaire, suscitant un grand espoir et attente pour la consécration des engagements de l’Algérie en matière de mise en œuvre des droits humains, d’ouverture démocratique, le pouvoir,  notamment le pouvoir réel, s’est dressé violemment contre ce formidable élan populaire et  cette profonde aspiration pour le changement. Un véritable coup de force s’est opéré depuis contre la volonté populaire via une feuille de route du tout sécuritaire sur fond d’une part d’un agenda électoral pourtant massivement rejeté par le peuple et d’autre part d’une série de changements de lois qui, en fait, ne visent qu’à contrôler plus la société et de donner une couverture légale à la répression du Hirak et de toutes les voix libres et autonomes.

Profitant honteusement de la pandémie Covid-19 et de la trêve sanitaire, décidée par le Hirak en suspendant toutes les marches et rassemblements pacifiques, le pouvoir a mis encore un tour de vis supplémentaire sur les libertés publiques et a engagé une vraie escalade de la répression pour en finir avec la contestation pacifique.

Des milliers de militants.es pacifiques et de citoyens.nes sont arbitrairement arrêtés, emprisonnés et poursuivis pour incitation à attroupement non armée et pour atteinte à l’unité nationale, à l’ordre public et a  l’armée…, les rassemblements et marches pacifiques sont d’ailleurs interdits depuis mars 2021, l’action et les champs politique, civil et médiatique sont totalement verrouillés et  criminalisés

La justice a été soumise aux  ordres de l’appareil sécuritaire, les deux instances ont été instrumentalisés pour devenir les leviers de la répression. Aucune voix n’échappe alors à l’arbitraire, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des activistes et dirigeants de la société  civile et des partis politiques, des organisations , syndicats, associations , partis politiques sont la cible de menaces de dissolution engrangées par le ministère de l’intérieur, des associations autonomes, des partis politiques de l’oppositions sont dissous, gelés d’activités,  leurs bureaux sont fermés sur des décisions de justice.

De graves poursuites, y compris pour terrorisme et des lourdes peines d’emprisonnement sont prononcées chaque jour par des tribunaux dans les quatre coins du pays contre des militants pacifiques.

Depuis 03 ans maintenant, ni les cris d’alarme de la société civile, ni les rappels a l’ordre des mécanismes internationaux de protection des droits de l’Homme n’ont dissuadé le pouvoir d’arrêter cette véritable machine de répression contre le peuple pacifique qui, lui, continue de résister dans le silence et de prendre sur soi les coûts de l’arbitraire. Le sentiment « de la Hogra » du mépris, de la déception ne cesse de ronger des pans entiers de la population, particulièrement des jeunes qui se jettent à la mer par milliers à bords d’embarcations de fortune à la recherche d’un monde meilleur et plus clément.

Cette situation doit cesser !

L’Algérie doit s’engager dans la voie du changement, une ouverture démocratique garantissant l’exercice des droits fondamentaux au peuple algérien doit s’opérer sans délais.

On ne peut laisser le peuple algérien souffrir seul, face à la machine de l’arbitraire, la solidarité doit se manifester, le sort de l’Algérie est intimement lié aux autres peuples de la région et du monde. La stabilité de l’Algérie sera aussi celle de la région, d’où l’impératif d’interpeler le gouvernement à cette occasion pour respecter ses engagements en matière de protection et de mise en œuvre des droits humains.

L’arrêt de la répression et la libération de l’ensemble des détenus politiques et d’opinion seront des mesures à même de ramener la confiance en vue d’engager le pays dans la voie de la sérénité pour un changement effectif et une démocratie authentique.

–  Vive l’Algérie libre et démocratique

– Pour un état de droit, civil, démocratique et social.

 Les organisations signataires :

– LADDH,

– Riposte Internationale,

– SOS Disparus

– SNAPAP

– CGATA

– ACDA.

 

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