Tout ça pour ça ! Toute une révolution pacifique du Hirak/Tanekra, portée à tour de bras par le peuple, qui s’est soldée par un tour de vis autoritaire.
La volonté d’avorter ce cri populaire pour le changement n’a d’équivalent que la soumission des élites et leur renoncement devant le fait accompli. Entre confiscation des libertés individuelles et emprisonnements arbitraires de militants et d’activistes du Hirak, la situation ne fait que se dégrader au fil des jours. S’ajoutent les effets de la pandémie qui fragilisent davantage une large frange de la société.
L’état des lieux laisse à désirer alors que le fantôme de la crise économique est aux portes. Précarité, inflation, cherté de la vie, pénuries et spéculation frappent le quotidien des couches moyennes et défavorisées, sur fond de blocage politique. Ce pourrissement est la résultante d’une cécité manifeste en haut lieu. La gestion du pays se fait de façon aléatoire et la normalisation autoritaire à l’égyptienne fait son petit bonhomme de chemin.
Aujourd’hui, on est en pleine impasse à tous les niveaux et l’espoir d’une quelconque résurrection du Hirak se confronte malheureusement aux pesanteurs d’un contexte régional en ébullition, et aussi aux freins, combien multiples, qu’impose la machine répressive d’un régime aux abois.
Je ressens personnellement la double douleur des détenus d’opinion, à la fois coupés des leurs et de la société qu’ils ont défendu. Ils souffrent dans l’indifférence général alors que cet arbitraire ne saurait être pardonné ni permis dans l’Etat de droit pour lequel la révolution populaire aurait pourtant combattu.
La grève de la faim prévue en ce 28 janvier 2022 devrait nous inciter à l’éveil des consciences. Comme elle pourrait fédérer toutes les forces citoyennes autour de l’idéal démocratique. Tout un chacun est en devoir d’apporter sa pierre à l’édifice de la solidarité. Ce sera notre hymne à l’espérance, à l’union, au militantisme collectif pour le changement.
Les Algériens devraient dire leur dernier mot, et en tant que dépositaires exclusifs du pouvoir, ils sont appelés à la rescousse des leurs, en proie aux abus d’une justice soumise aux lois du plus fort. Il est grand temps d’embarquer dans le train de la démocratie et de faire en sorte que l’Algérie soit à l’avant-garde des pays méditerranéens en matière de droits, de libertés, d’alternance au pouvoir et de prospérité économique.
Kamal Guerroua