Mohammed VI participera, les 1er et 2 novembre prochain, au 31e sommet de la Ligue arabe à Alger, selon l’hebdomadaire Jeune Afrique qui affirme détenir l’information de sources diplomatiques algériennes.
La venue du monarque marocain, accompagné par l’héritier du trône, son fils le prince Moulay Hassan, intervient dans un contexte marqué par une crise diplomatique aigüe entre le royaume chérifien et son voisin l’Algérie. Depuis deux ans au moins, les relations diplomatiques se sont gravement dégradées entre les deux pays.
A coup sûr, cette visite si elle venait à se confirmer, va accaparer l’intérêt des médias qui suivront à la loupe les moindres gestes et déclarations du monarque marocain sur le sol algérien. Une présence qu’il s’agira d’interroger à l’aune des fortes turbulences qui caractérisent les relations bilatérales et de la possibilité de leur réchauffement.
Abdemadjid Tebboune qui s’est fait le champion du « rabibochage » des relations entre les « frères » arabes ira-t-il jusqu’au bout de sa logique réconciliatrice ? Acceptera-t-il de tendre la main au souverain d’un pays que les médias algériens ont voué aux pires gémonies, le qualifiant de « voisin de toutes les malfaisances », un ennemi patenté coupable d’avoir fomenté des actes de déstabilisation de notre pays, à travers le financement des opposants au régime et d’être l’instigateur des feux de forêts qui ont ravagé la Kabylie. Rien que ça !
On peut supposer aussi que la présence du souverain marocain à Alger est la conséquence des pressions qui auraient été exercées, en sous-main, sur l’Algérie, par les monarchies du Golfe qui, à en croire certains observateurs, avaient agité la menace du boycott du sommet d’Alger de la Ligue arabe si le roi du Maroc n’est pas invité. Ils auraient posé leurs conditions pour leur participation. En plus de leur refus de la participation du dictateur syrien, ces pays dont l’Arabie saoudite auraient fait du lobbying en faveur de la venue de M6 à Alger. Quand on connaît la proximité des monarchies du Golfe avec celle des Alaouites, tout cela est bien probable.
Des médias avaient évoqué les efforts de médiation entrepris par l’Arabie saoudite pour la normalisation des relations entre les deux pays d’Afrique du Nord. Une perspective que l’Algérie aurait subordonné à la révocation par le Maroc de sa coopération militaire et sécuritaire avec l’Etat hébreux, selon Maghreb Confidentiel.
L’âge de glace des deux voisins
Entre Alger et Rabat, les échanges sont à couteaux tirés. Sur fond de la question du Sahara occidental, les deux capitales ne répugnent aucune manœuvre. On se souvient, Alger avait annoncé, en août 2021, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, la rupture ses relations bilatérales avec le Maroc.
Une décision assortie de la cessation des échanges commerciaux avec le voisin de l’ouest, y compris l’arrêt de la livraison du gaz via le gazoduc Maghreb Europe et la fermeture du champ aérien algérien à ses avions.
La tension était telle entre les deux voisins qu’on avait craint le pire: toutes les conditions étaient réunies pour faire entendre la voix des armes au lieu de donner sa chance à la raison diplomatique et du dialogue pour le règlement du différend.
Et les raisons n’ont pas manqué pour alimenter le litige qui s’était exacerbé a cause du rapprochement stratégique entre le Maroc et Israël. L’Algérie avait ouvertement soutenu d’être la cible du rapprochement sécuritaire et militaire entre ces deux pays.
La dernière visite de Mohammed VI en Algérie remonte à 2005. Sa présence, à l’occasion de la tenue du sommet de la Ligue arabe, va inévitablement constituer l’un des points focaux du 31e rendez-vous des souverains et dirigeants des pays arabes. Faudra-t-il s’attendre alors à un réchauffement des relations. Attendons de voir.
S.N.I.