29 mars 2024
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Souveraineté nationale ou soumission totale !

Tebboune
Abdelmadjid Tebboune devant les walis.

Au moment où, avec l’affaire d’Amira Bouraoui, on nous parle de souveraineté nationale, faut-il rappeler qu’il n’y a point de souveraineté supérieure à la loi, et que la nation, comme toute entité abstraite et unique, ne peut se prévaloir d’une souveraineté que lorsque celle-ci découle d’un État de droit, garantissant la liberté de circulation, la liberté d’expression et de rassemblement pour l’ensemble de ses citoyens. 

La « nouvelle Algérie » de Tebboune n’est que l’expression d’une souveraineté officieusement française lorsqu’il s’agit du désert algérien et de ce qu’il regorge comme richesses, et d’une souveraineté officiellement en guéguerre avec la France lorsqu’il est question d’appliquer le droit.  Comme le droit, en Algérie, relève d’une sémantique peu glorieuse, et demeure un concept obsolète et inexistant, il faut voir dans l’acharnement sur Amira Bouraoui et sa famille, le prolongement de la répression qui s’abat sur radio M et Ihsane El Kadi en particulier, et sur l’ensemble de l’opposition de façon générale.

La prétendue violation de la souveraineté nationale, n’est qu’un prétexte pour répondre à toutes velléités d’opposition à la soumission totale que le pouvoir cherche à instaurer dans le pays. Si souveraineté nationale il y a, Tebboune et sa police politique devraient se pencher plutôt sur les milliards de dollars dilapidés par les oligarques et anciens ministres de Bouteflika, dont lui-même et une partie de son gouvernement faisaient partie. Installés, pour la plupart en France, connus par les autorités françaises, ces oligarques et anciens ministres véreux mènent un train de vie bien au-dessus de ce que les natifs de la bourgeoisie peuvent se permettre.

De Chakib Khellil à Mohamed Bejaoui, en passant par Bouchouareb et Amar Saâdani, l’argent du peuple, en totale violation de la souveraineté du pays, sous forme de marchés de gré à gré octroyés dans des conditions de surfacturation, continue à être dilapidé avec empirisme  et  impunité.

Tebboune et sa police politique ne se limitent pas à prolonger le mandat de Bouteflika, ils surpassent les ambitions de leur prédécesseur et réussissent là où tous les précédents gouvernements se sont gardé de faire : continuer à enfoncer le pays dans la crise politique, mettre sous scellés toutes les formes de libertés individuelles et collectives et affamer le peuple. Ces trois besognes sont orchestrées, depuis l’arrivée de Tebboune, avec une implacable dialectique, qu’on se questionne si la stalinisation de l’Algérie ne serait pas en marche.

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Ils plongent le pays dans une situation politique, économique et sociale très proche de celle qui a précédé les évènements d’octobre 88. Ils reviennent aux mêmes procédés infâmes d’enlèvement et de séquestration d’opposants politiques et de journalistes que pendant la décennie noire, et, avec infiniment de zèle.

Tebboune, à lui tout seul, en érigeant, au sommet de la nouvelle Algérie, une police politique au service d’une justice de l’ombre, a réussi ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a pu incarner pour le pays : être un quart de président au service de l’Etat profond, et les trois autres quarts, être le président oppresseur d’un peuple déterminé à se défaire de ce système de soumission totale que le président français, Emmanuel Macron, avait qualifié de politico-militaire.

Mohand Ouabdelkader