À 81 ans, Ben Mohamed, Mohamed Benhamadouche de son vrai nom,n’a pas eu le temps de vieillir comme il se plait à le dire à sa manière, avec une ironie qui respire la vie. Il a préféré rester joyeux pour faire face sereinement aux beaux moments comme aux plus douloureux d’entre eux.
Né, à Tiqiḍunt petit village des At Wasif, au pied du Djurdjura, il a, très tôt, rejoint son père installé à Alger alors que la plupart de ses contribules se sont plutôt dispersés dans l’Oranie pour fuir la guerre d’indépendance qui a fait des At Sedqa une zone interdite.
C’est que cette région a donné notamment le colonel Amirouche et le commandant Moussa de son vrai nom Amar Akkache, ce qui lui a valu d’être vidée de ses habitants notamment lors des opérations Jumelles. Des opérations dont les horreurs répondent à tous les critères de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité mais cela est un autre sujet.
Cette ambiance anxiogène a naturellement forgé l’esprit résilient du poète qui ne garde aucune rancœur comme il ne confond point la France d’aujourd’hui où il vit depuis 1991 avec celle de la colonisation.
Ben est pour l’amitié franco-algérienne et ne cache pas son vif intérêt pour les parfums et les splendeurs de la langue française même si sa muse reste le kabyle, sa langue maternelle. C’est à travers celle-ci qu’il incarne l’âme vibrante de la littérature kabyle et qu’il porte haut et dans un pur bonheur d’expressions, les couleurs de l’amazighité millénaire.
Parolier talentueux, il a notamment écrit « A vava inu va », le retentissant poème interprété et mis en musique par le célèbre chanteur Idir qui nous a quittés en 2020. Une chanson qui a fait le tour du monde et qui a été traduite dans plusieurs langues.
Ben Mohamed ne s’est pas arrêté là. Tendre et rigoureux à la fois, il a écrit une dizaine de chansons à Idir. Il a aussi généreusement irrigué le domaine artistique kabyle en enrichissant, avec sensibilité et profondeur, les répertoires des célébrités comme Takfarinas, Matoub Lounès, Nouara, Djamel Allam, Medjahed Hamid, Amar Sersour et tant d’autres.
Il a fait aussi une incursion dans le septième art et a traduit des pièces de grande qualité comme « Mohamed prends ta valise » de Kateb Yacine dont il fut un grand ami, la tirade théâtrale de son compagnon de route Slimane Benaïssa, « Babuṛ ɣreq ». Il a également créé de nombreuses pièces radiophoniques et publié, en français, des dizaines d’articles qui donnent une dimension authentique à la culture, à l’histoire, à la sociologie politique algériennes.
Alors que la culture amazighe était à peine tolérée dans les années 1970 et qu’elle était considérée comme zone de danger, il a su passer entre les gouttes pour assurer, avec passion, talent et courage, une émission à la radio chaine II.
Il y a dépoussiéré la culture, l’histoire, la sociolinguistique nord-africaine et abordé des sujets sociétaux particulièrement sensibles à cette époque-là. Avec son approche pédagogique, son langage simple et dense, il a poussé jusqu’au bout l’aventure pour captiver un large auditoire et éveiller les consciences à la sauvegarde de la langue amazighe.
Ben Mohamed est certes un grand poète, l’un des plus talentueux de notre époque, mais il n’est pas que cela. Sa voix a résonné et résonne toujours comme un écho des revendications amazighes.
Son verbe, chargé d’émotions et de vérités crues, continue d’inspirer toutes les générations de militants qui refusent de se taire ou de renoncer. Il est leur mentor, toujours présent et debout.
Gardien incontesté de la mémoire collective, Ben Mohamed, grand ami de Mouloud Mammeri, de Lounis Aït Menguellet et de Kamel Hamadi, a produit une géographie littéraire magique qui contribue à la renaissance de notre identité.
Merci Ben, nous te sommes particulièrement reconnaissant et merci à Mourad Bounab d’avoir initié cet hommage tant mérité.
Hacène Hirèche
L’ASFAB avec la mairie de Stains organisent deux événements majeurs samedi 1er février.
Ils célèbrent le nouvel an berbère
« La culture au coeur du combat identitaire », thème d’un échange convivial avec Ben Mohamed
Samedi 1er février à 15h à l’auditorium de la médiathèque Louis-Aragon Parvis Hubertine Auclaire, Stains. Entrée gratuite
Informations au : 06 69 21 76 79 ou 06 66 0136 60.
Hommage au poète-parolier Ben Mohamed
A travers des interprétations de ses chansons par Djaffar Aït Menguellet, Rezki Ouali, Sandra Hamaïdi et Belaïd Abranis.
samedi 1er février à 19h à la salle Paul Eluard 2, place Marcel Pontet, Stains.
Plein tarif : 12 euros
Tarif étudiants et enfants : 6 euros.
Informations au 06 69 21 76 79 ou 06 66 01 36 60.
Permanence billetterie samedi de 14h à 18h à la maison du Temps libre 30, 34 rue Georges Sand, Stains.
Repose en paix .
Il est pas mort 😉
Pour une fois qu’on rende un hommage à quelqu’un de son vivant
AZUL Hacène
Ou peut on trouver la traduction de mohamed prend ta valise.
J’ai assisté à plusieurs représentations de cette pièce en Algérie et KY m a bien explicité « mohamed prend ta valise » d’ailleurs j’ai retrouvé la meme malice chez ton copain Lounis avec DDINE ACUME
Bien à toi
Un grand monsieur qui a fait beaucoup a la culture bèrbère.
L’un des pionniers de la chaine 2, qui travaillait vraiment pour la culture et la Kabylie.
Belle initiative de la Mairie de Stains pour rendre hommage à Benmohamed ce grand poète d’expression amazighe qui a beaucoup donné à la culture amazighe , à la Kabylie et à toute l’Algérie.
A la Kabylie seulement, car vous les kharabes vous faîtes la queue pendant des heures pour rencontrer des derviches saoudiens qui vous parlent de djinns.
Tu as le UC entre deux chaises un jour pour un jour contre, aucune crédibilité. Continue à faire la danse du ventre pour plaire à tes maîtres c’est beaucoup mieux. Il y’ a des sujets vaut mieux t’ en éloigner.
@Vrirouche: S’ils n’affichent pas qu’ils appartiennent a l’Algérie, ou s’ils ne mettent pas le drapeau près d’eux, ils seront mal vus par leurs seigneurs.
Apparemment la Kabylie et le kabyle doivent toujours afficher leur appartenance a quelque chose sinon ils seront douteux.
Voila la mentalité qu’ils leur ont inculqué depuis longtemps.
Comprent faire confiance a quelqu’un qui ne te fais pas confiance ? C’est l’unique question qu je pose.
Un exemple flagrant: Pourquoi TOUTE la Kabylie est quadrillée par des casernes militaires, presque a chaque coin de rue, alors que le pays n’est pas en guerre que je sache ?
Y-a-t’il un colonialisme pire que je ce que je vois chaque jour sur nos routes et villages – Des garnisons partout ?
Sommes nous les ennemis a surveiller ? La est la question.
Sinon posez les questions a vos maitres: Sommes nous en guerre par hasard, ou sommes nous vos ennemis ?
Et le kabyle de service, toute honte bue, nous dira qu’il est heureux et surtout « indépendant » !!!
Que répondre à une telle idiotie !
Si vous vous êtes quadrilingue c’est très bien pour vous. Par contre vous manquez de quelque chose de très important , l’humilité. Vous jugez sans connaître, alors que l’on vous connait très bien les chiens du régime. A chaque fois que tu viens intervenir sous mes posts je te dénude ayakjoun.