1 février 2025
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Syrie : Constitution suspendue, Ahmed al-Charaa désigné président

Les nouvelles autorités annoncent la suspension de la Constitution, la dissolution du Parlement, la dissolution de tous les groupes armés et du parti Baas qui a gouverné la Syrie pendant plus de 60 ans. Ahmed al-Charaa a été nommé président « pour la phase de transition ». 

Après le 8 décembre et la chute du régime du dictateur Bachar el-Assad, Ahmed al-Charaa est devenu le dirigeant de facto de la Syrie, désigné pour assurer la transition du pays en tant que « président pour la phase de transition ». Cette nomination a été officialisée par les nouvelles autorités syriennes, à la suite d’une rencontre importante entre al-Charaa et plusieurs chefs de factions armées qui avaient participé à l’offensive contre le régime déchu.

Lors de cette réunion, al-Charaa a annoncé la dissolution du Parlement ainsi que la suspension de la Constitution de 2012, mettant en place un cadre pour un avenir incertain. Il a également été chargé de former un « conseil législatif intérimaire » qui devrait superviser le processus de transition en Syrie.

Les mesures prises par Ahmed al-Charaa s’inscrivent dans une série de décisions politiques qui visent à consolider son pouvoir et à remodeler l’architecture de l’État syrien après la chute du régime d’Assad. Parmi ces décisions, la dissolution des « groupes armés » qui avaient soutenu l’offensive contre le dictateur Bachar el-Assad, ainsi que celle de l’armée de l’ancien régime, marquent un tournant symbolique et politique majeur.

Ces groupes de miliciens, qui se réclamaient de la révolution syrienne, sont désormais appelés à intégrer les institutions de l’État dans le cadre de la transition politique. Le parti Baas, au pouvoir depuis plus de 60 ans, a également été dissous, mettant fin à une époque de domination absolue sur la vie politique et sociale du pays. Un nouvel appareil sécuritaire devrait être mis en place pour garantir la sécurité des citoyens dans ce contexte de changement radical.

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La situation en Syrie après la chute de Bachar el-Assad demeure cependant incertaine et complexe. Les nouvelles autorités ont annoncé qu’un gouvernement de transition serait en place pour une période de trois mois, avec pour missions la rédaction d’une nouvelle Constitution et la remise en marche de l’économie syrienne, qui a été gravement affectée par plus de dix ans de guerre civile.

La transition ne semble pas totalement clarifiée. Selon Hasni Abidi, directeur du Centre d’Études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, la nomination d’Ahmed al-Charaa comme président pour la phase de transition était attendue, car il était déjà perçu comme l’homme fort de la situation. Mais cette officialisation ne résout pas toutes les questions. « Nous n’avons aucune information ou visibilité sur la transition », souligne Abidi. Il s’interroge notamment sur la fonction exacte du conseil législatif intérimaire qui a été annoncé et sur les compétences d’Ahmed al-Charaa dans cette nouvelle configuration.

Al-Charaa est ainsi perçu comme un acteur pragmatique, en quête de stabilité, mais aussi comme une figure qui pourrait bien incarner une forme de continuité politique après la chute d’Assad, tout en tentant de se distancer des dérives du régime précédent. Sa nomination à la tête de la Syrie de la transition laisse entrevoir un mélange de rupture avec le passé, tout en préservant certains éléments du système politique qui a existé sous Bachar el-Assad, même s’il y a de fortes attentes sur les réformes promises.

La position d’Ahmed al-Charaa, qui semblait être une figure de consensus parmi les factions armées ayant renversé le régime d’Assad, reste ambiguë. Certains observateurs s’interrogent sur la place qu’il occupera dans le nouveau système politique. Sera-t-il le président de l’exécutif, mais aussi l’arbitre du législatif et du judiciaire ? Le rôle du gouvernement de transition, dirigé par al-Charaa et son cabinet, semble aussi flou. L’orientation idéologique que ce régime prendra est l’autre interrogation.

Le sort des anciens membres du gouvernement et des structures administratives du régime déchu n’est pas précisé, et il demeure incertain si le gouvernement de l’ancien Premier ministre M. Al-Bachir continuera à jouer un rôle dans la transition ou sera remplacé.

Cette incertitude s’explique en partie par la complexité de la situation sur le terrain. La Syrie est toujours divisée entre différents groupes armés et factions politiques, qui ont des intérêts parfois contradictoires et des visions divergentes de l’avenir du pays. De plus, la Syrie continue de souffrir des conséquences de la guerre civile, avec des millions de réfugiés et une population traumatisée par des années de violence et de destruction.

Le rôle d’Ahmed al-Charaa sera donc déterminant pour l’avenir de la Syrie. Son pouvoir, bien qu’officialisé, reste dépendant de la capacité de son gouvernement de transition à concilier les différentes factions et à redonner espoir à une population exténuée par plus d’une décennie de guerre. Sa tâche sera d’autant plus complexe qu’il devra faire face à la pression des acteurs internationaux, notamment les puissances régionales et mondiales qui ont leurs propres intérêts en Syrie. Les pays arabes semblent soutenir le nouveau régime, dirigé par l’ancien membre d’Al Nosra.

L’émir du Qatar a été le premier dirigeant arabe à se rendre à Damas. Les autres pays, comme l’Egypte et l’Arabie saoudite, ont salué l’intronisation d’Al Charaa à la présidence de transition.

La rédaction

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