3 décembre 2024
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Syrie : «Tout le monde a peur d’une chute de Bachar el-Assad»

Le chef de la diplomatie iranienne est en Turquie ce lundi 2 décembre après sa visite hier à Damas. Le président iranien Massoud Pezeshkian et son homologue russe Vladimir Poutine ont affirmé leur soutien « inconditionnel » à la Syrie.

Bachar el-Assad se retrouve isolé et cherche des soutiens, notamment auprès des pays du Golfe, explique Jihad Yazigi, rédacteur en chef du média Syria Report.

Le président syrien cherche le soutien de ses pays alliés, l’Iran, la Russie et la Turquie. Après Damas dimanche, le ministre iranien des Affaires étrangères est à Ankara où il doit rencontrer son homologue turc Hakan Fidan avant un entretien avec le président Recep Tayyip Erdogan, selon des responsables. En 2015 et avec l’appui militaire crucial de la Russie et de l’Iran, le régime Assad avait lancé une contre-offensive qui lui avait permis de reprendre progressivement le contrôle d’une grande partie du pays et en 2016 de la totalité de la ville d’Alep, poumon économique de la Syrie d’avant-guerre, qui lui échappe de nouveau.

Selon l’agence Reuters, des milices pro-iraniennes sont envoyées d’Irak en soutien au régime de Bachar el-Assad. Elles se dirigent vers le nord du pays pour soutenir l’armée assiégée par des rebelles islamistes, ont déclaré deux sources de l’armée syrienne. Des dizaines de combattants irakiens des Hachd al-Chaabi, soutenus par l’Iran, sont également entrés en Syrie près du point de passage d’Al Boukamal, a déclaré à Reuters un officier supérieur de l’armée syrienne. « Il s’agit de nouveaux renforts envoyés pour aider nos camarades sur les lignes de front dans le nord », a déclaré l’officier, ajoutant que les miliciens appartenaient notamment aux groupes des Kataïb Hezbollah et des Fatimides.

Les pays du Golfe à la rescousse ?

« Bachar el-Assad est très affaibli. Ce qu’il peut faire, c’est demander de l’aide aux Iraniens, aux pays du Golfe, à n’importe quel pays qui est prêt à le soutenir, nous explique Jihad Yazigi, rédacteur en chef du média Syria Report, joint par Alexis Bedu, journaliste du service économie de RFI. C’est ce qu’il a commencé à faire. On sait qu’il était à Moscou le 29 novembre. Dès qu’il est rentré de Moscou, il a commencé à appeler le Premier ministre irakien, Mohammed Ben Zayed, le prince d’Abu Dhabi. Et c’est assez parlant. »

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Habituellement, ce sont les Russes et les Iraniens qui viennent en soutienprécise le journaliste. Les Russes étant engagés en Ukraine et les Iraniens au Liban, « il se rend compte qu’il a aussi besoin de pays arabes pour le soutenir, parce que l’avancée de HTS [groupe Hayat Tahrir al-Sham, NDLR] qui est une organisation très proche des Turcs, ne fait pas simplement peur aux Iraniens. Elle fait aussi peur aux pays du Golfe, sunnites, eux aussi, mais qui sont aussi en compétition avec la Turquie, pour le contrôle de la Syrie ».

Le problème, poursuit Jihad Yazigi, c’est que ce soit les Émirats ou l’Arabie saoudite, ils n’ont pas de soldats à envoyer. « Ironiquement, le principal soutien, c’est en fait la communauté internationale dans son ensemble. Tout le monde a peur, y compris les Israéliens et les Américains, d’une chute de Bachar el-Assad, qui entrainerait un vide du pouvoir à Damas. »

Les médias russes sont en retrait sur les récents développements de la situation en Syrie, relégués en fin de journaux télévisés, ou avec des titres peu explicites comme celui-ci dans le quotidien Kommersant ce lundi matin : « Changements sur le front syrien. » « Nous continuons à soutenir le président syrien Assad et, aux niveaux appropriés, nous poursuivons nos contacts et analysons la situation. Une position sera prise sur ce qui est nécessaire pour stabiliser la situation »a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, ce lundi. Mais les chaînes Telegram Z et Rybar, réputées proches du ministère de la Défense, rapportent, elles, ce qui peut être aussi vu comme un signe de colère du pouvoir : juste après la prise de la ville d’Alep ce week-end, le commandant des troupes russes en Syrie aurait été démis de ses fonctions.

« Il va être important de tenir Homs »

Dans le nord du pays, la coalition de groupes rebelles poursuit sa percée face aux troupes du régime du président Bachar el-Assad. L’armée syrienne a renforcé son déploiement autour de la ville de Hama. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’armée a pour objectif de stopper l’avancée des rebelles et a déclaré préparer une contre-offensive pour rétablir l’autorité du régime de Bachar el-Assad.

Une contre-offensive peu plausible, selon Jihad Yazigi : « Il me semble très improbable que l’armée syrienne puisse mener une quelconque offensive contre HTS. Fondamentalement, pour le régime, ce qui va être important c’est de tenir la ville de Homs. »

Selon le rédacteur en chef de Syria Report, Homs est un verrou stratégique très important qui permet de lier Damas à la côte syrienne, d’où viennent tous les hommes principaux du régime. « Pour l’instant, le régime tient aussi la ville de Hama au nord de Homs. Mais le cœur de la priorité va être de défendre cette ville. Penser aujourd’hui que sans soutien du Hezbollah, sans soutien de milices chiites irakiennes ou d’autres pays, le régime peut mener une contre-offensive, n’est pas très sérieux. Surtout en sachant que pour l’instant, les Russes ne semblent pas avoir gardé assez d’avions pour pouvoir soutenir, par les airs, une quelconque contre-offensive. »

Avec RFI

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