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dimanche 1 juin 2025
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Tard, trop tard pour Fekhar, mort persécuté

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TRIBUNE

Tard, trop tard pour Fekhar, mort persécuté

Choc, désolation et puis regret, celui de savoir que la rapide délivrance réclamée en faveur de Kameleddine Fekhar (requête adressée sous la forme d’une contribution que publiera le 15 mai dernier le webzine Lematindalgerie) fut loin d’être suffisante pour alerter à temps sur la condition physique d’un être de conviction reconduit récemment en prison.

Victime d’un acharnement judiciaire, l’ancien coordinateur du Front des forces socialistes (FFS) n’a, cette fois, pas survécu à une autre grève de la faim menée en termes de désapprobation, d’insoumission, de refus des injonctions, notamment de celles venant de la Direction de la sécurité intérieure (DSİ).

Au pays des généralissimes intriguant connectés aux magistrats suborneurs, il ne fait pas bon démontrer une quelconque persévérance, faire comprendre que l’on ne courbera pas l’échine, que l’on a compris que les chemins de la liberté ne sont pas des longs fleuves tranquilles mais bien des marches successives à gravir jusqu’à la voûte d’intelligibilité.

Celle-ci éclaire l’esprit comme une dune du Sahara, comme un tombeau du M’zab blanchit de chaux, comme la fête du tapis tissé des diaprures laineuses, comme les façades lumières de Ghardaïa, cité mozabite que nous découvrirons en compagnie des peintres Arezki Larbi, Denis Martinez et de l’indispensable vidéaste Dominique Devigne lors d’une inoubliable villégiature.

La virée héliotrope conduira à In Salah, point de l’extrême chaleur où les scorpions rampent à l’envers, où nos coups de pelle aideront un ex-étudiant des Beaux-arts d’Alger à creuser une piscine destinée à l’aquaculture, où, pendant un mariage, l’amuseur attitré du coin arrosait d’eau de Cologne les convives assis sur le sable, où la surveillance accrue des gendarmes vaudra, en guise de bienvenue, un contrôle d’identité.

À cette période là, la région accueillait des hôtes d’un genre particulier puisqu’après des jugements expéditifs l’autorité militaire les enfermait au sein de camps de concentration. Les membres ou propagandistes du Front islamiste du salut (FİS) arrivaient par navettes successives en trainant les pieds et un fardeau alourdi des charges « d’atteinte à la sûreté de l’État, incitation à la haine et à la violence, trouble à l’ordre public et, parfois, port d’armes », les mêmes chefs d’inculpation émis en 2017 à l’encontre de Kamel-Eddine Fekhar alors contraint de purger 18 mois d’enfermement.

Poursuivi depuis le dimanche 31 mars 2019, ce médecin se trouvait donc encore en captivité au moment de son décès, cela à cause de prétendues « entraves à corps constitués », insultes visant à « diviser les Algériens » et, incroyable argument supplémentaire, tentant à « déstabiliser le mouvement populaire ».

Le « Hirak 2019 » ne peut oublier un militant des droits de l’Homme incarcéré de manière préventive et arbitraire, à fortiori dans l’incapacité d’exprimer des opinions jugées subversives, de participer efficacement et résolument aux séquences de l’ultime décantation démocratique.

 

Auteur
Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art

 




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