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Taux de participation à la « présidentielle » : quelle lecture en faire ?

Goudjil et Tebboune

Goudjil et Tebboune, deux apparatchiks qui ont servi le régime depuis un demi-siècle.

L’annonce de l’ANIE du 8 septembre 2024 sur un taux de participation de 48,03 % à 20 heures est symptomatique du ridicule auquel s’accroche le régime algérien.

Loin de refléter la réalité, ce chiffre stratosphérique s’apparente à une réaction désespérée face à une défiance populaire profonde. Dans un contexte où le peuple algérien, galvanisé par le Hirak, continue de résister à un système qui le méprise, l’idée même que plus de la moitié de la population ait participé à cette mascarade électorale relève de la fabulation.

Fabulation électorale

Depuis des décennies, les élections en Algérie ne sont que des mises en scène orchestrées par une néo-régence militaro-bureaucratique, dont le seul objectif est de se maintenir au pouvoir. En réalité, les « accords souterrains » et les « connivences entre clans » déterminent l’issue de chaque scrutin.

La candidature de Tebboune en 2019, tout comme celle de 2024, n’aurait pu se faire sans l’aval des décideurs. Ainsi, le taux de participation annoncé dépasse le simple mensonge : il symbolise un régime en proie à une peur-panique, conscient de sa propre fragilité.

Le régime et son instinct de survie mortifère

Le Hirak, aspiration profonde à un renouveau du processus d’émancipation nationale est toujours là, et le peuple algérien, dans sa majesté, n’a jamais cessé de contester ce régime.

Ce qui est frappant, c’est que ce taux de participation, supérieur à celui de 2019, est présenté comme un signe de renforcement du régime. Mais il ne faut pas se méprendre : cette manœuvre est une tentative désespérée de légitimer un système qui vacille, sans qu’aucun changement de fond ne soit réellement envisagé.

Extrême fragilisation du pouvoir

La question centrale est de savoir si Tebboune, souvent perçu comme un chef d’Etat contesté et affaibli, ressort vraiment renforcé de cette opération électorale. Son apparent succès est trompeur.

Le remaniement gouvernemental à venir et l’éventuelle entrée de régents militaires comme le général-major Chanegriha pourraient apporter des éclaircissements sur les nouveaux équilibres du régime. Mais ces ajustements internes, ces permutations de pouvoir au sein du cercle restreint des décideurs, ne masquent en rien la fragilité d’un système qui peine à trouver des équilibres en son sein et qui a définitivement perdu toute légitimité.

Enjeux pour l’avenir : ouverture ou répression ?

Le véritable enjeu réside dans l’orientation que prendra le régime. Continuera-t-il dans l’arrogance et la répression, ou envisagera-t-il d’ouvrir des espaces de libre expression ? Rien ne laisse entrevoir une volonté sincère d’ouverture.

En revanche, la montée inévitable d’une nouvelle vague populaire, bien plus structurée que celle de 2019, est un scénario crédible. Cette contestation populaire, loin de s’essouffler, est sur le point de déferler à nouveau.

L’Algérie toujours au carrefour de son histoire

Les élections de 2024 marquent un tournant. Le régime algérien, en niant la réalité et en se retranchant derrière des chiffres outrancièrement manipulés, creuse sa propre tombe. La défaite politique est imminente, et l’explosion populaire inévitable. Plus que jamais, le peuple algérien est prêt à reprendre son destin en main, et le système, s’il persiste dans son despotisme, ne pourra éviter l’onde de choc à venir.

Mohand Bakir

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