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Tebboune à Constantine : entre b’khour, zorna et figure du “petit père du peuple”

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La visite d’Abdelmadjid Tebboune à Constantine, ce jeudi 20 novembre 2025, aura offert un moment de communication politique aux accents folkloriques : un condensé de rites protocolaires que le pouvoir affectionne, où se déploie une mise en scène minutieusement orchestrée.

Abdelmadjid Tebboune y est apparu dans le rôle soigneusement écrit du « petit père du peuple », présenté comme un leader « proche de son peuple » — une proximité qui, comme souvent, semble surtout avoir été prévue au programme.

Au menu : bain de foule contrôlé, effusions populaires photogéniques, parfum de b'khour (encens brûlé) imprégnant l’air et zorna martelant ce que la communication politique peine à exprimer autrement.

Dès son arrivée, le passage présidentiel a donné lieu aux scènes désormais familières : foule dense, drapeaux brandis, téléphones levés, slogans scandés avec l’enthousiasme propre aux grands événements… ou aux dispositifs bien orchestrés. Dans la cohue, les caméras ont saisi des visages irradiés de bonheur. Chaque poignée de main, chaque sourire échangé avec des citoyens soigneusement positionnés s’inscrivaient dans des images destinées aux journaux télévisés du soir. Leur force subliminale est parfaitement scénarisée : un chef de l’Etat avançant vers la foule, sourire calibré, gestes bienveillants, mains tendues vers un public dont l’enthousiasme semblait, lui aussi, bénéficier d’une certaine préparation.

Les caméras, omniprésentes, n’avaient plus qu’à suivre. L’objectif n’était pas tant de parler que de montrer — et surtout de montrer un chef proche, paternel, attentif, dans la pure tradition des figures tutélaires, ces archétypes que les pouvoirs autoritaires affectionnent.

L’encens brûlé à profusion, les embrassades sur le front comme dans les cérémonies familiales où l’on célèbre un patriarche respecté, ajoutait à ce tableau une dimension quasi sacrée. Dans cette atmosphère flottait une idée simple : le président ne vient pas seulement inaugurer ou constater, mais bénir symboliquement les lieux, les projets et, bien sûr, le peuple. La zorna, elle, donnait le rythme — celui d’une communion populaire aussi sonore que brève.

Cette construction visuelle correspond parfaitement à la rhétorique politique actuelle : compenser l’absence de débat public, de dialogue réel, par l’illusion d’un lien affectif fort entre le dirigeant et la population. Les bains de foule présidentiels ne disent rien des attentes sociales, mais beaucoup des intentions de communication : ils permettent de réaffirmer la légitimité populaire, de réactiver le mythe d’un président protecteur, quasi familial, qui connaît son peuple, l’écoute — ou du moins en donne l’impression — et le guide avec une bienveillance quasi filiale.

Pourtant, les enjeux concrets de Constantine — mobilité asphyxiée, désindustrialisation rampante, difficultés sociales persistantes — sont restés en arrière-plan, comme souvent. Le « père » était là, mais sans réponses précises à apporter. L’image paternelle, si utile politiquement, ne s’embarrasse pas de diagnostics rigoureux.

Au final, cette visite aura surtout rappelé à quel point la communication présidentielle s’appuie sur des symboles anciens : musique traditionnelle, rites d’accueil, accolades publiques, promesse implicite d’une protection infaillible. Une scénographie où l’on ne gouverne pas seulement par décisions, mais par posture. Et où, pour quelques heures, le président redevient ce personnage central de la dramaturgie politique : le « petit père du peuple », à défaut d’être l’architecte de solutions attendues pour le pays et la société. Pourtant ces images cachent une autre réalité de cette Algérie percluse par la terreur répressive. Une Algérie immobile, avec une économie atone et inaudible sur le plan internationale.

Rabah Aït Abache

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