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Tebboune crée la controverse avec sa déclaration sur Israël

Tebboune

Abdelmadjid Tebboune a déclenché une  controverse avec sa récente déclaration au quotidien français l’Opinion, selon laquelle l’Algérie serait prête à normaliser ses relations avec Israël dès l’acceptation par celle-ci de l’existence d’un État palestinien à part entière.

 Cette déclaration a été perçue comme une rupture avec la position traditionnelle de l’Algérie en faveur de la cause palestinienne.

Pour Abdelmadjid Tebboune, cette  position exprimée dans un journal français s’inscrit dans la continuité de la position historique de l’Algérie, qui a toujours conditionné toute normalisation à la création d’un État palestinien souverain. Il a rappelé que cette politique était partagée par ses prédécesseurs, notamment les anciens présidents Chadli Bendjedid et Abdelaziz Bouteflika.

Des réactions contrastées 

La déclaration de Tebboune a suscité des réactions contradictoires et contrastées. Certains estiment que les propos du président sont une manœuvre pour désamorcer les pressions exercées par les États-Unis en faveur d’une normalisation, d’autres y voient un réel risque de voir l’Algérie s’engager dans cette voie.

Des partis politiques ont critiqué la sortie du président algérien sur Israël. Il craignent l’amorce d’un processus politique qui contredit  la position traditionnelle de l’Algérie par rapport à la cause  palestinienne. 

Le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), la branche algérienne des frères musulmans a rapidement réagi, exprimant son  inquiétude quant à un éventuel changement de cap de la politique étrangère algérienne. Le parti islamiste a rappelé son attachement au soutien indéfectible aux droits du peuple palestinien et son rejet de toute normalisation avec Israël.

Autre parti à prendre position, le Parti des travailleurs. Fidèle a sa position dogmatique sur la question palestinienne, le PT clame : « Aucun changement de la position officielle algérienne ne peut-être envisagé sur la Palestine. La doctrine de l’Algérie en tant que qu’État et peuple est connue depuis 1946 et n’est pas sujette à changement ».

« Toute normalisation avec l’entité barbare est une conspiration criminelle pour sauver cette entité après que les peuples du monde l’ont condamnée et que de nombreux pays ont rompu leurs relations avec elle », assène le parti trotskiste 

Pour le parti de Louisa Hanoune : « La solution à deux États est une illusion et un mirage ». Il arguera  que « l’État hébreu a officiellement rejeté l’établissement d’un État palestinien, que ce soit sur la base des frontières de 1967 ou de l’accord d’Oslo, et que l’administration américaine partage ce point de vue malgré les déclarations contradictoires ».

Un débat longtemps escamoté 

Malgre leur caractère ambigü, les propos du chef de l’État algérien ont mis en lumière les contradictions qui traversent la société algérienne sur la question de la normalisation des relations de l’Algérie avec Israël. 

En vrai, la question de la normalisation avec Israël divise l’opinion publique, entre ceux qui y voient une trahison des principes et ceux qui estiment qu’il est temps de faire preuve de pragmatisme et de prendre en compte les réalités géopolitiques actuelles. 

Même souterrain, le débat  risque de remodeler progressivement  le paysage politique du pays. Au-delà des anathèmes. 

Samia Naït Iqbal

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