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Tebboune, en «petit père du peuple» du XXIe siècle

Boualem Sansal

L’arrestation de Boualem Sansal à sa descente d’avion à Alger samedi 16 novembre démontre que le pouvoir est décidé à en découdre avec toutes les têtes pensantes du pays.

De mémoire d’homme, jamais persécution des élites intellectuelles, à travers le monde, n’a atteint une telle ampleur depuis les années de braise communiste en Chine. Et encore, les élites chinoises ne furent pas des cibles prioritaires de la révolution maoïste.

Si elles ne furent que des cibles secondaires, les élites chinoises, après les dissidents, furent sévèrement persécutées. L’anti-intellectualisme de la doctrine de la révolution rouge fit des « intellectuels » une catégorie noire à éradiquer, surnommée « le neuvième puant ».

Comble de l’ironie, pendant qu’il s’attaquait aux élites intellectuelles affirmées, Mao décide de lancer la révolution culturelle afin de consolider son pouvoir en s’appuyant sur la jeunesse et les étudiants du pays ! ?

Boualem Sansal a donc été arrêté samedi à sa descente d’avion, et à l’heure actuelle, personne, ni même sa femme ne sait où il se trouve. Si le pouvoir ose s’attaquer à telle stature, c’est qu’on a décidé de museler toute discordante à la cacophonie qui règne en haut lieu…

Pour rappel, Muhend Taferka est sorti de prison, il y a une semaine, mais il n’est pas sorti d’affaire pour autant puisqu’il ne sait même pas où et comment récupérer son passeport. De plus, il est rentré en prison debout, il en est ressorti en fauteuil roulant. Ce qui prouve le très peu de pitié que le pouvoir porte au citoyen.

Quant à Kamel Daoud, il ne sait pas encore à quelle sauce il va être mangé et que lui réserve le futur, proche ou lointain. Après avoir osé remuer le fond de la marmite de la décennie noire, le pouvoir ne lui pardonnera jamais l’affront d’être allé à contre-courant de la loi qui prévoit, pas moins de cinq années de prison à toute personne qui ose faire référence à la période encore floue de notre histoire récente.

Que reste-t-il à faire, comment ramener à la raison un pouvoir qui n’en fait qu’à sa tête ? Sourd à tout appel à la raison, nos décideurs nous réservent encore de nombreuses mauvaises surprises.

Que peut-on bien reprocher à Boualem Sansal sinon ses prises de position courageuses ? Il n’y a que nos honorables responsables le savent.

Seul Mao Tse-Tung, en son temps, avait osé des opérations de grande ampleur pour se débarrasser des intellectuels chinois. Mais lui avait une vision pour la Chine, aussi mortifère qu’elle pouvait être. Les nôtres, en revanche, sont dans l’improvisation à la petite semaine. Tebboune et ses parrains sont assurément déconnectés des réalités algériennes mais aussi du monde. D’où le sérieux péril qu’ils font courir à l’Algérie et la région.

Kacem Madani

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