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Tebboune entre les mains de Chanegriha

Tebboune

Illégitime comme jamais, Abdelmadjid Tebboune est un chef d’Etat qui dépend entièrement du général-major Saïd Chanegriha (79 ans). Le taux de participation particulièrement insignifiant à la présidentielle (soit entre 10 et 20%) a affaibli grandement Abdelmadjid Tebboune. Pas seulement.

Abdelmadjid Tebboune (79 ans) voulait, à la faveur de cette élection qui n’en était pas une (disons les choses comme elles sont), se tailler une légitimité populaire, mais c’était sans connaître le peuple algérien et ses aspirations à en finir avec les mascarades électorales.

Malgré la propagande médiatique qui a entouré cette mascarade électoral, elle a montré surtout un chef d’Etat diablement impopulaire. L’échec pour Tebboune et ses parrains a été cuisant.

Sans assise populaire, sans organisation politique fidèle et solide, Tebboune est plus que jamais seul. Ne l’oublions pas, contrairement aux apparences, tous les partis et organisations de la société civile qui ont annoncé leur soutien à Tebboune sont guidés en sous-main par l’Etat profond, ce cabinet noir qui décide de la vie et de la mort politique dans le pays. Tebboune est plus que jamais seul.

Contrairement aux annonces qui se voulaient rassurantes, lors de la prestation de serment de Tebboune, il faut plutôt s’attendre à un terrible verrouillage des libertés. Ceux qui dirigent le pays sont habitués à clignoter à gauche pour tourner à droite. C’est dans leur ADN politique.

Le quotidien Le Monde ne croyait pas si bien écrire en observant que «M. Tebboune est clairement sous tutelle. Durant la campagne électorale elle-même, le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chengriha, l’accompagnait d’ailleurs sans cesse lors de ses visites : ici dans un stade, là à une foire. Un marquage de très près.»

Il n’y a aucune indulgence à ressentir pour ce chef d’Etat qui a non seulement fossilisé la gouvernance mais a plongé tout le pays dans une glaciation sans nom. Quelques jours à peine après que la Cour consitutionnelle annonce sa victoire controversée à la mascarade présidentielle, voilà qu’on apprend que Mehena Djebbar, le chef des renseignements extérieurs, est débarqué. Dans ce pays encalminé, en matière d’urgence, il y a mieux à faire pourtant. Comme s’occuper de l’épidémie de malaria qui tue par dizaine à l’extrême sud du pays. Mais là, les morts sont cachés, on ne voit que du feu.

Une autre affaire aussi gravissime allait suivre : Farid Bencheikh, l’ex-DGSN qui a mâté et tué la dissidence populaire et donc l’espoir de changement dans le pays, est un «traître», nous apprend El Watan. Bencheikh avait des connexions avec des «parties étrangères». Prudence, même si on sait que la justice a la corde à la patte, cet homme est présumé inoncent jusqu’à son jugement. Décoiffant tout de même !

Avec une quarantaine de généraux, deux DGSN, des premiers ministres, des ministres, des patrons des services de renseignement en prison… à qui faire confiance en Algérie ?

Mais ce n’est pas fini. Sa première «grande» décision, comme il l’avait promis pendant la campagne électorale est de nommer Dahou Ould Kablia, vénérable jeune de 91 ans, pour diriger la très complexe commission de réformes des codes communal et de wilaya. Un avant-goût, en attendant le retour de l’islamo-baâthiste Abdelaziz Belkhadem.

Alors que les jeunes cadres quittent le pays par milliers, les anciens dinosaures reviennent au pouvoir un à un. La « nouvelle Algérie » c’est ça aussi : l’enfumage permanent, l’esbroufe, les promesses dans le vent… Si l’on voulait faire échouer ce machin on n’aurait pas agi autrement.

Tebboune est un homme du passé. Déconnecté des enjeux réels du pays. Ce ne sont pas les messages soporifiques de félicitations envoyés par les chefs d’Etat étrangers et que les médias publics répètent à tue-tête qui changeront quelque chose à la dramatique situation dans laquelle patauge le pays.

Isolé du monde et du peuple, le chef de l’Etat poursuit la politique paranoïaque et répressive pour se maintenir et maintenir le clan aux affaires mais aussi et surtout répondre au doigt et à l’oeil au généralissime Chanegriha dont la présence médiatique est incontournable.

Qui pour desserrer le noeud coulant au coup de Tebboune ? Certainement pas son premier cercle qui n’a pas plus de pouvoir que celui d’un chef de daïra.

Une fois que tout ça est dit, comment allons-nous finir l’année ? Et quel est le devenir immédiat et futur de ce pays qu’on observe se défaire chaque jour un peu plus?

Yacine K.

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