C’est un chef de l’Etat affaibli, mais fort heureusement en vie que les Algériens, surpris, ont découvert dimanche lors de la diffusion de trois messages adressés au peuple algérien et au monde, via son compte Twitter, d’une durée respective de 2:20, 1:43 et enfin 1:02.

Remontées en une seule séquence de plus de quatre minutes, elle est diffusée tout d’abord par les chaînes de télévision privées dans l’après midi, puis finalement reprise par la chaine nationale en début de soirée.

Très amaigri, respirant avec difficulté, le côté droit probablement touché, les yeux hagards plus ou moins exorbités, mais l’air plus grave, plus décidé, plus sûr de lui,  le ton plus ferme et  moins hésitant  qu’à son habitude.

C’est en soi une première en Algérie. Le canal officiel, traditionnel et privilégié pour les annonces qui revêtent une importance nationale a toujours été la chaîne nationale à des heures de grande écoute, c’est-à-dire au journal de 20 h. Il semble que cette option ait été écartée par l’équipe présidentielle afin de s’assurer de la diffusion du message et de le conserver dans son intégralité.

Le choix porté par le chef de l’Etat et son staff sur Twitter s’explique probablement par le fait que ce média est le réseau social le plus utilisé par les hommes politiques et les journalistes du monde entier d’une part, et qu’il soit l’un des mieux protégé d’autre part.

Par cette façon directe de présenter le président à ses concitoyens, le clan présidentiel accusé depuis plusieurs semaines de faire de la rétention d’information quant à l’état de santé réel du Président, a voulu faire montre de transparence. C’est également une façon de prendre le monde à témoin sur sa volonté de demeurer à sa fonction, parachever son programme dès sa guérison comme il le soutient. 

Cette sortie inattendue évoque au téléspectateur celle d’Erdogan, bien sûr sous une forme différente,  réagissant sur Skype en appelant ses concitoyens à la rescousse contre un prétendu coup d’Etat qui se tramait contre lui.

Diffusée en des temps de grand doute sur le devenir du pays au sein de la société, eu égard à l’incertitude politique, économique, sanitaire et sécuritaire qui y règne, dans le but de l’atténuer, il est fort probable pour  aura un effet contraire suscitant une foule de questionnements chez le téléspectateur. 

Parmi ces interrogations,  celle qui vient le plus spontanément à l’esprit est celle de savoir si cette intervention a plus pour  sujet  le devenir du clan présidentiel que celui du pays .

Il n’en demeure pas probablement moins, il faut le reconnaître, que cette opération médiatique, par son caractère subit, l’apparition d’Abdelmadjid Tebboune encore malade et diminué, le choix du timing, son contenu éminemment politique, l’innovation dans le choix de Twitter et son originalité ne manquera pas de susciter la compassion et l’empathie des Algériens envers leur président.

Reste à répondre à la question fondamentale : le président recouvrera t’il toutes ses capacités physiques pour pouvoir gouverner dans un futur proche ? Comment les Algériens réagiront ils ? Des forces apparemment opposées à son retour aux affaires s’activent, que feront elles? A-t-il les moyens de les contrecarrer? Quelle en sera l’issue ?  

Les semaines à venir nous le diront.