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Tragédie de l’Oued El Harrach : quand l’État ferme les yeux sur des bus hors d’âge

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Vingt morts, vingt-quatre blessés, et un bus réduit à l’état de carcasse métallique. L’accident survenu hier à Oued El Harrach, à l’est d’Alger, ne se résume pas à un simple drame de la route : il révèle, une fois de plus, les failles profondes du système de contrôle et de régulation du transport en commun.

Selon les premières constatations, le véhicule, déjà en piteux état, aurait perdu le contrôle avant de basculer dans le cours d’eau en contrebas du pont. L’épave, sortie des eaux par les plongeurs de la Protection civile, témoigne d’une usure extrême : structure déformée, équipements arrachés, absence d’éléments de sécurité de base.

Des bus en fin de vie autorisés à circuler

Lundi, c’est un carambolage à Aïn El Hamri (Constantine) qui a conduit à la mort de trois personnes. Toutes les semaines, les accidents routiers font des morts par dizaine… Mais qui s’en était soucié. Il a donc fallu ce terrible accident au coeur d’Alger pour susciter un intérêt qui ne durera que un jour ou deux tout ou plus…

Le drame relance momentanément le débat sur la permissivité des autorités face à un parc de transport vieillissant. Dans de nombreuses villes, les bus dédiés au transport public sont proches de la réforme, parfois âgés de plusieurs décennies, et continuent pourtant de transporter quotidiennement des passagers. Les contrôles techniques, lorsqu’ils existent, sont rares, superficiels ou aisément contournés.

L’octroi de licences de circulation à des véhicules en fin de vie est devenu une pratique tolérée, au nom de la nécessité de maintenir l’offre de transport, notamment dans les zones à forte demande. Une tolérance qui, sur le long terme, transforme chaque trajet en pari avec la mort.

Un problème économique et structurel

À cette absence de contrôle rigoureux s’ajoute un facteur économique majeur : la flambée des prix des pièces détachées, souvent importées, pousse les propriétaires de bus à retarder les réparations ou à recourir à des pièces de récupération, de qualité incertaine. Les marges financières réduites et l’absence de mécanismes d’aide publique à la modernisation du parc aggravent encore la situation.

Un drame qui interroge les responsabilités

Si la défaillance technique du bus est l’élément déclencheur de la catastrophe, la responsabilité ne se limite pas à son propriétaire. Elle interroge aussi l’État, ses services de contrôle et ses choix politiques. Maintenir en circulation des véhicules hors d’âge, sans suivi rigoureux, revient à exposer quotidiennement des milliers de citoyens à un risque mortel. Pas seulement, tout le monde connaît la pénurie de pièces de rechanges des voitures, la vétusté du parc roulant et surtout les prix exorbitants des véhicules en Algérie. Au-delà des chauffards, qui est responsable de cette catastrophe nationale hormis le gouvernement ?

Une réaction institutionnelle de circonstance 

En annonçant l’ouverture d’une enquête « afin de déterminer les causes de l’accident »,  le ministre des Transports, Saïd Saâyoud, s’est inscrit dans une réaction institutionnelle de circonstance. Mais l’essentiel est ailleurs : l’État tarde à assumer pleinement sa part de responsabilité. Le drame est ancien, structurel. Tout le monde a fermé les yeux devant l’urgence et les dizaines de morts chaque semaine sur nos routes. Ce n’est pas le plan d’urgence annoncé par le ministre Merad qui changera quelque chose.

 Et en pointant systématiquement l’imprudence et l’excès de vitesse des chauffeurs, le ministre des Transports occulte le cœur du problème : l’attentisme et le retard accumulé dans la mise en œuvre d’une véritable politique de modernisation d’un parc de transport en commun  en état de délabrement avancé, condamnent les usagers à voyager quotidiennement dans des épaves roulantes. Et chaque tragédie, comme celle de l’Oued El Harrach est un rappel brutal : le coût de l’inaction et du laxisme réglementaire se mesure en vies humaines.

Sofiane Ayache

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2 Commentaires

  1. On distribue des « aides » par centaines de millions de dollars, sans consulter qui que se soit,
    des sommes qui auraient pu être mobilisées pour la construction d’usines de fabrication de bus,
    et de pièces détachées, comme anciennement Sonacome. Et bien, NON !
    Le pouvoir et sa clique préfère arroser les ‘peuples frères’ qui peuvent l’aider à sortir la tête de l’eau.
    En attendant, l’algérien ne peut que prier.

  2. Sincères condoléances à toutes les famille éplorées et prompt rétablissement aux nombreux blessés. Rezzig le ministre « Frak » est passé par là. En verrouillant à triple tour l’importation (lui qui adore fermer le domino avec son double 6) de moyens de transport collectif au moins décents et même des pièces de rechange introuvables en Algérie, il doit être tenu premier responsable de cette terrible tragédie. Malheureusement, qu’à cela ne tienne, il continuera de sévir, assuré qu’il est de l’impunité dont il bénéficie de la part de son 3ammou Abdelmadjid qui lui a donné les pleins pouvoirs (Licence to kill).

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