L’immobilisation d’un navire de la compagnie italienne GNV au port de Sète, ayant laissé plusieurs centaines de passagers algériens bloqués durant de longues heures, remet une nouvelle fois en lumière les fragilités du transport maritime reliant la France à l’Algérie.
L’annulation temporaire de la traversée est intervenue sans annonce préalable, plongeant les voyageurs dans une incertitude totale. Familles avec enfants, personnes âgées et passagers venus de différentes régions de France, mais aussi de Belgique et du Royaume-Uni, se sont retrouvés sans information claire ni accompagnement adapté.
Les 650 passagers du ferry Fantastic, appartenant à la compagnie italienne Grandi Navi Veloci (GNV) ont dû attendre plus de dix heures devant le port de Sète pour enfin monter à bord du bateau de la compagnie GNV, samedi 13 décembre, à 17 h, avant de partir peu avant 22 h vers l’Algérie.
Cette situation met en évidence une gestion défaillante de la communication de crise. Ni la compagnie maritime ni les autorités portuaires n’ont fourni d’explications officielles sur les raisons exactes ayant conduit à l’immobilisation du navire, alors que les passagers attendaient depuis l’aube un départ vers l’Algérie.
L’arrivée de nouveaux opérateurs sur les lignes France–Algérie, à l’image de GNV depuis l’été 2025, avait pourtant été présentée comme une réponse aux insuffisances structurelles du secteur. Mais dans les faits, les voyageurs continuent de subir retards, annulations de dernière minute et changements d’horaires sans prise en charge adéquate.
Le flou entourant la mesure judiciaire ayant empêché le départ du navire alimente également un sentiment de défiance. Pour de nombreux passagers, ce silence renforce l’impression d’un manque de considération, d’autant plus que les déplacements vers l’Algérie revêtent souvent un caractère familial ou humanitaire.
Au-delà de cet épisode, c’est la question des droits des passagers qui se pose avec acuité. Information en temps réel, hébergement d’urgence, restauration et éventuelles indemnisations demeurent des points faibles du transport maritime entre les deux rives, appliqués de manière inégale selon les compagnies et les ports.
À l’approche des périodes de forte affluence, l’incident survenu à Sète agit comme un signal d’alarme. Sans amélioration tangible de la fiabilité des traversées, de la transparence et du respect des voyageurs, le transport maritime France–Algérie continuera de susciter incompréhension et exaspération au sein de la diaspora algérienne.
Mourad Benyahia

