Alors qu’elle s’était mise en retrait du champ politique depuis le coup de force du président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021, la principale centrale syndicale tunisienne a décidé de monter au créneau à l’occasion d’un mouvement de grève déclenché dans les transports publics. Lancée mercredi 30 juillet, la mobilisation doit durer jusqu’au vendredi 1er août.
Bus et rames de métro au dépôt, arrêts et stations désertés et nombreux embouteillages dans le grand Tunis : la première journée de grève dans les transports publics tunisiens décrétée par la Fédération générale des transports a été massivement suivie, mercredi 30 juillet. Initiée par une structure qui relève de l’UGTT, le mouvement, qui doit durer jusqu’au vendredi 1er août, marque la première confrontation entre le gouvernement et la puissante centrale syndicale qui s’était mise en retrait du champ politique depuis le coup de force du président Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021.
Selon Slaheddine Selmi, l’un des représentants de l’UGTT, la grève a été suivie à 100%, même dans le sud du pays. Né de l’échec des négociations avec le gouvernement qui portaient notamment sur des problèmes de primes et de salaires, sur la préparation de la rentrée scolaire et sur la question de la pérennité des sociétés de transports publics, ce bras de fer dans lequel la centrale a décidé de monter au créneau intervient deux semaines après que le président a défendu le maintien des structures de service public de transports, tout en plaidant pour leur restructuration.
Après les transports publics, la SNCFT ?
Souvent confrontée à un manque de transports en commun ou au problème de leur ponctualité, la Tunisie a reçu 189 bus chinois pour réactiver certaines lignes de son réseau dans le courant du mois de juillet. Les revendications des syndicats montrent toutefois qu’il existe aussi des difficultés au niveau interprofessionnel sur lesquels le dialogue avec le gouvernement peine à aboutir.
Bien que l’UGTT se dise prête à négocier, au soir du 30 juillet, la grève était maintenue pour les deux jours suivants. Face à l’ampleur annoncée du mouvement, le ministère tunisien des Transports a lui réagi en tentant de réquisitionner des agents et en prenant une série de mesures exceptionnelles destinées à assurer le déploiement d’une importante flotte de transports collectifs et de taxis.
En raison de difficultés comparables – recrutement d’agents insuffisant, attente dans la fourniture de vêtements de travail et pressions judiciaires exercées sur certains cheminots syndicalistes -, la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) menace, quant à elle, de déclencher un mouvement de grève dans la foulée de celui lancé par Fédération générale des transports.
RFI
La société tunisienne dispose de l’énorme avantage du fait que le pays repose sur le travail, non sur une quelconque rente. Le gouvernement a besoin du travail des tunisiens, des taxes qui proviennent du labeur pour exister. Cette dépendance est atout considérable entre les mains de la société.