Lundi 1 février 2021
Tunisie : cacophonie autour de la lettre suspecte empoisonnante
Après avoir enflammé la toile sur cet acte qui visait l’empoisonnement à travers un courrier (on parle d’un colis suspect qui contenait une poudre empoisonnante destinée au président de la république tunisienne Kaïs Saied), vint ce fameux communiqué de la présidence plus cafouilleux, laconique voire même douteux.
Il fallait attendre jeudi dernier 29 janvier pour apprendre dans la page Facebook de la présidence tunisienne un peu plus sur cette affaire sans pour autant lever complètement le mystère qui l’entoure. (01)Ainsi lit-on dans la traduction en français de Google puisque le texte est diffusé en langue arabe, le lundi 25 janvier 2021 vers 17 h, la présidence de la république a reçu un courrier spécial (بريدا خاصا) adressé au président de la république sous forme d’une enveloppe qui ne porte pas le nom de l’expéditeur. Madame la ministre, directrice du cabinet présidentiel a ouvert cette enveloppe et a été surprise de ne remarquer aucun écrit dedans.
Mais juste (بمجرد) à l’ouverture, elle a subit une perturbation de son état de santé. Elle s’est évanouie et presque complètement perdu la vue suivi d’un grand mal de tête. (تعكر وضعها الصحي وشعرت بحالة من الإغماء وفقدان شبه كلي لحاسة البصر)
Il est à signaler qu’un employé du cabinet de la présidence était présent au moment de cet incident et qui a ressentis les mêmes symptômes mais dans une moindre mesures. Cette enveloppe a été mise dans un broyeur et les feuilles ainsi broyées ont été orientées vers les services du ministère de l’intérieur. Jusqu’à présent, c’est-à-dire après 3 jours d’analyse, il n’a pas été possible de déterminer la nature de la « matière » qui était à l’intérieur de l’enveloppe. (تحديد طبيعة المادة )
Bien entendu, le communiqué tente de justifier le retard de trois jours de sa diffusion par le fait de ne pas créer une panique au sein de l’opinion publique mais tout porte à croire que la confusion des termes de ce communiqué ont embrasé non seulement les réseaux sociaux mais la presse écrite aussi qui s’étonnent qu’une institution de telle niveau souffre de telles lacunes communicatives. Cependant, le dernier paragraphe de ce communiqué politise quelque peu cet incident en «scratchant » les instances politiques de la Tunisie « Nous soutenons la liberté d’expression.
Nous nous étonnons de la visée de ceux qui ont diffusé l’information au sujet de la tentative d’empoisonnement au lieu de chercher qui a fait cette tentative misérable.»
De telles imprécisions dans un communiqué de ce niveau ont rendu sa portée contre productive pour inquiéter plus l’opinion publique qui continuent à s’interroger sur de nombreux points qui s’apparentent à un arrangement au détriment de l’intérêt suprême du pays. Les incohérences qui apparaissent dans cette affaire préoccupent plus qu’elles rassurent.
Le communiqué parle d’une matière contenue dans cette enveloppe tandis que la presse évoque une poudre, l’une ou l’autre, comment se fait- il que les laboratoires d’analyse de la Tunisie, réputés pour leur compétence, n’arrivent pas à ce jour à déterminer sa composition ou du moins son origine. Pourquoi n’infirme t- on ou confirme t- on pas les origines du malaise de la cheffe du cabinet ? Comment avoir pensé tout de suite que broyer un papier à froid les protégerait contre le mal alors qu’ils savaient bien qu’ils étaient en train peut-être d’en détruire des preuves ?
Ensuite pourquoi on a bruité dans le monde entier que cet envoi vise le président de la république alors que dans aucun pays un président ouvre lui-même le courrier, dans quel intérêt oriente t- on la destination de ce courrier dans cette impasse incroyable ? S’agit-il d’un déclic créé de toutes pièces pour faire oublier les citoyens tunisiens de leur quotidien pénible ?
En tout cas l’excellent éditorial de ce matin du journal «Presse tunisienne » (02) a pris cet incident comme un « cadeau » de ses commanditaires car au lieu de créer une panique, il est en train de serrer et consolider les rangs d’abords avec les pays frères ensuite entre Tunisiens pour enfin conclure « qu’à quelque chose malheur est bon. »
Rabah Reghis
Renvoi
(01)-https://www.facebook.com/Presidence.tn/ (02)-https://lapresse.tn/86092/a-quelque-chose-malheur-est-bon/