La Cour d’appel de Tunis a confirmé, vendredi 5 septembre 2025, la condamnation de Mourad Messaoudi à huit mois de prison ferme. Ancien juge révoqué, Messaoudi est accusé d’avoir accordé des avantages pour influencer les électeurs lors de la présidentielle de 2024, des accusations qu’il rejette catégoriquement.
Selon son avocat, Me Samir Ben Amor, cette décision soulève de sérieuses interrogations sur le respect des droits de la défense. « La peine a été confirmée sans que mon client ne soit entendu et sans qu’aucune plaidoirie n’ait été présentée », a-t-il dénoncé, qualifiant le jugement de « scandale juridique ».
Pour l’avocat, cette affaire illustre un contexte judiciaire tendu, où les procédures peuvent sembler expéditives, en particulier dans les dossiers liés aux élections et à l’administration publique.
Mourad Messaoudi avait été arrêté en août 2025 à son domicile d’Ezzahra, suite à un mandat d’arrêt émis après le jugement en appel. L’affaire avait déjà fait grand bruit lors de son procès initial, notamment en raison du profil de l’accusé : ancien juge connu pour son implication dans des affaires sensibles et sa carrière marquée par des décisions judiciaires parfois controversées.
Les réactions à cette condamnation sont partagées. Certains observateurs estiment qu’il s’agit d’un signal fort envoyé par la justice tunisienne pour affirmer son indépendance et lutter contre toute tentative de manipulation électorale. D’autres, en revanche, pointent du doigt le processus judiciaire et dénoncent l’absence d’audition de l’accusé, ce qui soulève des questions sur la transparence et l’équité du système.
Cette décision intervient dans un contexte politique et judiciaire tunisien marqué par des tensions croissantes autour des élections, de l’administration de la justice et de la responsabilité des anciens magistrats dans la vie publique. L’affaire Messaoudi rappelle également la vigilance nécessaire face aux accusations de manipulation électorale et à l’importance de procédures strictement conformes aux droits de la défense.
Alors que la condamnation est désormais définitive, les débats sur la légitimité de la procédure et sur l’équilibre entre justice et politique risquent de perdurer. Mourad Messaoudi, de son côté, maintient son innocence et dénonce une décision qui, selon lui, fragilise la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires tunisiennes.
Mourad Benyahia