La guerre en Ukraine est entrée dans son sixième mois depuis dimanche 24 juillet. Si la situation sur le front du Donbass semble s’être quelque peu rééquilibrée au bénéfice de l’Ukraine, on observe ces derniers jours des mouvements plus importants dans le sud du pays, en particulier dans la région de Kherson. Cette région devrait être le théâtre de la prochaine grande bataille de la guerre, avec cette fois une contre-offensive de l’Ukraine à prévoir pour le mois d’août.
Les premiers signes montrent que cette bataille a peut-être déjà commencé. Il y a quelques jours, le ministre de la Défense, Oleksiy Reznikov, a déclaré que le président Volodymyr Zelensky lui avait donné l’ordre de reconquérir le sud, et que, pour ce faire, l’Ukraine préparait une armée d’un million d’hommes.
Il semble en effet que l’Ukraine ait décidé de concentrer ses efforts sur la région de Kherson afin d’obtenir une première victoire majeure en un contre un, qui pourrait changer le destin de la guerre. Ces dernières semaines, les frappes en profondeur se sont multipliées pour affaiblir l’armée russe en détruisant ses centres de commandement, ses points logistiques et ses centres de munitions, notamment dans la ville stratégique de Nova Kakhovka.
L’armée ukrainienne utilise, semble-t-il à bon escient, les systèmes de missiles multiples occidentaux, et notamment les Himars américains, qui lui ont permis ces derniers jours de frapper plusieurs ponts sur le Dniepr, notamment le pont Antonovsky, long de 1,3 kilomètre, en banlieue de Kherson.
Enfermer les Russes à l’est du Dniepr
Désormais, la stratégie ukrainienne devient plus lisible. Kiev semble vouloir enfermer les forces russes sur la rive droite du Dniepr, dans un chaudron, en empêchant toute possibilité de soutien ou de retrait, en détruisant les ponts sur le fleuve. Enfin, les offensives ukrainiennes se multiplient ces dernières heures sur la ligne de front de Kherson. Selon plusieurs informations, les Ukrainiens seraient sur le point d’encercler plus d’un millier de troupes russes dans la bourgade de Vyssokopillia, au nord de Kherson.
Et preuve que les opérations sont lancées, l’état-major a indiqué ce week-end que plusieurs bourgades ont été reprises et que durant les combats, Vitaly Gulyaev, le colonel qui dirige la 28e brigade mécanisée, une des principales unités dans la région de Kherson, a été tué au combat.
Espionnage : Volodymyr Zelensky fait le ménage à la tête de l’Etat
Sur la question du calendrier de cette contre-offensive, Natalya Humeniuk, porte-parole du commandement Sud de l’armée ukrainienne, a souri et répondu à RFI que le secret opérationnel était la clé des succès ukrainiens. Si elle a fait comprendre que les opérations sont déjà lancées, elle explique que l’Ukraine restera très discrète sur cette contre-offensive.
Mais la semaine dernière, Andriy Yermak, le bras droit de Zelensky et véritable homme fort du pays, a déclaré qu’il fallait que la bataille de Kherson se termine victorieusement avant l’entrée dans l’hiver, qui rendra toute offensive extrêmement difficile en raison de la météo.
Ils [les Ukrainiens ndlr] ne peuvent pas compter sur un appui aérien important. Les Russes ont toujours la supériorité. En revanche, ils peuvent compter sur de nouveaux systèmes d’armements que les Occidentaux et spécialement les Américains leur ont donné qui permettent d’entraver les défenses russes à l’arrière. Ce qu’on peut voir aussi, c’est une intensification des actes de résistance, notamment par des actes de sabotage, au sein des zones occupées par l’armée russe, donc à l’arrière de cette offensive. Cela facilite l’avancée des troupes conventionnelles ukrainiennes.
Avec RFI