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mardi 21 octobre 2025
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Un accord de paix sans guerre : la tentation de redessiner l’Afrique du Nord

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Il n’y a pas de guerre entre l’Algérie et le Maroc. Pas de bataille, pas de cessez-le-feu à négocier, pas de reconstruction à planifier. Il y a un froid politique, une rupture diplomatique et une frontière verrouillée depuis trois décennies.

Et pourtant, Washington parle aujourd’hui d’un « accord de paix » à conclure entre Alger et Rabat, comme si l’Afrique du Nord était une zone de conflit militaire que la diplomatie américaine s’apprêtait à pacifier.

Ce glissement de langage n’est pas anodin. Il traduit la volonté de s’arroger un rôle d’arbitre dans une région que les grandes puissances peinent à comprendre mais persistent à instrumentaliser. En parlant de « paix », les États-Unis redéfinissent les termes du désaccord : ils en font un dossier sécuritaire, alors qu’il s’agit d’une question politique et historique, enracinée dans la décolonisation inachevée du Sahara Occidental. Autrement dit, ils inventent une guerre pour mieux en négocier la fin.

Cette logique de tutelle diplomatique est désormais familière. Elle consiste à reformater les relations entre États africains sous couvert de « stabilisation régionale », pour mieux arrimer le continent aux réseaux d’influence globale. L’Afrique du Nord n’échappe pas à cette mécanique : instrumentalisation de la crise sahélienne, contrôle des routes énergétiques, containment de la Russie et de la Chine, prolongement des accords d’Abraham — tout cela sous le vernis d’une paix à venir.

Mais la paix ne se décrète pas depuis les capitales étrangères. Elle ne s’impose ni par injonction diplomatique, ni par stratégie d’alignement. Ce qui se joue aujourd’hui entre Alger, Rabat et Washington dépasse la simple réouverture d’une frontière : c’est la tentative, à peine voilée, de remodeler les équilibres et la vision stratégique de l’Afrique du Nord selon des intérêts extérieurs.

Le Sahara Occidental reste le cœur de la fracture. Pour l’Algérie, c’est une question de principe : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Pour le Maroc, c’est une ligne rouge : la souveraineté indivisible du royaume. Entre le droit et le fait accompli, entre la légitimité du texte et celle du territoire, aucune équation ne tient sans courage politique. Or ce courage, ni les chancelleries ni les puissances tutélaires ne peuvent le produire à la place des acteurs eux-mêmes.

Ce que Washington présente comme une initiative de paix ressemble, en réalité, à un projet de réagencement stratégique. Il s’agit moins de rapprocher Alger et Rabat que de repositionner l’Afrique du Nord dans un échiquier où les alliances se font et se défont selon les besoins de l’heure. Dans ce jeu, les États deviennent des leviers, non des acteurs.

Or la région n’a pas besoin d’un nouveau tuteur, mais d’une nouvelle parole. Tant que son avenir sera pensé ailleurs — à Washington, à Bruxelles ou à Moscou — elle ne sera qu’un prolongement des ambitions des autres. L’enjeu, ce n’est pas une paix à négocier, mais une souveraineté à reconquérir : celle du discours libre, du choix assumé et du destin partagé. La stabilité naîtra le jour où l’Afrique du Nord parlera d’une seule voix — la sienne.

Mohcine Belabbas, ancien président du RCD

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