L’Algérie mérite mieux que la gouvernance par le chaos qu’a imprimé Abdelmadjid Tebboune au pays depuis que le général Ahmed Gaïd Salah l’a intronisé à la présidence de la république en décembre 2019.
Le pays va très mal. Il ne sert à rien de mentir à l’opinion. L’Algérie que les médias et le pouvoir convoquent à longueur de journée n’existe pas. Elle est un leurre. C’est l’Algérie Potemkine.
70 ans après novembre 1954, l’Algérie est rongée par la débandade, affalée sur une montagne de mensonges et de manipulations de bas vol. 70 ans après novembre 1954, il se délite et ses enfants sont réduits à le fuir pour espérer construire un avenir meilleur.
Zohra Drif, cette ancienne moudjahida, termine son fabuleux récit de la bataille d’Alger, « Mémoires d’une combattante de l’ALN, Zone Autonome d’Alger», par ces mots « … Ce qui m’a toujours tourmentée, c’est la peur que les vivants, nos jeunes surtout, oublient les sacrifices consentis par notre peuple, oublient Ben M’hidi, Abane Ramdane, Ali la pointe, Debbih Chérif, Hassiba Ben Bouali, Ourida Meddad, Petit Omar et tous les autres. Qu’ils oublient les sacrifices consentis pour que l’Algérie soit libre et indépendante, oublient donc comment il faudra toujours la défendre… ».
Le 30 septembre 1956, elles étaient trois à poser des bombes dans la capitale : Zohra Drif au Milk Bar de la rue d’Isly, Samia Lakhadari dans une cafétéria de la rue Michelet et Djamila Bouhired emblème de la résistance algérienne dans le Hall d’Air France de l’immeuble Mauretania.
Cette année-là, Zohra drif, Samia Lakhdari et Djamila Bouhired avaient entre 21 et 22 ans, Djamila Amrane-Minne 17, Abane Ramdane 36, Larbi Ben M’hidi 33, Debbih Chérif 29, Yacef Saâdi 28, et Ali la pointe 26.
La plupart d’entre eux se sont sacrifiés pour la liberté, pour que les algériens puissent vivre libres, pour l’indépendance, pour leur idéal, leur paradigme.
68 ans après, un jeune musicien fort sympathique et talentueux Cheb Djihad Pitos sort un tube très en vogue dans lequel il décrit le nouveau paradigme du jeune algérien lambda dans ce qu’on appelle la nouvelle Algérie : le gris nardo , nouvelle couleur tendance de l’automobile, la Fiat 500, une femme fatale et un diner à la chandelle en haut de la Tour Eiffel.
Pour l’étudiant gamma par contre, le grand rêve est de parvenir à s’inscrire dans une université en terre chrétienne.
Durant le Hirak, l’immense Lakhdar Bouragaa et madame Djamila Bouhired ont dû revêtir leur uniforme de moudjahid afin de venir prêter main forte à cette jeunesse amputée de son espoir et volontairement tenue éloignée de toute forme de militantisme.
Il est vrai que les supporters de l’équipe nationale arrêtés par la police au Soudan ont cité les noms de nos chouhada comme l’a si bien souligné madame Drif dans son livre. Nous nous rappelons également des noms de martyrs scandés inlassablement tout le long des marches populaires durant le Hirak chaque vendredi et mardi.
Mais que connaissent réellement ces jeunes de leurs icones ? De leur histoire ?
Lisent-ils ? En quelle langue ? Dans quelle école ?
Toutes ces figures de la révolution sont bien dans la mémoire populaire, collective mais leur histoire est souvent inconnue chez les jeunes ou mal connue parce que travestie dès les premières années de l’indépendance. Comme leur identité d’ailleurs. Elle leur a été caché, comme on cache le soleil avec un tamis comme le dit si bien un proverbe local.
Madame Zoubida Assoul, candidate à la présidentielle 2024, dans ses tentatives frileuses d’apprivoiser TikTok semble avoir du mal à mobiliser sinon au moins attirer l’attention des jeunes. Ses messages et ceux de son équipe ont pour objectif de tenter d’impliquer les jeunes de moins de 35 ans qui représentent 70 de l’électorat.
Au nombre de vus qui s’affiche à l’écran on constate bien que résignés, ils ne se sentent pas spécialement concernés par la politique et donc par les élections. Dans le même ordre d’idées les évènements de Gaza les touchent mais ne les mobilisent point.
A l’époque de Mme Drif, ce n’était pas la même situation puisque les moins de 35 ans menaient le combat à Alger, tenaient d’une main de fer la zone autonome et faisaient trembler le colonisateur avec tous ses moyens et ceux de l’OTAN à sa disposition.
Madame Drif n’a pas tort de s’inquiéter et de se poser cette question : comment les vivants et les jeunes pourront défendre la liberté et l’indépendance de l’Algérie s’ils ont oublié les sacrifices consentis par tant d’hommes et de femmes pour la libérer ?
Oui madame Drif, en militante de la première heure, acteur et témoin avisé du développement de l’Algérie après l’indépendance jusqu’à ce jour a touché du doigt la quintessence du problème : qui va la défendre ?
Les paradigmes ont changé. Dans celui décrit par Cheb Djahid Pitos ou celui du jeune étudiant la défense de l’Algérie n’occupe pas une place prépondérante.
Si la résolution des problèmes économiques semble être la priorité pour bon nombre de gens, ils ne sont pas les plus complexes à résoudre comme on a bien pu le constater durant ces deux derniers siècles. Ils se solutionneront d’eux-mêmes en ce qui concerne l’Algérie car elle regorge de ressources, encore loin de se tarir.
Ce sont les chantiers de l’espoir, du nouveau paradigme, du rêve de demain, de l’idéal, de l’identité, des valeurs qu’il faut mettre en branle comme cela s’est fait dans d’autres pays du monde plus et mieux éclairés.
C’est par là qu’il faudrait entamer l’ouvrage afin de doter l’Algérien de demain de la force nécessaire pour défendre son Algérie.
Mais malheureusement le président Tebboune et son administration ont du mal à maitriser le marché du lait, des féculents, des voitures etc… L’école, les valeurs, la culture, l’idéal, l’avenir des jeunes générations n’ont pas fait partie une seconde de leurs préoccupations ces quatre dernières années étant trop affairés à tenter de dissimuler leurs faiblesses. Ils ne maîtrisent rien. Ils font des promesses de lendemains qui n’arriveront jamais.
C’est face à cette urgence de défendre la terre Algérie, de se mettre à l’ouvrage pour construire l’Algérien de demain, de consolider les défenses régionales, qui sont des tâches ardues délicates et trop vitales pour être confiées à une équipe qui n’a cessé de montrer ses étroites limites, qu’un second mandat de Tebboune est inenvisageable ! Il est urgent d’arrêter ce train qui tire l’Algérie vers l’enfer. Sinon c’est l’effondrement certain qui nous attend.
Sofiane Ayache