L’Amérique de Trump a abandonné et méprisé la vieille Europe. L’ancien monde a accueilli un cardinal américain et lui a envoyé un pape, sans droit de douane. Nous reviendrons plus loin sur sa nationalité algérienne.
Deux réflexions sont immédiatement venues à mon esprit ce jeudi 5 mai avec l’élection du pape Léon XIV. La première est celle que je viens d’énoncer, la surprise générale du monde de voir ainsi pour la première fois un pape américain élu.
Dans le même temps j’ai également eu le réflexe de regarder deux chaines américaines d’information de deux mondes séparés, Fox News et CNN. Toutes les deux ont montré une stupéfaction des américains pour un événement dont ils n’auraient jamais eu l’idée qu’il puisse arriver.
J’ai alors pensé que Donald Trump avait dû, lui aussi, ressentir un choc et une leçon du monde chrétien qui lui rappelle qu’il n’était pas le centre du monde. Rome venait de lui jeter à la face sa splendeur séculaire et le Vatican, sa puissance temporelle universelle. Elle lui a signifié que ce qu’il croit être un empire américain n’est en fait qu’un phénomène très récent et certainement éphémère. Ce jeudi 5 mai, la Grande Rome lui a donné une leçon magistrale, la ville portant le qualificatif d’éternelle n’est pas la Trump land autour de laquelle le monde tournerait.
Nous avons vu toutes les nationalités de ce monde représentés dans cette place qui ont applaudi un américain avec une ferveur que les meetings auprès de la secte MAGA ne pourront jamais égaler. Ce jour-là, Donald Trump a été remis à sa place, personne n’a entendu sa déclaration qui est attendue tous les matins pour connaître sa nouvelle idée pour le sort de la planète qu’il pense pouvoir manipuler par ses doigts.
L’universalité ne s’est pas seulement exprimée sur la place Saint Pierre mais aussi en la personne du pape. Donald Trump va devoir affronter l’idée qu’un pape peut aussi bien être Chilien, Algérien et Américain. L’honneur qui vient d’être rendu à l’Amérique est celui de lui rappeler qu’elle est construite par des peuples d’origines multiples, essentiellement européenne pour sa fondation. Sans compter que ce pays-continent possédait déjà en ses terres une civilisation indigène et une population massive d’esclaves noirs qui ont trimé pour contribuer à sa richesse agricole et industrielle.
Non, l’Amérique blanche et raciste de Trump n’est pas l’élue de la création. La nomination du pape lui a violemment rappelé que l’immigration a fait et fait encore la puissance de son pays. Peut-être que Donald Trump, un ignorant du fond de la classe, se rendra compte maintenant qu’il est d’origine allemande.
Que le lecteur soit assuré que ma chronique n’est en rien une dévotion envers la vielle Europe mais une analyse critique objective du sens de l’histoire qui, elle seule, bonne ou mauvaise, peut créer les grands événements et les grands hommes. Donald Trump est une brindille d’un gigantesque champ qui sera balayée par le prochain vent.
La seconde réflexion qui m’est venue à l’esprit est l’image d’un cardinal particulier qui a participé à l’élection du pape. Un cardinal aimé et respecté par toute l’Algérie dont il est devenu un citoyen, Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger. Permettez-moi un moment de vanité pardonnable, il fut auparavant évêque d’Oran.
C’est lui qui dira aux journalistes « L’Afrique est encore largement sous-représentée dans le collège cardinalice » (un adjectif qui, au passage, nous a été rappelé). Le cardinal d’Alger aurait pu avoir la lourde charge pontificale. Il nous aurait honorés davantage car il était déjà sur la liste d’honneur de son pays du soleil.
Voilà ce que m’a inspiré l’événement de ce jeudi 5 mai, un espoir que l’universalisme, en toutes ses cultures et confessions religieuses, soit rappelé à la figure de l’insignifiant Donald Trump.
Rome sait qu’on ne devient pas empereur du monde sans être un grand.
Boumediene Sid Lakhdar
« Un cardinal aimé et respecté par toute l’Algérie dont il est devenu un citoyen, Jean-Paul Vesco »
A la louche au moins 95%, des Algériens n’ont jamais entendu parler de lui. Par contre Chemsou, bonatiro et consorts c’est de vrais vedettes.
« Le nouveau pape s’est présenté lors de sa première apparition place Saint-Pierre comme «fils de Saint-Augustin», évêque d’Hippone au IVe siècle, dont la règle est basée sur l’unité, la pauvreté de vie et la charité. »
Qui connait Saint-Augustin en Algérie ? Un trésor religieux historique qui est devenu une école dans beaucoup de pays, remplacé par des khrorotos ignards qui ne fonctionent que par des « macha allah » et des « inch’a allah » a longueur de journées pendant toute l’année – sans se rendre compte ou comprendre pourquoi ils repetent ces expressions.
Tant que notre passé libyco-romain et chrétien est nié et reste considéré djahili par les autorités et par la majorité, ce n’est pas le cardinal d’Alger (qui ne se réclame même pas des 11 siècles christianisme africain) qui va nous réconcilier avec notre mediterraneité et avec le monde.