Jeudi 25 avril 2019
Un seul danger : la manipulation
Comment changer avec les mêmes têtes aux commandes de l’Etat ? Comment espérer que les esprits soient apaisés, tant qu’on voit surgir de partout des tentatives de manipulation ? Comment nos officiels veulent-ils que la rue puisse les croire, alors qu’ils s’efforcent tous de détourner l’attention du Mouvement de dissidence populaire, pour le faire sortir des rails du train, puis l’écraser au tournant ?
Autant la tentation de changer chez la population soit grande, autant les risques du dérapage du mouvement citoyen sont importants. L’entêtement du chef d’Etat Bensalah à dialoguer avec des représentants «fantômes » de la société civile et des partis discrédités par l’opinion publique renforce la conviction que le pouvoir n’est pas en phase avec ce que demande la rue, ni n’a l’intention d’y répondre, tôt ou tard, favorablement.
En plus, l’opération « mains propres », lancée et appuyée, de toute évidence, d’en haut pour neutraliser, via une justice aux ordres, les réseaux de corruption pèche par son incohérence : qui arrête qui ? Qui incarcère qui ? Comment et avec quel plan et calendrier ?
Bref, qui est derrière ces décisions-là ? Puis, s’agit-il de rendements de compte sélectifs d’un clan contre l’autre dans la haute hiérarchie, ou de véritable opération de nettoyage des écuries d’Augias ?
L’Algérie étant, et c’est sans doute un secret de Polichinelle, corrompue jusqu’au cou, et il est difficile, dans ce cas-là, d’épargner une quelconque partie d’un corps gangrené, si l’on veut extirper les tumeurs malignes d’un malade cancéreux, au risque de le mutiler sans le soigner. Il semble que, pressé de toutes parts, le pouvoir tente de faire sa réfection, en noyautant le mouvement légitime de tout un peuple en colère dans des considérations, autres que celles pour lesquelles il s’est soulevé, à savoir le changement du régime et de tout le système établi depuis l’indépendance.
Pour preuve, personne ne sait quels sont ces dossiers de corruption que le chef d’Etat-major a promis d’ouvrir, ni pourquoi ce dernier aurait choisi exactement cette heure-là pour le dire ! Puis et, c’est là où le bât blesse, pourquoi les « décideurs » ont-ils attendu jusqu’à ce que la foule ait bougé pour procéder à ces coups de balai dans la maison, qui ressemblent plutôt à de la poudre aux yeux. Dans un pays qui se respecte et où les institutions agissent selon le principe de la séparation des pouvoirs, c’est à la justice d’agir et non pas à un chef d’Etat-major de lui donner l’ordre d’ouvrir des dossiers de corruption! Tout le mal est là.
L’Algérie est aujourd’hui face à son destin : soit elle se redresse, soit elle se noie, pas de place à une troisième option malheureusement. C’est pourquoi, cette opportunité de changer le système est à saisir par tous les Algériens, dans l’union, la solidarité et la vigilance, pour aboutir en fin de course à l’avènement de la deuxième République tant souhaité.