« Un si grand brasier » de l’écrivain algérien Kamel Bencheikh, paru en mars 2024 aux Éditions Frantz Fanon, offre une perspective poignante sur l’Algérie des années 1970 à travers le prisme du monde agricole.
L’auteur situe son roman dans une période tumultueuse de l’histoire algérienne, marquée par les séquelles de la guerre d’indépendance et la lutte pour une identité nationale. Cette toile de fond historique est intimement liée aux changements profonds qui affectent le monde agricole algérien.
L’auteur dépeint avec finesse et réalisme les défis auxquels font face les agriculteurs algériens à la suite de l’imposition de la fameuse révolution agraire. Il explore les difficultés économiques, les tensions sociales et politiques, ainsi que les aspirations individuelles et collectives dans un contexte de modernisation forcée.
Kamel Bencheikh utilise une prose riche et évocatrice pour immerger le lecteur dans les paysages ruraux de l’Algérie. Son écriture subtile permet de saisir les nuances des relations humaines et des luttes intérieures des personnages, souvent en lien avec leur terre et leur héritage culturel.
Le roman aborde des thèmes universels tels que la résilience, la quête de liberté et l’attachement à la terre, tout en examinant des enjeux spécifiques à l’Algérie post-indépendance, comme la décolonisation économique et les tensions entre tradition et modernité. Bien que situé dans les années 1970,
«Un si grand brasier» résonne avec les préoccupations contemporaines, notamment la durabilité agricole, les droits fonciers et les défis socio-économiques dans les régions rurales. En conclusion, Un si grand brasier se distingue par sa capacité à capturer l’essence complexe du monde agricole algérien à un moment clé de son histoire.
À travers une prose captivante et une exploration profonde des personnages et de leur environnement, Kamel Bencheikh offre une contribution significative à la littérature sur l’histoire et la société algériennes, tout en invitant à une réflexion plus large sur les dynamiques de pouvoir et les aspirations humaines universelles.
Situé dans l’Algérie des années Boumediene et de la révolution agraire, le roman explore les bouleversements sociaux et politiques de l’époque, mais aussi les transformations économiques qui touchent le monde rural.
Kamel Bencheikh décrit de manière évocatrice les paysages agricoles algériens, leurs beautés et leurs défis, offrant ainsi une toile de fond importante pour l’histoire. Ses personnages sont des agriculteurs ou des habitants ruraux dont les vies sont profondément affectées par les décisions prises dans le cadre de la révolution agraire.
Leur relation à la terre peut symboliser la stabilité, mais aussi la vulnérabilité face aux conflits et aux changements.
Le roman explore des thèmes tels que la lutte pour la survie, l’impact des troubles politiques sur l’agriculture, la désillusion face aux promesses non tenues du progrès agricole, ou encore la résistance culturelle à travers les pratiques agricoles traditionnelles.
Au-delà de ce roman, l’écrivain Kamel Bencheikh est reconnu pour son engagement laïque, un aspect essentiel de son parcours personnel. En tant qu’intellectuel et écrivain, il a souvent pris position en faveur de la laïcité, soulignant l’importance de la séparation entre la religion et l’État, particulièrement dans le contexte des pays musulmans comme l’Algérie.
Son engagement laïque se manifeste à travers ses écrits et ses interventions publiques, où il plaide pour une société où les droits individuels et les libertés fondamentales sont respectés, indépendamment des croyances religieuses. Il critique les dérives fondamentalistes et milite pour un espace public où les différentes croyances peuvent coexister sans domination religieuse.
Cet engagement laïque est également un reflet de son propre parcours, marqué par une éducation dans un environnement où les tensions entre tradition et modernité étaient palpables.
En défendant la laïcité, Kamel Bencheikh cherche à promouvoir un modèle de société, capable de garantir l’égalité des droits pour tous les citoyens.
Hafida Zitouni