Mardi 31 octobre 2017
« Une transition pacifique avant qu’il ne soit trop tard ! »
Le peuple algérien célèbre le 63ème anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale dans un climat particulièrement délétère. Si le Premier novembre était fêté dans la liesse populaire aux premiers temps de l’indépendance, il a aujourd’hui perdu de sa superbe et la victoire tant rêvée a l’amertume des fausses promesses et des serments profanés.
Le pays est dans l’impasse totale ! La crise couve depuis plusieurs décennies et s’est enracinée dans le paysage politique. La moindre velléité de changement populaire est écrasée par le rouleau compresseur d’un système qui a confisqué la parole du peuple et trahi ses espérances en achetant le silence d’une classe politique corrompue à coup de prébendes et de combines institutionnelles.
Au sommet, la vacance du pouvoir s’étire sans fin et son dénouement tarde à venir. Mais elle semble de moins en moins faire le consensus dans le sérail et dans l’opacité totale du moment, les Algériennes et les Algériens s’interrogent avec angoisse sur leur avenir immédiat et les incertitudes du lendemain.
L’effondrement du prix du baril de pétrole a aggravé le marasme du pays et asphyxié son économie. Les prix du marché ont flambé dans des proportions telles que même les produits de première nécessité sont inaccessibles aux plus larges couches de la population. Les rumeurs les plus invraisemblables circulent au quotidien et exacerbent le sentiment de détresse au sein de l’opinion. Le peuple paye cash la vacuité d’un système programmé à ruiner ses intérêts les plus vitaux.
Comment est-il possible que le pays qui a été un bailleur de fonds du FMI, accordé un prêt à la firme américaine « Kellog-Prowu-Roots et engrangé des rentrées financières colossales pendant près d’une décennie d’embellie exceptionnelle, puisse être aujourd’hui au bord de la faillite ? Pourquoi envisagerait-il de ne pas verser les salaires à ses fonctionnaires alors qu’il a déjà décidé l’amnistie fiscale à tous les hommes d’affaires et les trabendistes ?
Le pouvoir use de tous les stratagèmes pour dissimuler un naufrage imminent mais au lieu de tirer des leçons sérieuses de la crise, le pouvoir prône des mesures démagogiques et préfère s’engouffrer une nouvelle fois dans la voie de la fuite en avant en agitant des solutions fumeuses et illusoires. Ni l’exploitation du gaz de schiste dont les retombées sur les rentrées financières de toute façon ne peuvent pas être envisagées dans le court terme, ni la planche à billets ne sont des solutions susceptibles d’ouvrir des perspectives réelles de redressement au pays.
La crise du pays n’est pas conjoncturelle mais profondément structurelle. En effet, l’abattement de moitié du prix du baril n’a qu’un effet de loupe sur la crise. Il en est certes le révélateur et l’amplificateur mais en aucun cas son instigateur principal. Dans d’autres conditions socio-économiques, l’Algérie aurait pu juguler les effets dévastateurs de l’écroulement des cours du pétrole sur l’économie et rebondir avec succès pour faire face au contre coup de la baisse des revenus pétroliers mais un système articulé de façon aussi suicidaire à la rente pétrolière et dont le point aveugle est l’Etat de droit ne peut pas libérer les énergies nécessaires pour concrétiser les solutions de la riposte.
Un fait récent a bouleversé la société. A lui seul, il résume l’ampleur de la banqueroute. En effet, des étudiants algériens inquiets de leur devenir, se sont rués par centaines sur le centre culturel français (CCF) pour passer un test de niveau en langue française. Bien sûr, ce qui se joue en fait, pour ces jeunes livrés à l’abandon, c’est une place dans une université viable et un avenir professionnel probable. Mais pourquoi un tel spectacle, aux portes d’une institution étrangère après plus de cinquante ans d’indépendance, et à la veille d’un 1er novembre ? Faudrait-il jeter la pierre à ces jeunes désespérés ou bien à ceux qui ont brisé leurs rêves et obstrué leur avenir en provoquant la ruine de l’université ? Le pouvoir n’a pas pris la mesure du cataclysme qui guette l’Algérie. Celui-ci ne souffre, d’ailleurs d’aucune gêne pour gérer les affaires du pays de façon aussi exclusive et dédaigneuse. Il se complait dans le miroir de la suffisance et de l’arrogance en ne prenant même pas la peine de faire semblant de consulter formellement ses appareils préfabriqués (APN, SENAT, APC, APW…).
Au lieu de prendre le temps de la concertation, il recycle ses vieilles recettes, s’arcboute sur les solutions politiciennes qui ont pourtant toujours avorté et s’illustre par les rodomontades du « kararna » qui cachent d’ailleurs mal son désarroi.
C’est pourquoi, le pouvoir s’agite avec fébrilité dans la préparation des « élections » du 23 novembre prochain. Il croit ainsi pouvoir reprendre la main dans le champ politique et se redonner la marge de manœuvre nécessaire pour continuer à gouverner. Il ne reculera pas y compris devant la révision de la loi sur les hydrocarbures et pourquoi pas la privatisation du poumon industriel du pays : SONATRACH ! La confusion politique est telle que l’on parle du retour de Chakib Khellil, sinistre personnage, corrompu et poursuivi hier par la justice algérienne, et aujourd’hui pressenti comme futur directeur de cabinet de la présidence, en attendant de le préparer à la succession de Bouteflika. Ce qui serait un autre camouflet administré au peuple algérien au lendemain de ce premier Novembre.
Que dire alors de l’absence d’une véritable diplomatie tant au Maghreb (Maroc, Libye…) pour conforter sa stabilité et son unité qu’au niveau de la Ligue Arabe (Syrie, Yémen,…) où la voix de l’Algérie est inaudible.
Force est de constater que le pouvoir n’est pas le seul à être dans les grandes manœuvres. Non seulement des partis démocrates ont déjà annoncé la couleur de leur participation à cette nouvelle mascarade du 23 novembre, mais trois vieux chevaux de retour de « l’opposition » sont sortis du bois pour dire non à un cinquième mandat présidentiel. Leur prise de position publique, bien que s’inscrivant dans la politique de la courte vue, aurait pu avoir un minimum de crédibilité si leur proximité, voire leur adhésion à l’idéologie de l’islamisme politique n’était pas avérée. C’est pourquoi leur saillie résonne de fait comme une nouvelle humiliation à infliger au peuple et une véritable capitulation devant l’islamisme politique. En effet, des dizaines de milliers de morts plus tard, ces consciences autoproclamées veulent nous resservir un San’t Egidio qui ne dit pas son nom mais dont le corollaire immédiat aurait été la généralisation de l’amnistie à tous les égorgeurs, à leurs chefs politiques et la relégalisation de l’ex-FIS ! En un mot, la porte ouverte au chaos !
Non la situation politique de 2017 n’est pas la réplique de celle de 1986. En sus des caisses vides, la situation internationale a empiré. Des Etats-nations tels la Somalie, le Soudan, la Libye, l’Irak ou la Syrie par exemple sont en ruine, voire ont disparu. La situation sécuritaire par ailleurs s’est considérablement dégradée aux frontières et l’Algérie est plus que jamais sous la menace d’AQMI et de l’Etat Islamique.
La situation politique en Algérie est aussi travaillée par des forces centrifuges dangereuses, notamment le MAK dont le seul but est de saborder l’unité du pays.
L’Algérie vit des moments périlleux de son existence. Il est grand temps de favoriser l’émergence d’une large alliance patriotique et républicaine pour sauver le pays du syndrome de l’éclatement. Il est urgent de sortir des alliances contre nature et de s’inscrire dans une dynamique nouvelle du rassemblement de toutes les forces nationales pour renforcer le rempart contre lequel échoueront toutes les tentatives de dislocation de l’Algérie. Seule une transition républicaine, dont le caractère pacifique sera garanti par l’ANP, est à même de donner toutes ses chances aux patriotes de ce pays pour se constituer en force nouvelle et conduire l’Algérie vers la sortie de crise.
Alger le 30 octobre 2017,
Le Bureau National du PLD.