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samedi 16 août 2025
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Usage du plastique : un échec temporaire du multilatéralisme ?

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Quelques pays seulement ont réussi à faire échouer une entente mondiale voulue par la majorité des 184 à Genève du 4 au 14 août pour créer un traité international contraignant contre la pollution plastique, qui semble de plus en plus être un danger pour la planète et la santé de la population. 

L’environnement mondial est actuellement en crise. En 1950, la production de plastique était de 2 millions de tonnes. Elle a régulièrement augmenté et en 20 ans, soit de 2000 à 2020, sa production est passée de 230 millions de tonnes par ans à 460 millions.

Si rien n’est fait, elle devrait tripler d’ici 2060 et atteindre 1,2 milliard de tonnes annuellement. Un tiers du pétrole extrait aujourd’hui de la terre est transformé en plastique.

Comme mondialement, il y aurait seulement 9 % des déchets de cette production qui seraient recyclés, il y aurait actuellement 8 milliards de tonnes de plastiques qui pollueraient la planète.  

Un échec

Après dix jours de pourparlers, les 184 pays réunis à Genève pour créer un traité international contraignant contre la pollution plastique (CNI5-2) ne sont pas parvenus à l’adopter. Les négociations portaient sur toute la durée de vie du plastique depuis la substance dérivée du pétrole jusqu’à son état de déchets. Les pays avaient échoué une première fois à avoir un accord lors de la dernière séquence de négociation à Busan en Corée du Sud en 2024.

L’Arabie saoudite, le Qatar, les États-Unis, la Russie et la Chine se sont opposés de plusieurs manières à l’arrivée d’un accord contraignant. Selon le ministre fédéral belge du Climat et de la Transition environnementale, Jean-Luc Crucke, c’est un échec du multilatéralisme parce que malgré 120 pays qui se sont réunis derrière l’Europe, les pays producteurs de pétrole ont refusé un accord.

« Une poignée de pays, guidés par des intérêts financiers de court terme et non par la santé de leurs populations et la durabilité de leur économie, ont bloqué l’adoption d’un traité ambitieux contre la pollution plastique », a affirmé la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier Runacher.

Selon le chef de la délégation de Greenpeace, Graham Forbes, ces négociations ont été inondées de lobbyistes de l’industrie des carburants fossiles. « L’industrie pétrochimique est déterminée à nous sacrifier au profit de ses intérêts à court terme», affirme Greenpeace.

Des conséquences sur la santé ?

Le plastique ne disparaît pas, mais s’effrite et devient de plus en plus petit. Il devient microplastique quand il a une taille inférieure à 5 millimètres, puis nanoplastique quand il est inférieur à un micromètre. Il est alors facile à inhaler et ingérer. Selon la chercheuse spécialisée sur les microplastiques de l’université de Lille, Mathilde Body-Malapel, « on sait qu’une fois qu’ils sont dans l’organisme, selon leur taille, ils vont se diffuser de manière plus ou moins importante ».

Plus ils sont petits, moins les barrières de l’organisme vont pouvoir les retenir. Les plus petits réussissent à pénétrer dans le sang. Ils peuvent alors se diffuser dans l’ensemble des organes.

Les scientifiques cherchent encore à déterminer les effets de ces plastiques sur les humains. Plusieurs tests ont déjà été menés sur des souris. Ils ont constaté des maladies neurologiques comme le Parkinson ou l’Alzheimer, des problèmes cardiovasculaires avec des AVC, des problèmes pulmonaires, intestinaux ou de fertilité.          

Mathilde Body-Malapel affirme de plus qu’il y a 16000 additifs différents qui sont ajoutés aux polymères de plastique pour réaliser les produits que nous consommons dans notre vie quotidienne. Il y aurait 4000 de ceux-ci qui seraient jugés préoccupants pour la santé ou l’environnement.

Nathalie Gontard directrice de recherche en science de l’alimentation et de l’emballage à l’INRAE a écrit un livre sur le plastique et considère qu’il est une drogue dans nos sociétés.

« On a une mauvaise compréhension de la pollution plastique parce que l’on croit que c’est uniquement une question de déchets or ce n’est pas le cas ».

Le plastique émet des micros et des nanoplastiques dès le début de sa production.

Un traité mondial nécessaire

La Directrice du Programme des Nations unies pour l’environnement, Inger Andersen, affirme qu’ « il faut garder à l’esprit que le monde veut et a besoin d’un traité conventionnel sur le plastique, car la crise devient incontrôlable et les citoyens sont franchement indignés. »

Le ministre danois de l’environnement, Magnus Heunicke, a précisé que bien que les négociations soient suspendues, l’Union européenne n’abandonnera pas. « Ces négociations suspendues veulent dire que nous allons travailler plus efficacement avec les pays qui sont prêts à aller de l’avant. » 

L’Union européenne a pour sa part mis de l’avant la nécessité de réfléchir à la manière dont les pays peuvent mieux travailler ensemble à l’avenir. « Quelque chose doit changer. Les méthodes de travail et les règles actuelles ont atteint leurs limites » a affirmé la négociatrice principale du Panamá, Debbra Cisneros, lors de la dernière plénière.

Ce n’est donc que partie remise. « Le secrétariat va travailler pour trouver une date et un endroit, où CNI5-3 aura lieu », a déclaré le président du comité des négociations (CNI5-2), l’Équatorien Luis Vayas Valdivieso. L’utilisation du vote à la majorité des participants a été proposée pour la prochaine rencontre. Cet échec du multilatéralisme pourra-t-il être surmonté suffisamment rapidement pour éviter que cette problématique ne s’aggrave? 

Michel Gourd

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