En Algérie, selon la Constitution, l’élection présidentielle devrait avoir lieu avant le 19 décembre prochain, date de la fin du mandat d’Abdelmadjid Tebboune. Mais les déclarations et indices font craindre aux Algériens un scénario de report des élections en 2025. Une situation qui laisse la population perplexe alors que jusqu’à présent, rares sont les formations politiques qui abordaient ouvertement cette question.
Crise politique
À moins de dix mois de la présidentielle algérienne, la scène politique est plongée dans le coma. En haut lieu motus, rien ne se précise sur la présidentielle. Dans la presse, motus, les médias, échaudés par la censure et l’arbitraire qui sévit, préfèrent relayer la communication officielle sans le moindre commentaire. Donc pas de date précise pour le scrutin et le pouvoir entretient le flou sur ces élections. Il n’y a ni débat, ni déclarations : « C’est comme si le sujet relevait du tabou », dénonçait il y a quelques semaines Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP).
Récemment, ce sont les déclarations du crypto-islamiste Abdelkader Bengrina, président du mouvement pour la reconstruction (MPR), allié du pouvoir, qui ont jeté un pavé dans la mare, créant ainsi la polémique. Comme pour tâter le terrain, il a laissé entendre que « l’hypothèse » d’un report des élections était sur la table. Il a même supputé une perte de l’élection par Tebboune.
Est-ce un simple écran de fumée quand on sait que le pouvoir a plus d’une manipulation dans ses tiroirs ? Toutefois, le blogueur Abdou Semmar – on peut penser ce qu’on veut de lui – a été l’un des premiers à soulever la question du report de la présidentielle dans une vidéo postée hier. Il s’appuie sur les déclarations de Bengrina et des « sources » qui lui auraient parlé de réunions en haut lieu.
Autre ballon d’essai, pour préparer l’opinion publique à un éventuel report, annoncé par Louisa Hannoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Elle affirme qu’au vu de la situation régionale instable, « les conditions ne semblent pas réunies pour organiser le scrutin ». L’Algérie serait-elle en guerre sans qu’on le sache ? En pompier du régime, Louisa Hanoune est dans son rôle.
A 78 ans, le président Abdelmadjid Tebboune semblait aller tout droit vers un second mandat mais il est désormais indécis. Selon des indiscrétions, son entourage serait divisé sur une nouvelle candidature à sa réélection.
Plusieurs formations politiques montent au créneau et réclament une transparence politique sur le scrutin. Quand on voit le glacis dans lequel est plongé le pays, tout porte à croire que la volonté sera celle du clan qui est aux affaires. Dans la configuration actuelle, les partis et leurs potentiels candidats ne seront que de simples lièvres pour l’élu du pouvoir en place.
Sofiane Ayache/RFI