Vendredi 27 octobre 2017
Verra-t-on sa reconstruction ou son démantèlement définitif ?
L’actualité diplomatique a été riche en rebondissements ces derniers jours. Devant cette situation délicate, la turbulence s’amplifie et les deux principales puissances démographiques de l’UMA répliquent dans la confusion. L’UMA sera-t-elle capable de maintenir ses principes fondateurs ? Les statuts qui régissent l’UMA depuis 27 ans ne sont pas adaptés aux mutations internationales en cours. La réforme des structures et la révision du texte fondateur de l’UMA doivent être débattues, afin de relever les enjeux régionaux et internationaux qui se posent, notamment le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Comment redonner du sens au projet maghrébin ?
Comment restituer à l’Afrique du Nord son histoire, sa géographie et une aspiration ? Car il y a un paradoxe : jamais dans leur histoire, les peuples de cette sous-région n’auront observé une telle contiguïté et jamais dans son histoire, l’UMA n’aura été aussi près d’une décomposition. La cause de ce paradoxe réside dans l’obstination d’enlever la légitimité aux organisations politiques sur les territoires de l’UMA, à l’instar de l’Etat-Nation, en ne suggérant comme ersatz qu’une architecture maghrébine superficielle, où les régimes politiques tentent de mettre en retrait les peuples, alors même que d’une certaine manière, les peuples d’Afrique du Nord sont en avance sur leurs dirigeants. Selon les analystes politiques, l’interrogation sur la position singulière du Maghreb s’impose d’elle-même : les affaires maghrébines sont-elles encore des affaires étrangères ou sont-elles, dans une large mesure, des affaires intérieures, tant les rapports entre les peuples des Etats membres sont devenus importants ?
La position de l’Algérie, avec ses frontières terrestres, est si importante qu’elle détermine le développement et la sécurité de tout son voisinage. En effet, c’est le seul pays de l’UMA qui a des frontières avec tous ses Etats membres. C’est en ce sens que l’Union européenne (UE) plaide pour un programme de partenariat avec l’UMA : la dernière résolution de l’année 2016 du Parlement européen intitulée ‘’ Mise en œuvre de la politique étrangère et de sécurité commune (article 36 traité UE)’’ adoptée, le 14 décembre 2016,mentionne notamment que « la résilience de notre voisinage serait plus forte si celui-ci s’organisait dans le cadre d’une coopération régionale permettant d’apporter des réponses communes aux défis, entre autres, de la migration, du terrorisme et du développement ». En outre, l’UE ‘’invite dès lors l’Union à travailler avec ses voisins du Maghreb pour la relance et le développement de l’Union du Maghreb ».
Les pays de l’UMA vont-ils une fois encore rater le rendez-vous avec le Sommet Union européenne -Afrique, prévu fin novembre 2017 à Abidjan (Côte d’Ivoire) ? La République arabe Sahraouie Démocratique sera-t-elle finalement invitée ? De plus, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décidé de tenir sa 52ème session ordinaire à Lomé, au Togo, en décembre 2017 ; session à laquelle elle a invité le roi du Maroc, leurs homologues tunisien et mauritanien.
Selon la CEDEAO, la Mauritanie, ancien Etat membre va présenter une requête de réadmission, alors qu’elle a accordé le statut d’observateur à la Tunisie. Devant ces perspectives diplomatiques qui se dessinent, l’Algérie a-t-elle encore un avenir au sein de l’UMA ?