24 novembre 2024
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XXVIIIe marche des Algériens : du peuple et du pouvoir, qui a raison ?

DISSIDENCE CITOYENNE

XXVIIIe marche des Algériens : du peuple et du pouvoir, qui a raison ?

Les sept barrages dressés entre Ain Taya et Alger, pour ne citer que ceux-là, le blocage des routes secondaires, n’empêchent pas les marcheurs de rejoindre leur poste dès leur retour de vacances. Leur nombre croit chaque vendredi de ce mois d’aout. Ils sont plus que le vendredi d’avant et moins que le prochain. Ils semblent heureux de se replonger dans l’ambiance de leur périple hebdomadaire.

L’arrivée d’un nouveau directeur à la tête de la DGSN a pour conséquence un allègement de la pression policière le long du parcours. Le nombre de camions parqués aux abords des trottoirs diminue et les membres des forces de l’ordre se font plus discrets.

Les discours successifs du chef d’état-major cette semaine, totalement en déphasage avec la réalité des évènements et la gravité du moment, ainsi que l’autisme des décideurs et des différents acteurs,  ont poussé nos infatigables globe-trotters à venir exprimer, sans se lasser, une énième fois leurs volontés.

Ils réclament la libération de Bouragâa en criant libérez Bouragâa ouddou el Gaid i.e libérez Bouragâa et prenez Gaid Salah. Ils scandent également atouna Samira oudou Naima i.e donnez-nous Samira  Messouci ( militante RCD) et prenez Naima Salhi.

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Ils promettent de causer au vieux général des soucis en scandant ya el Gaid ya el khain m3ana techba3 lemhain olé ola i.e Gaid le vendu, avec nous tu vas subir une foule de déboires. Ils chantent sans interruption leurs slogans anti-généraux. Ils réclament un état civil et pas militaire en priant le chef de l’armée de bien écouter. 

En interpellant les forces de police ils disent : « Ntouma 3assou 3lihoum hna ennahiouhoum » i.e vous les protégez et nous on les enlèvera. Ils continuent en criant : « Ya el commissaire moustache ya lahasse el rangers » i.e commissaire moustache tu es le laudateur des porteurs de rangers. Les magistrats y passent également, les manifestants leur reprochent leur allégeance téléphonique au pouvoir en scandant : « Ya koudat la 3g plaçetkoum fi Serkadji » i.e juges de la 3g votre place est à la prison de Serkadji (prison au centre d’Alger).

Ils insistent sans se lasser sur le dégagisme. L’on entend : « Alo alalaou tatnahaou ga3 »  i.e on vous enlèvera tous, ou encore : « Ya l FLN ya lkhawana tetnahaw ga3 vendus du FLN on vous enlèvera tous. Ils crient irahlou irahlou : « partez, partez. »

Ils refusent le dialogue de la manière dont il est mené et l’expriment : « Gaid Salah mayahkamnach Karim Younes maymatalnach i.e Gaïd Salah ne nous commande pas et Karim Younes ne nous représente pas ; Gaid Salah Bensalah manhaourouch i.e nous ne dialoguerons pas avec Gaid Salah et Bensalah. Sur une affichette on distingue : A Karim Younes dialogue ton départ, retourne d’où tu viens, laisse le peuple décider de son sort.

Des jeunes sont fiers de chanter leur nouvelle trouvaille concernant les élections : « Makach el vote ouallah mandirou Bedoui Bensalah lazalam itirou loukan bersas 3lina itirou oulah mana habssine i.e il n’y aura pas de vote, nous ne le ferons pas,  Bedoui Bensalah il faut que vous vous tiriez, même si vous nous tirez dessus à balles réelles nous ne nous arrêterons pas.

Ils répètent et menacent : « Rahou rahou djai el 3isian el madani i.e elle arrive elle arrive la désobéissance civile.

Sur une pancarte on peut lire : « un seul Gaïd, le peuple »

Les tribunes de fortune se multiplient le long du trottoir de l’université  et les orateurs se font nombreux. Certains d’entre eux visitent l’histoire et l’analysent. D’autres se penchent sur la constitution et la décortiquent. Une jeune fille parle de la contre révolution et compare la situation de l’Algérie à celle de la Corée du sud de 1979.

mafia

Sur une affiche portée par une ravissante jeune fille on peut lire, en langue anglaise : « Dear russia mind your own buisness ; his excellence algerian people,  non interférence in internal affairs » i.e chère Russie occupe-toi de tes propres affaires, son excellence le peuple algérien, pas d’interférences dans les affaires internes. Un jeune homme brandit fièrement une pancarte sur laquelle il inscrit : Ghaza sous blocus, Alger sous blocus. 

Karim Tabou entouré d’une pléthore de fans avance difficilement, il chante avec les manifestants et semble être comme un poisson dans l’eau. Boumala le journaliste est assidu comme chaque vendredi : il discoure, explique, dialogue avec beaucoup d’entrain et de plaisir. Kamel Guemazi, l’ex-dirigeant du FIS, s’offre même le temps d’un discours sur un perchoir de fortune.

L’infatigable, célèbre et ravissante activiste, à la chevelure aux mille reflets et aux lunettes protectrices, qui a fait le tour des télévisions, est toujours là. Elle encourage, prône l’unité et la persévérance.  

Les marcheurs reviennent de plus en plus forts et nombreux. La situation reste toujours figée. Les initiatives entreprises par le pouvoir ne parviennent pas à convaincre les marcheurs. Et pour cause, tous les algériens partis politiques, société civile marcheurs sont d’accord sur au moins un point : rien ne peut se faire sans mesure d’apaisement, dans un climat très loin d’être serein. Le pouvoir ne réagit pas, ne veut pas tendre l’oreille, ou peut-être ne le peut-il pas. 

Selon le mahatma Gandhi : «Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n’est pas impossible que tout le monde ait tort ».

Chaque partie campe sur ses positions, prône ses propres solutions. Les issues pacifiques et raisonnables  semblent s’éloigner subrepticement de la portée des uns et des autres, alors qui a raison ?

 

Auteur
Djalal Larabi

 




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